A lui seul, le titre est un parfait résumé du livre. Franz-Olivier Giesbert y parle de lui, à travers ses croyances philosophiques et sa foi religieuse. Il y est donc tout naturellement question de Dieu et de sa mère qui, philosophe et catholique, lui a transmis cette foi du charbonnier d’une grande tolérance qui le caractérise. Réduit ainsi à ces trois thèmes principaux, ce texte m’aurait difficilement plu s'il s'était révélé trop anecdotique ou trop impudique, du genre de ces innombrables récits de vie de personnalités plus ou moins célèbres qui sortent régulièrement toutes les semaines. On en est loin ici.
Ce qui m’a séduite, c’est le ton adopté, très personnel, souriant, léger, désinvolte, très agréable. Je me suis sentie emportée dans une conversation amicale où l’autre raconte plein de choses passionnantes. J’ai passé un bon moment en sa compagnie. Le journaliste m’agace parfois sur les plateaux quand il coupe trop souvent la parole aux autres mais ici je le trouve très attachant et sincère au milieu de tous ses paradoxes.Tout d’abord, il affirme haut et fort sa foi religieuseJe suis chrétien par toutes mes fibres et heureux de l'être.Il le doit à sa mère, catholique, professeur et philosophe tendance cartésienne mais avec laquelle il était loin d’être d’accord sur de nombreux points, en particulier sur sa façon de mêler à sa foi du spinozisme, du taoïsme, du soufisme pour en faire sa petite religion à lui. Une soupe indigeste, selon sa mère. Son livre c’est aussi pour lui l’occasion de continuer les discussions qu’ils ont eu sur les grands sujets. C’est cette histoire que j’ai voulu raconter, une petite histoire philosophique à trois personnages: Dieu, ma mère et moi.
Il s’appuie sur les principaux livres et les auteurs qui ont marqué sa vie et ils sont nombreux de saint François d'Assise à Simone Weil (1909-1943) dont le livre: La pesanteur et la grâce ne le quitte jamais, en passant par Saint Augustin, Thérèse de Lisieux, Pascal et Julien Green entre autres. C’est un livre très riche en citations et en belles rencontres avec les penseurs actuels ou très récents comme Jacques Derrida ( 1930-2004),dont la dernière conversation avant sa mort par cancer, à l’hôpital, avait porté sur un grand projet philosophique concernant les droits des animaux. FOG est un végétarien convaincu et de longue date. Il termine son livre par une question qui aurait pu être l’une des onze du dernier Tag en cours: quelles pourraient être vos dernières paroles ? A celles de D’Ormesson: C’était bien, il préfère la devise de sainte Thérèse de Lisieux: Je choisis tout. Une belle lecture! Je n'ai jamais eu à chercher Dieu: je vis avec lui. Avant même que je sois extrait par des spatules du ventre de ma mère où je serais bien resté, si on m'avait demandé mon avis, il était en moi comme je suis en lui. Il m'accompagne tout le temps. Même quand je dors.C'est ma mère qui m'a inoculé Dieu. Une caricature de sainte mystique qu'un rien exaltait, des pivoines en fleur aussi bien qu'une crotte de son dernier-né, au fond du pot. Je suis sûr qu'elle avait de l'eau bénite en guise de liquide amniotique. Elle exsudait la foi.Dieu, ma mère et moi, Franz-Olivier Giesbert (Gallimard, 2012, 188 p.)Photo du Point (ICI) : Franz-Olivier Giesbert, dans le jardin de ses grands-parents paternels, à Harbert (Michigan), en 1950. © DR