La Fédération Française de Tennis a déjà fait écho dans la presse de certaines modifications apportées au projet. Mais certains points ont été omis ou présentés de façon particulière. Afin de vous éclairer totalement, le CAP - Collectif Auteuil les Princes - que je (Agnès Popelin) représente et qui conteste vigoureusement le projet dans son état actuel, souhaite vous apporter quelques précisions complémentaires.
PÉRIMÈTRE ET CONFIGURATION DU SITE
Dans le périmètre actuellement retenu, la superficie exacte du stade en configuration de tournoi sera de 12 ha (13,8 ha si l’on y ajoute les terrains d’entraînement du Paris Jean Bouin) et non les 14,6 ha par M. Ysern dans ses récentes déclarations publiées dans le Figaro du 3 février et le Parisien du 4 février 2012 ou les 16,8 ha avec le Paris Jean Bouin annoncés en février 2011.
Soit une diminution de la superficie totale de 20 % par rapport au projet initial ... voté.
Comment évaluer la superficie du futur stade ?
Il suffit d’additionner aux 8,6 ha du tournoi actuel (Roland Garros et Fonds des Princes) :
0,45 ha de l’avenue Gordon Bennett ; 0,75 ha de déambulation verte dans le Jardin Botanique des serres d’Auteuil ; 0,4 ha pour le nouveau court dont 1/3 de serres ; 0,5 ha des bâtiments en meulière à la concession non garantie ; 1,3 ha du futur CNE.
Pourquoi une telle diminution ?
Le périmètre initial a subi de sérieuses réductions à la suite des nombreuses discussions sur l’implantation dans le Jardin Botanique des Serres d’Auteuil entre la FFT et les représentants du Ministère de l’Ecologie. En effet, vous ne devez pas ignorer que la totalité du Jardin Botanique des Serres d’Auteuil est un site classé protégé et non seulement les seules serres dites de Formigé.
Ainsi les 2 ha d’emprise dans le Palmarium, les serres attenantes et le parterre central sont désormais retirés de la concession temporaire.
La concession permanente voire celle temporaire des bâtiments en meulière (également classés) accordée à la FFT semble compromise au vu des réserves émises le 15 décembre dernier par la Commission Supérieure des Sites (CSPP) et son rapporteur, M. Brodovitch (cf. extraits p 4). Le nouveau court serait ainsi sans lien avec le site actuel.
Toujours selon cette commission, le Petit Jean Bouin devra sortir de la concession dévolue à la FFT.
Des réserves ont été également émises par la CSSPP sur la volumétrie et la hauteur du futur stade Philippe Chatrier et du bâtiment de l’organisation du tournoi.
Chaque permis de construire devra être validé par cette commission, ce qui augure de nouvelles négociations âpres.
La future couverture du stade Suzanne Lenglen est loin d’être acquise au vu de ces réserves.
La nouvelle esplanade des Mousquetaires (1,2 ha) devra être ouverte au public hors tournoi et entretenue toute l’année par la FFT.
Cette même commission instaure l’ouverture au public hors tournoi des 2 allées de circulation nord–sud à l’intérieur du site Roland Garros (allée centrale Suzanne Lenglen et le passage entre le Fonds des Princes et le stade S. Lenglen) et leur entretien par la FFT.
Par ailleurs :
la faisabilité du Centre National d’Entraînement est suspendue à la validation des modifications du PLU sur ce secteur. Ce qui est loin d’être assuré juridiquement ; 3 ou 4 courts de tennis du CNE devront être accessibles aux associations sportives et aux élèves des lycées du seizième arrondissement ; l’occupation de l’avenue Gordon Bennett est ramenée à 6 semaines au lieu des 9 initiales et toute velléité d’emprise permanente a été rejetée ; enfin toute extension future sur l’A13 et au nord du site est proscrite, le rapporteur de la CSSPP stipulant d’exclure au Nord du périmètre actuel « tout franchissement de la limite constituée par l’avenue de la Porte d’Auteuil ».
CALENDRIER INCERTAIN ET BUDGET GLOBAL FLUCTUANT
En revanche, si le périmètre conduit à une réduction de 20 % de la superficie, le budget augmente et les délais de livraison s’allongent.
Souvenez-vous de l’impératif du calendrier déterminant votre choix sur le site de Paris.
Oubliée l’inauguration du nouveau Roland Garros pour 2016 annoncée le 13 février 2011 faisant des incertitudes de l’année de livraison du site de Versailles, la raison principale de l’échec de cette candidature.
M. Ysern annonce désormais dans ses interviews « une fin des travaux prévue en 2017 ». Ce qui suppose qu’il n’y ait aucun retard du à des contentieux.
La concertation publique annoncée comme une simple formalité administrative en mai 2011 aura retardé le projet de plus 7 mois (juillet 2011 à février 2012) reculant les lancements des enquêtes publiques et l’adoption des délibérations municipales d’autorisation de travaux ...
Rappelez-vous des affirmations sur le montant des travaux.
Le budget total ne devait pas dépasser 273 M€. M. Ysern annonce aujourd’hui dans la presse « un budget de 300 M€ » soit déjà + 10% du budget initial pour un périmètre réduit de 20% avant toute incidence d’une contestation sur l’économie générale du projet... 300M€ annoncés avant que l’ensemble des projets d’aménagement ait fait l’objet d’une évaluation financière fine. Certains projets d’aménagements ne sont pas encore bouclés comme le prouve récemment le lancement du concours PLEINE LIGNE auprès des étudiants en architecture ou l’absence d’informations sur le futur bâtiment d’accréditation.
La question de la desserte par les transports publics et l’absence de création de places de stationnement soulevées pendant la concertation n’ont toujours pas été résolues et ne font l’objet d’aucune évaluation de la part de la FFT et de la Ville de Paris. Les réserves quant à l’utilisation du Bois de Boulogne comme solution de stationnement amplifient le problème.
Voulez-vous persister à dépenser 300 M€ pour gagner 3,4 ha supplémentaires avec un CNE et des courts d’entraînements excentrés sans assurance sur la faisabilité des futurs stades ?
OPPOSITION « LOCALE » ET INSÉCURITÉ JURIDIQUE
M Ysern qualifie, dans les articles cités, les opposants au projet d’extension de « riverains ».
Parmi les 30 associations de « riverains » regroupées contre le projet actuel et proposant une reconsidération du projet figurent :
- le Comité Scientifique International des paysages culturels ICOMOS-IFLA, ONG qui est la
plus haute instance internationale de protection du patrimoine et du paysage, rattachée à l’UNESCO.
- 8 associations nationales de sauvegarde du Patrimoine reconnues d’utilité publique de défense du patrimoine dont Vieilles Maisons Françaises (VMF) et la Société pour la Protection des Paysages et l’Esthétique de la France (SPPEF).
- L’association nationale de protection de l’environnement reconnue d’utilité publique France Nature Environnement (FNE)
Le projet suscite également une forte mobilisation et opposition du parti Europe Ecologie Les Verts, relayées par sa présidente Cécile Duflot et le groupe EELV au Conseil de Paris.
Monsieur Ysern estime, sans toutefois l’avoir pris en compte, que les recours contentieux retarderont d’un an la livraison des travaux, faisant preuve d’un grand optimisme.
Les conventions signées et futures, les décisions administratives nécessaires à la mise en œuvre du projet font et feront l’objet de contentieux.
Il s’ensuivra une insécurité juridique particulièrement longue, compte tenu des délais d’instruction et des délais de recours.
Un recours en nullité est déposé devant le tribunal administratif de Paris depuis le 13 janvier 2012 à l’encontre des délibérations du 11 et 12 juillet 2011 adoptant la Convention d’Occupation du Domaine Publique (CODP) et demandant la déclaration d’intérêt général du projet.
La déclaration d’intérêt général demandée n’est toujours pas publiée au Journal Officiel. Celle-ci ne dispense pas le projet de se conformer aux règles d’urbanisme en vigueur et notamment aux règles législatives de protection des monuments naturels dont bénéficie le Bois de Boulogne dans lequel est situé le stade Roland Garros."
Bref, il va y avoir plus de cinq sets !