Paul Chiappore, conseiller budgétaire de Luc Chatel, ministre de l’Education nationale, a reçu le 16 février les représentants de Contribuables Associés, Alain Mathieu, président, et Coralie Bertrand, qui ont mis à sa disposition les 10.950 pétitions signées par des membres de Contribuables Associés.
M. Chiappore a tenu à répondre point par point aux sept demandes formulées dans ces pétitions :
- « Retour à des pédagogies éprouvées et moins coûteuses ». Bien que ce point ne soit pas de la compétence du conseiller budgétaire, M. Chiappore fait remarquer que, pour la première fois en France, la mesure des résultats de l’enseignement par les tests internationaux PISA de l’OCDE a été sérieusement prise en considération par le ministère. Alors que ces tests montrent que les résultats de l’enseignement français sont loin derrière ceux de la Finlande, des Pays-Bas et de plusieurs pays d’Asie (Corée, Chine, Japon , etc), des efforts ont été entrepris pour améliorer la qualité de l’enseignement français.
- « Remise au travail d’enseignement des 97.000 instituteurs et professeurs qui ne voient actuellement aucun élève ». Il est exact que le primaire compte 330.000 instituteurs pour 250.000 classes, mais il faut tenir compte des près de 10.000 instituteurs faisant fonction de directeurs d’établissement, des 12.000 enseignants dans les Rased (mise à niveau des élèves retardataires) et des 28.000 remplaçants (pour suppléer aux instituteurs (trices) malades ou en congé-maternité). Dans le secondaire, il y a environ 15.000 remplaçants titulaires, 22.000 professeurs en décharges statutaires (pédagogiques, syndicales, professeurs de sport s’occupant de l’UNSS) ou non ,. Depuis la rentrée 2007/2008, le ministère a réduit de 70.000 le nombre de postes d’enseignants, en privilégiant des suppressions de postes qui n’étaient pas devant d’élèves. M. Chiappore fait remarquer que s’il fallait augmenter les effectifs de 60.000 en 5 ans tout en mettant fin au non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, il faudrait accepter tous les candidats aux concours, ce qui dégraderait la qualité des enseignants, et que les salaires des autres ne pourraient pas être augmentés.
- « Alignement des méthodes de l’école publique sur celles, moins coûteuses, d’écoles privées ou étrangères ». M. Chiappore prendra connaissance de l’étude de l’IFRAP qui montre qu’un élève de l’enseignement primaire coûte en moyenne chaque année aux finances publiques 2.384 € de plus dans le public que dans le privé sous contrat (soit + 84 %) et dans le secondaire 3.683 € de plus (soit + 65 %). Il souligne que les professeurs ainsi qu’une grande partie des dépenses de fonctionnement sont payés par l’Etat et dans les mêmes conditions que dans l’enseignement public. Quant aux systèmes d’éducation étrangers, il est vrai que les professeurs y sont presque toujours davantage présents. Il n’est pas exclu que la réforme du statut de 1950 (prévoyant notamment, pour le secondaire, une obligation de 15 heures de cours par semaine pour les agrégés et 18 heures pour les autres) puisse être abordée au cours du prochain débat électoral pour prendre en compte comme dans d’autres pays, la présence dans l’école en dehors des cours. Une rémunération supplémentaire pourrait alors être prévue. (Actuellement par exemple les heures de surveillance assurées par des professeurs sont payées en heures supplémentaires).
- « La mise en concurrence des écoles (assouplissement de la carte scolaire, autorisation de créer des classes dans le privé) ». L’assouplissement de la carte scolaire est en cours. Pour le nombre de classes, M. Chiappore maintient la nécessité de conserver un principe de parité entre public et privé pour définir le nombre de suppressions de postes Il met en doute les chiffres de candidats refusés que publie l’enseignement privé sous contrat.
- « Alignement des horaires de présence à l’école des professeurs sur ceux de l’Allemagne » (dans le secondaire, en Allemagne, 43 heures par semaine, sur 5 semaines de plus qu’en France, lui signale Contribuables Associés). Seule une rénovation du statut de 1950 pourrait permettre un tel alignement, s’il devenait souhaitable.
- « Autonomie de gestion de tous les établissements scolaires ». Le programme CLAIR, démarré en 2010, est devenu ECLAIR en 2011. Le nombre d’établissements dans lesquels le directeur peut recruter sur profil les professeurs est passé de 105 à 325 établissements à la rentrée 2011 et (le programme ECLAIR intègre également 2.100 écoles). 5 % des élèves bénéficient de ce régime nouveau, exclusivement dans les établissements relevant de l’éducation prioritaire. Quand les résultats de cette expérience seront connus, une extension pourrait être envisagée.
- « Publication des résultats aux examens de tous les établissements ». Certains pays sont en avance sur la France pour l’évaluation des écoles et des professeurs. Mais nous commençons à rattraper notre retard. L’évaluation est en cours cette année pour les classes de CE1, CM2 et 5ième.
Contribuables Associés remercie M. Chiappore de ses explications. Celles-ci montrent qu’il n’est pas facile de faire bouger une administration aussi lourde que l’Education nationale.
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