En fait, il n'y a pas une distance idéale, il y a un jeu à avoir entre être proche/ être loin.
Pour l'anecdote, certaines méthodes de thérapie ressemblent aux méthodes d'écriture: certains font ça au feeling, d'autres aiment se servir d'une boite à outils, les deux n'étant évidemment pas incompatibles!
Pour revenir à notre sujet, il y a donc deux pôles loin-proche entre lesquels oscille le thérapeute.
Être proche, c'est être empathique: c'est se mettre à la place du patient pour comprendre ce qu'il ressent, ce qui l'amène ici, pour se mettre en phase avec lui et rendre possible le dialogue en gagnant sa confiance.
Mais l'inconvénient, c'est que si on n'est trop proche, on se retrouve dans sa situation émotionnelle. Le patient dit "Je n'en peux plus, je ne peux pas m'en sortir", et on se retrouve à penser "Ah ben oui c'est sûr, il n'y a pas de solution possible, je ne vois pas non plus le bout du tunnel".
Être loin, c'est pouvoir prendre de la distance pour analyser la situation, pour y jeter un regard neuf. C'est ce qui permet de sortir du cadre, de voir des portes de sortie là où il n'y avait que des voies sans issue. Mais c'est aussi jouer au "Monsieur Je-sais-tout" énervant d'arrogance qui arrive avec des solutions toutes faites qu'il veut plaquer sans plus de façons.
Vous l'avez compris, la bonne attitude correspond à un balancement entre ses deux extrêmes. Il existe ainsi des techniques toutes bêtes pour le thérapeute afin de reconnaitre tout d'abord puis de se sortir d'une situation trop proche.
Quand on a la tête vide, quand on ne sait plus par quel bout prendre le problème, quand la situation du patient nous semble vraiment désespérée, c'est qu'on est trop dans l'empathie.
Solution toute simple pour prendre du recul: et bien, reculer en posant le dos sur sa chaise, proposer au patient de se lever et de bouger un peu, changer de place ou de chaises (il y a en toujours plus que de personnes présentes dans un cabinet de thérapie familiale!)
Très bien, mais quel rapport avec l'écriture, me direz-vous?
Quand je suis bloquée dans mon histoire, que je n'arrive plus à écrire, quand je désespère que mon histoire n'avance pas, c'est souvent que je suis aussi désespérée que l'est mon héros ou mon héroïne.
Je suis dans le même pétrin terrible, dans le même chaos émotionnel, et je ne vois pas non plus le bout du tunnel...
Donc je rumine, je suis de mauvaise humeur, je peste sur rien et sur tout... et puis je me rappelle ces pôles loin-proche et je peux me séparer de mon personnage principal auquel j'ai toujours tendance à vouloir complètement m'identifier.
Je me rappelle alors que c'est moi l'auteur, et que je peux avoir une vue globale de la situation, que c'est finalement moi qui commande. ^^
Pensez-y la prochaine fois que vous avez l'impression que vous n'avancez pas dans votre histoire, ou que vous n'êtes pas content de ce que ça donne: peut-être êtes-vous simplement en train de vous identifier trop à votre héros et à vous perdre dans les mêmes affres que lui!
Levez-vous, faites un tour, prenez l'air... et retournez à vos plumes!