L’histoire commence le 15 août 1941, avec le départ de New York du couple Zweig pour rejoindre le Brésil. Pourquoi partir de l’Amérique après avoir fui l’Europe sous l’emprise du nazisme ? Le célèbre écrivain Stefan Zweig, autrichien d’origine juive, alors âgé d’une soixantaine d’années, tente de refaire sa vie avec Lotte, sa jeune épouse de trente sa cadette. Seulement, il est hanté par son passé et ses blessures sont à vif : peut-être est-il l’un des rares survivants de sa famille, de ses amis qu’il a laissés lors de son départ précipité de Vienne en 1934 ?
Lotte Zweig, de santé précaire, s’efforce chaque jour de redonner la joie de vivre à son époux, mais ce n’est pas si simple de demeurer auprès de cet illustre auteur qui ne vit que dans ses souvenirs. On peut se demander quel va être l’avenir pour ce jeune couple dans la luxuriance de Pétropolis ? Ce lieu paradisiaque va-t-il les aider à surmonter toutes leurs difficultés ?
Si l’adaptation d’un roman en bande dessinée s’avère toujours un exercice difficile, le résultat est ici réussi. L’écrivain Laurent Seksik a su mettre en scène de façon magistrale sonpropre roman Les Derniers Jours de Stefan Zweig avec la complicité de Guillaume Sorel. Le dessin et les couleurs à l'aquarelle de ce dernier se prêtent parfaitement à ce récit pathétique. On s’émouvra devant le contraste entre les couleurs chatoyantes de la vie brésilienne et la noirceur des personnages qui se cherchent sans vraiment se trouver, si ce n’est dans le désespoir
Cette bande dessinée donne envie de lire le roman de Laurent Seksik, et au-delà de découvrir l’œuvre de Stefan Zweig. N’est-ce pas là l’ambition des auteurs ?
Un bel album dégageant de vraies émotions.
© Bernard Launois _______________ Les Derniers Jours de Stefan Zweig – récit complet - de Laurent Seksik et Guillaume Sorel – Casterman – février 2012 – 16,00 €