Si la plupart des amateurs ne connaissent pas trop les différences entre Chianti, Chianti classico, Chianti Ruffino, Chianti Riserva, … ce n'est pas si grave que cela !
Ce week-end donc, à Florence, première opération "Anteprima" (primeurs) pour la plus simple de ces DOCG, le "Chianti" à base du sangiovese toscan.
Organisée de main de maître comme il se doit à l'italienne par mademoiselle Lucia Boarini, c'est à dire avec un certain panache, cette première édition commençait par une conférence de presse dans le Palazzo Borghese, un des ces palais monumentaux comme il y en a tant dans cette ville déjà lourdement envahie par un tourisme international vite pesant.
La force et à la fois le drame du Chianti (DOCG) est qu'il doit encore supporter une image historique (le côté positif) mais malheureusement entâchée par une qualité perçue dramatiquement faiblarde.
Ajoutez à cela une contradiction que connaissent beaucoup de régions, à savoir l'ardente nécessité de conquérir les jeunes générations, éduquées au coca, au sucre, aux binges machin chose, et un cépage, le sangiovese duquel on ne peut totalement effacer les astringences naturelles, les acidités parfois redoutables, et trop souvent des vinifications hasardeuses de volumes au-dessus des normes.
Mais on veut changer tout cela car on a compris qu'il faut mettre en place un minimum de politique qualitative si on veut conquérir les nouveaux marchés, tout en restant compétitifs sur les prix. C'est un long chemin, actuellement bien brouillardeux (sic) ici, mais qui peut mener à du mieux.
On sait à quel point les italiens sont réactifs, imaginatifs, et capables de trouver les armes pour plaire vite et bien. On sentait dans cette salle écoutant religieusement les conférenciers, à quel point les producteurs présents, souvent vendeurs simplement de leurs raisins, étaient à la recherche de solutions pour les sortir d'une crise majeure de mévente (qui touche aussi les chianti classico).
La grande force de cette appellation est que, systématiquement, elle se trouve sur la carte de tous les restaurants italiens de par le monde, de la simple pizzeria au coin de la rue, aux filiales des grands chefs copiant avec succès les expériences internationales des français.
C'est une force et une faiblesse, tant il est vrai que rien n'est fait, par le restaurateur, pour mettre en valeur, a minima, ce vin qui est servi comme de l'eau. La première chose à faire, est d'exiger de sa part qu'à tout le moins, il indique le nom du domaine. On trouve bien trop souvent (comme en France avec le beaujolais, le bordeaux, le bourgogne de base) simplement l'AOC sans donner ni l'origine ni le millésime, s'il est existant. Comment voulez vous que le client considère une telle carte sinon comme un non respect de ce qui est produit par le domaine ?
Je ne parle même pas de la température de service dans ces restaurants où les vins s'alignent comme des statuettes moribondes sous des lumières et sous une température inadéquate : et je reste poli.
Mais la force de cette DOCG reste cette évidence d'être quasi obligatoire dans tout restaurant italien, où qu'il soit. Lourde tâche donc pour le Consortio de cette DOCG de valoriser les produits de ses membres qui veulent mieux faire, sans trop augmenter les coûts - donc les prix - et qui commence à parcourir le monde de NYC à Beijing en passant par Zürich et Moscou, afin de redonner des couleurs à ce mot chianti, de lui garder son côté populaire, en oubliant les fiasques du XIXème et début du XXème, et en mettant sur le marché des vins un peu plus "amabile", ronds, élégants, sans prétention casse-gueule, et privilégiant le fruit, la fraîcheur, la simplicité de bon aloi.
Les quelques vins dégustés sans indication de domaine ne suscitaient pas un excès d'enthousiasme, à part le premier qui nous fut servi (j'étais à côté d'Eric Riwer, toujours élégant avec sa moustache millésimée) un "Ruffino" de belle facture. Voilà une DOCG à étudier de plus près.
QUELQUES IMAGES
D'abord, en hommage au Grand Jacques, deux vues après le passage du tunnel Mont-Blanc
… ces petits hameaux vignerons en pays d'Aoste
L'excessif Duomo, toujours impressionnant
L'heure du casse-croûte pour ces valeureux cavalli !
La grande salle du Palazzo Borghese
la table des conférenciers (debout : le Président du Consortio)
Ernesto Gentili (GJE), la plume de l'Espresso, en matière de vins
L'élégance naturelle de la plume du Gambero Rosso
Un service pro, mais achtung aux températures : trop chaud !!
Lucia Boarini, une organisatrice plus qu'efficace, et toujours souriante : bravo !