Coudray © La Boîte à bulles - 2012
Placide, goguenard, intelligent et pacifique.
L’Ours Barnabé est un individu à la bedaine confortable. Des nombreux passe-temps de ce curieux philosophe, on peut noter l’écriture, la peinture et la sculpture. Les doigts d’une patte suffiront pour présenter ses principaux amis : le lapin (complice de nombreux moments) et le renard. L’Ours Barnabé vit à la montagne. Il y est heureux, sensible au respect de l’environnement et soucieux d’offrir une bonne éducation à ses deux oursons.
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Pour la petite histoire, Barnabé dispose déjà d’un long parcours débuté en 1980. Je passe sur les périples éditoriaux qu’il a connu, précise qu’il s’est définitivement posé à La Boîte à bulles qui réédite l’ensemble des publications en y joignant au passage quelques nouveautés. De plus, le site dédié à la série nous apprend également que Barnabé « a été sélectionné par l’Éducation Nationale. Le festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême lui a consacré le prix des Écoles en 2011 et une exposition en 2012. L’Ours Barnabé a été traduit en 3 langues (japonais, allemand et américain) ».
Cette intégrale comporte des pages issues des albums La nuit porte conseil, Comme un poisson dans l’eau, Ça baigne, Tout est possible et De mieux en mieux.
Dans une ambiance pleine de bonhomie, nous plongeons dans le quotidien de Barnabé. Pour moi qui découvre seulement cet énergumène, quelques planches seulement m’ont suffi à trouver mes repères. On passe d’un gag à l’autre au rythme d’une planche par histoire. Invariablement, chaque page comporte trois bandes d’une ou deux cases. Et même si les 192 pages reprennent sans exception cette découpe de planche, je constate avec surprise qu’il n’y a aucune lassitude durant la lecture. Cela est en grande partie dû à la pertinence des saynètes et de leur dénouement qui nous prennent quasi systématiquement par surprise.
Car l’Ours Barnabé nous oblige à revoir notre raisonnement. Le lecteur doit donc faire appel à une nouvelle forme de logique pour appréhender et donner du sens aux actes de Barnabé. Les situations rencontrées sont variées mais on peut mettre en avant les principaux thèmes de cet univers : écologie, rapport à l’autre/rapport au monde et vie quotidienne. J’imagine aisément qu’il est possible de décrire le profil-type des lecteurs de cette série : je les vois confortablement installé, l’air foncièrement bien, impression d’autant plus renforcée par ce sourire satisfait qui s’installe de manière durable sur leur bouche. Du moins, c’est ainsi que je me suis plu à m’imaginer durant ce moment de lecture : j’ai trouvé ma place dans cet univers, m’y suis sentie à l’aise principalement grâce à l’absence de violence dans le jugement et les valeurs qui sont ici énoncées. On est face à des prises de position fortes pourtant, les principes véhiculés par le personnage recueillent naturellement l’adhésion du lecteur. Barnabé a l’art de rendre visible les liens ténus qu’on élude habituellement dans notre manière de voir le monde qui nous entoure.
Graphiquement, certains pourraient reprocher l’air dépouillé des visuels cependant, l’auteur fait preuve d’un talent rare : celui de savoir distiller avec intelligence et finesse des idées, des concepts et une certaine manière de voir la vie afin d’interpeller son lecteur. Ainsi, Philippe Coudray touche un large panel des émotions de son public. Certes, les saynètes sont de qualité variable pourtant, on rit, on sourit, on réfléchit… sur l’absurde d’une situation, un jeu de mot, un travers de l’espèce humaine. La simplicité avec laquelle les scènes sont dessinées crée, chez le lecteur, une grande liberté quant aux possibilités d’accueillir les propos de l’Ours. D’ailleurs, cette sobriété donnée à la forme des histoires surprend tant elle contraste avec la richesse des propos. L’auteur amène à des sujets différents, des réflexions alors même que le support est presque rudimentaire et que son personnage principal semble s’exprimer de manière monocorde. Je dirais qu’avec presque rien, Philippe Coudray sait nous émouvoir par la justesse du ton qu’il emploie et la finesse des réflexions de sa créature.
L’univers graphique diffuse une poésie inattendue. A l’aide d’un dessin minimaliste dans l’esprit de la ligne claire, l’auteur donne l’impression que Barnabé évolue en toute liberté dans ces pages, il pourrait presque s’affranchir de son créateur tant on a l’impression que sa personnalité en fait un être totalement autonome. D’ailleurs, la simplicité des décors ne donne pourtant pas l’impression que cet univers est simpliste. Car derrière la personnalité de cet ours en apparence pataud, il y a une forme de coquetterie dans ce choix de dessiner la nature. Elle est belle, attrayante, pétillante de fraicheur. Les choix de colorisation appliqué sont très ludiques et renforce l’impression de liberté, de grands espaces.
La chronique (Intégrale 1) de Jérôme sur l’Intégrale 1chez qui j’ai découvert cette série. L’avis de Jean-François sur « De mieux en mieux », un des albums contenu dans cette intégrale et l’avis de PlaneteBD.
L’ours Barnabé
Catégorie Animal
Série en cours
Éditeur : La Boîte à bulles
Collection : La Malle aux images
Dessinateur / Scénariste : Philippe COUDRAY
Dépôt légal : janvier 2012
ISBN : 978-2-84953-134-1
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