Comme vous avez pu le remarquer, en ce moment, la rédaction s'intéresse beaucoup plus à l'homme qu'à la dame… Il faut dire que les designers, sclérosés par la peur d'une croissance amoindrie en ces temps de crise, ne font pas preuve d'une originalité vraiment excitante quand il s'agit de la gent féminine. On s'est donc mis à étudier les maris et on a remarqué un truc intrigant... On ne sait pas si on est restés trop longtemps de l'autre côté de l’Atlantique ou si on a simplement sous-estimé l'ampleur du phénomène, mais il y a une nouvelle race de garçons qui envahit nos rues… Déjà bien présents à Bruxelles, ils s'avèrent être une armée à Paris. Ils se baladent en veste the North Face, chaussures concept de running New Balance aux pieds, l'air un peu "geekeux" avec leurs lunettes en écailles rondes, leurs barbes (ou moustache au choix) et leurs coupes de cheveux travaillées sans en avoir l'air. Ils ont la petite trentaine, on devine qu'ils sont super bien foutus sous leurs doudounes à la technologie anti-froid, anti-vent, antitout mais ultra design. Ils sont coquins avec leurs sourires d'hommes ouverts sur le monde et sont hyper connectés entre Bali et Kiev, Internet étant leur nouvelle petite amie à long terme. Eux, ce sont les mecs cool… Les modeux, "j'y touche pas". À l'opposé des conasses imberbes et maigrissimes qui hantent les entrées des shows prêt-à-porter, hurlant hystériquement des "Emmanuelle !", "Anna !" ou "Daria !" à l'approche d'une fille plus ou moins lookée avec un carton d'invitation à la main, espérant vainement attirer l'attention, voire une entrée dans un sacro-saint défilé avec une silhouette faite de tout et n'importe quoi, le mec cool se veut mode mais subtilement discret.D'ailleurs, pour les mecs cool, les pasionarias du total look "plus j'en fais mieux je me porte" sont l'incarnation de la vulgarité. Le mec cool aime donc la mode, il en est même obsédé, mais SURTOUT, il ne tient pas à ce que ça se sache. Il vadrouille en ville d'un pas lent et nonchalant, comme s’il n'y connaissait rien, comme s’il n'avait aucune culture liée à la fringue. Mais le mec cool sait beaucoup plus que toutes les petites putes accrocs à la surenchère réunies. Le mec cool a passé 48 heures non-stop sur E-bay pour acheter une paire de Reebook qui étaient déjà en édition limitée en 1979, et il n’a pas lâché l'affaire parce qu'il sait qu'il n'y en a que 127 paires et demie dans le monde (la dernière ayant été bouffée par un crocodile à Miami), et il est hors de question que quelqu'un d'autre se la procure. Le mec cool, quand tu lui parles de mode, il hausse les épaules parce que non, Cristobal Balenciaga, ça ne lui dit rien et qu'il trouve Lagerfeld trop produit, mais il est le brocanteur ultime du sportswear de luxe. Le mec cool se cache derrière sa grosse doudoune mais il sait que ses compatriotes vont le reconnaître : il aime allier des pièces qui n'ont rien à voir, détourner des objets pour se les approprier. Le mec cool aime être chic et élégant, mais à l'aise. Il mixera donc ses chemises barbour avec des chinos taillés ou des jeans de qualité droits mais pas trop, surmontés de gros gilets en maille à cols châles, des doudounes matelassées Penfield, et des éditions limitées ou ultra colorées de sneakers à la pointe du vintage ou, a contrario, de l'avant-garde technologique. Son péché mignon est justement la sneakers, qu'il exècre chez le géant du luxe car sa devise est : "Il faut rendre à César ce qui est à César". D'ailleurs, on l'aime et on le respecte pour cette honnêteté et son obsession du perfectionnisme dans son domaine de prédilection. Le mec cool se prend dix fois plus la tête le matin devant son miroir que les Lady Gaga masculines. Il se veut « chicissime » sans utiliser les codes de l'élégance, il veut être beau et classe avec un sportswear étudié-millimétré qui se doit d'être parfait tant il est au bord d'une frontière à risque, entre faute de goût et allure trop négligée. C'est exactement pour ça que dans son soin méthodique d'une mode élégante, épurée et complètement sport-chic, le cool est complètement sexy. Une ode au sexe même. On fantasme de dévergonder celui qui paraît légèrement timide. Il est le gentleman 2.0, celui qui fera rêver avec une culture mode hors milieu, celui qui se verra enviable par sa maîtrise du raffinement hors des sentiers battus, celui que toute femme ou homme aura envie de déshabiller dans son lit… Mais ça, on l'a bien compris puisque le mec cool est souvent accompagné d'un accessoire loin d'être glamour : la poussette. Genre lui, c'est sûr qu'il a une poussette caché par un recadrage subtil de la photo --> si il ne s'est pas fait chopé par une amazone urbaine, nous, on est libre. Bien à vous.