Les candidats à la présidentielle, emmenés par Bayrou, ont récemment redécouvert les vertus du Made In France. Et s’ils n’ont guère d’intérêt personnel dans la crise qui touche les Français et dont ils sont douillettement protégés, ils ont confusément assimilé le désir de beaucoup de leurs électeurs dans une nouvelle vague d’industrialisation française. Las ! Cette industrialisation se heurte de plein fouet avec l’autre souhait, parfaitement antithétique, d’un avenir plus vert, plus écolo, plus nature, et surtout furieusement moins industriel.
Et cela devient particulièrement cocasse lorsqu’on sait que la France pourrait très bien lancer, sur son sol, une nouvelle industrie à peu de frais, rentable et particulièrement efficace pour lui assurer, au moins en partie, une bonne indépendance énergétique, mais qu’on n’en fera absolument rien parce qu’il en a été décidé ainsi, unilatéralement.
Une très récente étude, de deux chercheurs de l’Université du Texas, vient de paraître, dont les conclusions sont pour le moins particulièrement tempérées : il n’y a aucune indication directe que la fracturation hydraulique pour l’exploitation du gaz de schistes contamine les nappes d’eau souterraines.
Pour ceux qui s’en sentent le courage, l’étude complète est disponible ici même. Et comme le sujet est évidemment très polémique, je vais éclaircir la phrase précédente : le Dr. Groat a donc réalisé une étude qui ne permet pas de prouver un lien entre la fracturation hydraulique et une pollution des nappes phréatiques. Il ne nie donc pas qu’il y ait des nappes contaminées, mais comme il le dit lui-même, « la plupart des problèmes cités dans le développement des gaz de schiste et qui ont un impact sur l’environnement se produisent en surface ou près de la surface du sol » et résultent surtout du processus classique de forage comme des malfaçons en cimentant des puits ou d’autres défaillances techniques.
Autrement dit : un travail de cochon va entraîner des cochonneries, certes, mais aucune preuve n’a été trouvée que la pollution existerait aussi dans le cas d’un travail bien fait. Et des forages bien fait, sans pollution, il y en a, ce qui tendrait à prouver qu’exploiter proprement les gaz de schistes est possible.
Heureusement, en France, on n’en a pas besoin.
D’une part, on a toute l’énergie qu’il nous faut : pas de Made In France pour le Gaz de Schiste !
D’autre part, nous n’avons pas le savoir faire nécessaire pour implanter les exploitations de gaz de schistes chez nous. Ainsi, Total ne dispose d’aucun ingénieur, géologue ou chercheur capable de lancer cette activité sur notre territoire. C’est trop dur, trop complexe. On ne sait pas faire, voyons ! En outre, Total est une toute petite entreprise qui n’a pas les moyens de se lancer dans ce genre d’aventures nauséabondes. Ce serait vraiment dommage de risquer que celle-ci se lance dans une telle histoire et se retrouve, bêtement, à payer des taxes, ici, en France, pour du travail et de la production locale !
Enfin, il y a fort à craindre que de telles exploitations créeraient des milliers d’emplois, ce qui serait une catastrophe pour Pôle Emploi dont l’avenir dépend directement d’un nombre croissant de chômeurs en ces temps de crise. Et je n’évoquerai pas ici la calamité que représenterait une baisse conséquente du prix du gaz : chacun sait, surtout depuis que Free est arrivé dans la téléphonie mobile, que la baisse des prix est le début des ennuis graves pour les concurrents qui vendent à prix d’or leurs produits et services. Le consommateur, aimable ruminant qu’il faut traire aussi régulièrement que possible, ne doit pas subir l’atroce incertitude de prix qui baisseraient sensiblement.
J’ai déjà parlé, dans ce blog (ici et là, par exemple), des gaz de schistes, de leur exploitation, et de l’hystérie écologiste qui accompagne le sujet.
Il est par exemple particulièrement savoureux de constater que ces écolos n’hésitent pas une seconde à taxer tous ceux qui sont en faveur de l’exploitation de cette ressource de dangereux pollueurs, toujours à la solde d’industries pétrolières sans foi ni loi. Inversement, personne ne doutera de l’honnêteté des écolos qui refusent catégoriquement (colères à se rouler par terre comprises) ces gaz de schistes, et personne n’envisagera qu’ils aient pu être payés par l’une des puissances pétrolières que l’apparition de concurrents sérieux enquiquineraient pourtant furieusement.
Il est aussi très intéressant de constater que chaque nouvelle source d’énergie sérieuse, qui peut vraiment aboutir à une exploitation rentable, sera systématiquement honnie par ces mêmes écologistes. Le solaire est parfait tant qu’il est lourdement subventionné (donc pas rentable). L’éolien, c’est trop de la balle surtout que sans les aides d’état, personne n’en veut (dangereux, bruyant, intermittent, écologiquement catastrophique). Le pétrole, c’est cracra. Le charbon, ça file des maladies. Le nucléaire, c’est encore pire.
Bref : jamais bon. Alors qu’on se demande exactement ce qui peut empêcher d’imaginer, techniquement, une exploitation propre des sources connues et rentables. On se demande exactement aussi pourquoi la France devrait absolument et fermement se priver d’une source d’énergie et de savoir-faire qui lui permettront de diriger ses maigres ressources ailleurs que dans l’achat de pétrole pour fonctionner, au fur et à mesure que ses réacteurs nucléaires seront démantelés.
On a, ici et maintenant, l’occasion de tester, de peaufiner, d’améliorer une technique d’exploitation qui donnerait à la France une vraie capacité d’influer sur son futur et sur le bien être de la population. On pourrait faire du Gaz de Schiste Made In France, le vendre, et en tirer bénéfice substantiel pour sortir de la merde récessionniste ce pays englué dans le socialisme et le verdisme de Prisunic.
Mais non : vous pouvez être sûr que cette chance ne sera pas prise au nom de toutes les générations à venir qui préfèreront avoir des parents et des grands-parents chômeurs et assistés par un Etat bouffi et endetté jusqu’à l’os plutôt que des ancêtres fiers d’avoir construit quelque chose.
Ce pays est donc foutu.