[AVANT-PREMIERE]
Julie Taymor a un faible pour William Shakespeare : avec The Tempest, c’est la deuxième fois qu’elle porte à l’écran une pièce du dramaturge, après son Titus en 1999 où Anthony Hopkins tenait la vedette. Ici, c’est Helen Mirren qui trône en haut de l’affiche pour incarner un Prospero féminin, devenue Propera pour l’occasion. Dans The Tempest, on retrouve le style de Taymor, l’exubérance et le goût de la démesure que l’on avait constaté dans son biopic sur la peinte Frida Khalo, la tendance au trip romantique et neuneu qui faisait le charme de son Across the Universe. Si elle garde l’intrigue originale (une sorcière, maîtresse d'Ariel et Caliban, exilée sur une île fait subir diverses épreuves à un groupe de naufragés), le langage shakespearien, et les symbolismes de l’œuvre du 17ème siècle (le colonialisme, le bien et le mal) elle se permet toutefois quelques éclairs de modernité, des flashs anachroniques, tout aussi maladroits que fascinants.
Naviguant entre kitsch improbable, séquences psychédéliques, et sérieux de l’entreprise, The Tempest déconcerte mais impressionne par son courage. La vision de Taymor, quoique l’on en dise, est éminemment singulière. L’imagerie, parfois laide, parfois véritablement sublime (les paysages d’Haïti, où elle a filmé l’action en sont pour quelque chose), demeure dans tout les cas très étudiée. La cinéaste, en bonne compagnie (Alfred Molina, Djimon Hounsou, Alan Cumming et même Russell Brand !) souhaite aller au bout de son concept, et cela s’en ressent. Difficile alors de condamner véritablement le film, tant la proposition force le respect à assumer jusqu’à la fin son excentricité baroque, son décalage, ses contradictions. Au final, The Tempest, sorte de work in progress méditatif, pousse à réfléchir en temps réel à la meilleure manière d’adapter Shakespeare à notre époque. Plutôt novateur donc.
Sortie : prochainement.
(très probablement du direct-to-dvd)