Les enfants dont les jeux avant l'âge de 11 ans sont différents des activités habituelles des enfants de leur sexe et qui présentent une « non-conformité » de l'identité de genre ont un risque accru d'abus physique, psychologique et sexuel, puis de souffrir ensuite de trouble du stress post-traumatique à l'âge adulte, selon cette étude de la Harvard School of Public Health, publiée dans l'édition en ligne du 20 février de la revue Pediatrics.
Il s'agit de la première étude à étudier la non-conformité de genre comme un facteur de risque d'abus. "L'abus, chez les enfants que nous avons examinés, était essentiellement perpétré par les parents ou d'autres adultes résidant dans la maison. Les parents doivent être conscients du fait que la non-conformité de genre affecte un enfant sur 10, souvent à un âge très jeune, et, en cas de discrimination, a des effets durables sur la santé», rappelle l'auteur principal, Andrew Roberts, de la Harvard School.
Nous avions publié, en décembre dernier, une étude, publiée dans la revue Family Process, qui expliquait comment les parents vivent la diversité de genre, puis l'homosexualité ou la transsexualité de leur enfant. Les auteurs rappelaient bien que la non-conformité de genre chez les enfants n'est pas une psychopathologie et expliquaient comment un programme de l'Institute for the Family (New York) soutenait les familles aux prises avec cette diversité de l'identité et d'expression de genre.
Les chercheurs ont mené cette recherche sur près de 9.000 jeunes adultes (âge moyen 23 ans) participants, depuis 1996 à la cohorte Growing Up Today. Les répondants avaient été invités en 2007 à se rappeler leurs expériences de l'enfance, dont leurs jouets et jeux préférés et leurs éventuels sentiments de féminité et de virilité, leurs expériences de violence physique, sexuelle ou émotionnelle. Leur risque de stress post-traumatique a ensuite été estimé.
Un cercle infernal : Les hommes classés dans le centile supérieur « non-conformité » sont associés à une forte prévalence de violence sexuelle et physique avant l'âge de 11 ans et de violence psychologique entre 11 et 17 ans. Les femmes classées dans le centile supérieur « non-conformité » font état d'une prévalence plus élevée pour toutes les formes de violence. Les taux de stress post-traumatique sont, ensuite, 2 fois plus élevé chez les jeunes adultes ayant présenté une non-conformité de genre durant l'enfance. Le stress post-traumatique s'avère ensuite associé au risque accru de comportements à risques, tels que des rapports sexuels non protégés, mais aussi de maladies comme des troubles cardio-vasculaires ou la douleur chronique.
« Non-conforme » enfant ? Adulte hétéro dans 85% des cas : Les chercheurs constatent aussi que la plupart des enfants jugés non-conformes durant l'enfance, sont ensuite à l'âge adulte, à 85% hétérosexuels. « Nos résultats suggèrent que la plupart des comportements intolérants à l'égard de la non-conformité de genre chez les enfants est en fait ciblée vers des hétérosexuels !», conclut l'auteur.
Source: Pediatrics, doi: 10.1542/peds.2011-1804, online February 20, 2012 Childhood Gender Nonconformity: A Risk Indicator for Childhood Abuse and Posttraumatic Stress in Youth
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