Allez, tiens, on s'en revient à quelque chose de plus classique, comme une publie sur Prague. Et même mieux, une publie sur une église de Prague. Mais attention, cette fois-ci on ne va pas fouiller dans les entrailles du temps d'avant. Cette fois-ci je vais vous parler d'une église pratiquement inconnue du monde, qu'il soit allo comme autochtone. Je vais vous parler d'une église construite dans la fin du XIX ème siècle, et qui abrite des splendeurs pratiquement inconnues du grand public. Une église peinte du dedans dans le style de l'école de Beuron, art graphique né au XIX ème siècle dans l'abbaye de Beuron, dans le land du "Baden-Württemberg" en Allemagne (Bade-Wurtemberg en Français, pour ceux qui ne parlent pas Allemand). Curieusement, le style "école de Beuron" est quasiment inconnu, que ce soit en France, en République Tchèque, ou n'importe où ailleurs. Vous n'en trouverez d'ailleurs pas bézef sur Internet non plus. Et pourtant z'allez-voir qu'il s'agit d'un courant issu de la nuit des temps, enfin à l'origine, et qui influença tellement d'artistes, tellement d'autres courants artistiques, qu'il est réellement surprenant qu'il soit si peu connu. Cette église est une preuve supplémentaire que cette splendide ville de Prague est un musée à ciel ouvert, un mélange architectural éclectique comme il en existe peu à travers le monde.
L'abbaye de Beuron
Bon, je fais rapidement, parce que ce n'est pas ce qui nous intéresse le plus. Il existait à Beuron une abbaye depuis le XI ème siècle. Pis il y eut le XII ème siècle, le XIII ème siècle... et le début du XIX ème. Après que Napoléons eut vaincu les Autrichiens, qu'il eut envahi une grande partie de l'Europe, et qu'il eut distribué les biens des églises allemandes aux princes allemands afin de les dédommager des annexions françaises (cf. l'Alsace et la Lorraine), l'abbaye se vida de ses occupants, et les poils d'araignées remplacèrent les moines pendant plus d'un demi-siècle, jusqu'en 1862, lorsque Kati von Hohenzollern décida de repeupler l'abbaye pour faire plaisir à sa maman bonne catholique. Ignorante des règles naturelles de reproduction et de population animale, elle accommoda bêtement en notre édifice 2 moines bénédictins mâles, frères ("Maurus" et "Placidus Wolter", pour ne pas les nommer), qui furent cependant à l'origine (asexuée) de toute la nombreuse lignée des tondus de Beuron. Au fil des ans, quelques 40 abbayes bénédictines du type Beuron naquirent à travers le monde, mues par un même élan artistique: l'école de Beuron (cf. plus loin). Parmi les plus représentatifs pays qui accueillirent nos artistes, signalons l'empire d'Autruchon-gris, la Lemagne, la belle Gique, l'y Talie, le Dan Mark et les Zétazunis (3 abbayes de Beuron aux States). Et pour l'anecdote, il est des traces beuroniennes en Chine, en Israël, au Brésil, au Japon, et jusqu'en France (mais je ne sais pas où. Amis lecteurs, si jamais vous avez de informations, tiendez-moi en courant s'il vous plaît). Aujourd'hui, il resterait selon mes sources une vingtaine d'abbayes se prétendant de Beuron, principalement en Autriche et en Allemagne. Quant à Prague, elle peut se vanter à elle seule de 4 patrimoines beuroniens d'envergure, St Gabriel donc, mais encore de l'église du Sacré Coeur à seulement 100 m de là, du monastère d'Emmaüs (cf. plus loin), de l'église post art-nouveau Ste Anne à "Žižkov" (Prague 3), et de l'église de la Ste famille à "Řepy" (Prague 6). Ensuite en République Tchèque se trouvent encore l'église Ste Marie du rosaire à "České Budějovice", la chapelle du gymnasium de "Teplice" (abbaye des soeurs de St Charles Borromée), attribuée à "Lukas Steiner" (cf. plus loin), l'église du (sacré) coeur de Jésus de l'abbaye Marianum à "Opava" (peintures d'entre 1923 et 1930), et la chapelle St Jean Népomucène devenue salle municipale de concert (cf. "Adalbertinum") à "Hradec Králové". Je ne vous en dis pas plus non plus afin de faire concis, mais chacune de ces mentions mériterait à elle seule une publie (ce qui du reste n'est pas exclu non plus, à l'avenir, qui sait, eh?).
Ah si, il est encore un édifice anecdotique relatif à l'art beuronien d'ici à Prague. Pareil, un édifice dont personne ne soupçonne l'existence, et qui se détériore joyeusement sans que personne ne s'en creuse des rides outre mesure. Vous vous souvenez de ma publie sur l'église de St Philippe et St Jacques de "Zlíchov"? Mais si, de quand les armées françaises installées à "Zbraslav" perçaient la nouvelle route vers Prague à coup de poudre à canon afin de faire péter la roche qui encombrait alors le passage? Ben justement, pour stocker cette poudre à canon, ils construisirent une sainte barbe (entrepôt à poudre) juste là, tout en béton, histoire que la poud' n'aille pas prendre l'humidité. Une fois les Français rentrés en France, la Ste barbe resta là, sans réel usage jusqu'à ce que dans les environs l'on ouvre une carrière. Dans les premiers temps, l'édifice servit de cabane à outils. Mais un jour, et suite apparemment à un incident dont l'histoire n'a pas conservé la trace, la fille du propriétaire de la carrière, bondieusarde dans l'âme, se dit que tiens, ben ça ferait une chouette chapelle. Elle fit viendre alors les moines de l'abbaye d'Emmaüs, les assignant à la tâche de transformer l'originel dépôt de poudre en chapelle de la vierge Marie douloureuse ("Mater dolorosa", en peinture-sculpture l'on parle de piéta, en architecture-hémorroïdes l'on parle de Marie douloureuse, ou de Marie de la douleur). En 1900, la Ste barbe fut donc restaurée en chapelle, et en 1903 l'on y célébra la première messe dans le noir absolu, parce qu'on avait oublié de percer des fenêtres au demeurant fort utiles. Aujourd'hui, l'édifice est dans le plus déplorable état de dévastation. Il y a encore peu, l'on accédait librement en son intérieur, qui devint ainsi la proie des puent-misère, des toxi-crevards et des chient-tags. Le nouveau propriétaire, le ministère des finances (allez savoir pourquoi?) fit finalement poser une grille devant l'entrée, mesure particulièrement inutile maintenant que l'intérieur fut joyeusement dévasté pendant des années. Aux dernières nouvelles, l'on prépare donc une privatisation afin de se débarrasser de la verrue sur le blair dont personne ne veut plus. Ca ne branche personne d'ouvrir une cabane à frites? Notez que les mosaïques sont de "Viktor Foerster", auteur (entres-autres) de la vierge sur la gigantesque église Ste Marie des neiges, place "Jungmann" à Prague.
L'abbaye de St Gabriel
Encore jeune, vierge et innocente (mais déjà complètement bigote), la comtesse Gabrielle "Sweerts-Šporková" (vivant à Prague) voulut entrer au couvent. Mais comme aucun ne lui convint, elle décida de se construire son propre d'à elle, qu'elle nommerait St Gabriel, comme elle. En fait, et influencée par une émission TV pour ménagère au foyer, elle voulut entrer dans un couvent de nonnes bénédictines de la branche Beuron qui, selon l'émission, était la plus mieux. Malheureusement en ces temps, du couvent comme ça, ben y en avait pas, ici, en Bohême. Elle mit donc en chantier son propre projet immobilier, d'une capacité de 80 soeurs de taille et de poids standards, déposa sur un compte en banque le pognon qui va bien standard aussi, et décéda en 1884 avant même la pose de la première pierre. Bon, mais on n'allait pas s'arrêter en chemin pour si peu, non? Sa maman prit alors le projet en main, et en 1888 commencèrent donc les travaux du complexe néoromantique (parfois pseudo-romantique, pour moi néoroman, à cause des fenêtres géminées typiques, et surtout parce que le romantisme, c'est d'un chiant en littérature, alors j'vous dis même pas en architecture) pour se terminer (les travaux) en 1891 (les finitions se poursuivirent cependant jusqu'en 1908). Le 13 septembre 1889 déjà, emménagèrent céans les 8 premières nonnes impatientes (6 nonnes bio-cathos véritables, et 2 soeurs oblates) en provenance d'une des plus anciennes abbayes d'Europe, "Stift Nonnberg" à Salzbourg. Les nonnes autrichiennes se plurent à Prague, et apprirent même à peindre à la Beuron (cf. plus loin). Elles s'y plurent tellement, qu'en 1898, vivaient pas moins de 60 frangines dans l'abbaye: 1 tiers d'origine roturière, et 2 tiers d'origine aristocratique (juste pour dire qu'elles ne manquaient pas de ressource en banque). Leur vie était clairement cloîtrée, isolée du monde extérieur, et l'on ne pouvait communiquer avec elles qu'à travers de larges grilles (que les bonhommes du canton, bavaient dru devant les jeunes filles, sans se soucier du qu'en dira-t-on. Avec impudeur ces compères, lorgnaient même un endroit précis, que rigoureusement ma mère, m'a défendu de montrer ici... Gare aux morilles...). Là, les bénédictines vaquaient aux occupations classiques d'une abbaye, et de surcroît se livraient à la peinture de Beuron comme à la tambouillade pour les pauvres et les miséreux.
Mais après l'avènement de la première République Tchécoslovaque (1918), elles décidèrent de rentrer au pays (cf. plus loin). En 1919, elles vendirent l'abbaye à bon prix au ministère des postes et télécommunications, sous condition que l'église continue à servir aux offices d'à bondieu. Encore aujourd'hui cette condition est remplie chaque dimanche à 11:15, et le complexe demeure la propriété de la poste tchèque. Les bâtiments de l'abbaye furent alors adaptés pour les besoins de l'administration: les fresques sont encore aujourd'hui masquées par un crépi blanc et les édifices sont de 3 étages supérieurs aux plans originels. Le complexe abbatial est malheureusement fermé au public, et pour cause: l'on y entrepose dans des coffres forts les matrices des timbres imprimés depuis la naissance de la Tchécoslovaquie.
Alors élément important: les architectes belges qui oeuvrèrent sur ce petit bijou architectural ne sont autres que "Hildebrand de Hemptinne", moine bénédictin né en Belgique, puis élevé et décédé à Beuron, surtout devenue plus tard le feld-maréchal de l'ordre, et Ghislain Béthune (également moine bénédictin), fils de Jean-Baptiste Béthune, un des pionniers du néogothique belge, qui construisit avec "Hildebrand" l'abbaye de Maredsous, bien connue des amateurs de bière (dont je suis). Notez que le style architectural est donc néoroman, curieusement, et non pas néogothique très en vogue en cette fin de XIX ème siècle, ni dans le style beuronien comme on pourrait le croire de prime abord.
"Peter Desiderius Lenz"
Le petit Pierre naquit le 12 mars 1832 dans le bled de "Haigerloch" (littéralement le trou de "Haiger", premier bourgmestre du patelin de 1349 à 1341 avant Jean-Claude), à 50 km au sud de Stuttgart et à 80 km à l'Est de Strasbourg, en Souabe (aujourd'hui dans le land du "Baden-Württemberg" en Allemagne, Bade-Wurtemberg en Français, pour ceux qui ne parlent toujours pas Allemand). Issu d'une famille d'origine modeste, il eut cependant dès sa petite enfance des goûts de riche: le lardon voulut être peintre. Son menuisier de père y mit aussitôt le holà, au motif évident qu'un tel métier n'est bon que pour les faignants et les Bohémiens, ce que son fils n'était pas puisque né en Germanie. Le paternel consentit cependant à ce qu'il participe à des cours d'architecture, compromis entre le dessin et la maçonnerie, laquelle maçonnerie est un métier noble à même de nourrir son homme pour autant qu'il se comporte comme tel. Mais à l'âge de 17 ans survint un heureux évènement pour la suite de la vie de Pierre: son père décéda. Il était enfin libre de poursuivre sa carrière selon ses propres souhaits. Ainsi en 1850, Pierre partit pour Munich, où il fréquenta plusieurs années l'académie des bozarts en journée, et la "Hofbräuhaus" le soir. Son intérêt se porta immédiatement sur l'art hellénique, en particulier sur les sculptures qu'il pouvait admirer à sa ciété en la nouvelle Glyptothèque. Une fois diplômé, il prit la route de Nuremberg en 1858, puis la route de Rome 4 ans plus tard. Là, il découvrit l'art égyptien, puis byzantin pour lesquels il se passionna immédiatement d'amour fou. Il en fut si chamboulé de partout, pour vous dire, qu'à sont retour en Allemagne, il en écrivit ses impressions fascinées dans un carnet de notes, carnet publié plus tard sous l'appellation "Zur Ästhetik der Beuroner Schule" (Braumüller, Wien und Leipzig, 1898).
En 1868, il sonna pour la première fois à la porte de l'abbaye de Beuron, afin d'y trouver le calme et la tranquillité nécessaires au repos de l'esprit hachis-compoté par tant de splendeur (cf. le syndrome de Stendhal). Une fois reposé peinard, malgré son esprit créatif toujours en ébullition, il prit la route de Berlin, capitale mondiale des arts depuis la nuit des temps. Là, il rédigea ses canons du corps humain (cf. plus loin), fondation fondamentale de l'art beuronien et première pierre de toute la construction artistique de Dédé "Lenz".
En 1872, Pierre sonna une seconde fois à la porte de l'abbaye de Beuron, pour en être chassé peu de temps après par les reformes bismarckiennes. En effet, à partir de 1871 (création de l'Empire allemand), Bismarck (protestant) commença à s'acharner sur les catholiques. Nombreuses congrégations furent alors foutues à la porte du pays (en particulier les Jésuites, chieurs de première classe qui furent foutus plus que les autres à la porte du pays), et leurs biens furent confisqués. L'abbaye bénédictine de Beuron n'échappa point à la purge, aussi ses membres se dispersèrent dans le monde. Pierre "Lenz" trouva alors refuge au coeur même de la civilisation bénédictine, dans l'antre sombre de St Benoît, en la fabuleusement mythique abbaye du Mocassin. Pour l'anniversaire des 1400 ans de la naissance de St Benoît, il réalisa céans plusieurs fresques d'envergures monumentales. Puis le 15 août 1878, jour de l'assomption, "Peter Lenz" fit ses voeux (de noviciat?) et prit le nom de Desiderius (Dédé) sur le mont Cassin. 11 ans plus tard, il fut promu au grade de sous-diacre (genre de caporal-chef chez les cathos), et c'est tout. Dédé "Lenz" ne fut jamais prêtre, ni sous-officier.
En 1880, les beuroniens furent appelés à Prague par le fameux cardinal Schwarzenprout (outre qu'il ait fait béatifier St Agnès de Bohême dont on a fêté toute l'année dernière les 800 ans de sa naissance, il a surtout failli se croûter grave dans les escaliers de devant la chaplette de la visitation de "Rokycany") et s'établirent au monastère d'Emmaüs. Je ne vous en dis pas plus, parce que comme dit et répété, je vous en prépare une publie (sur Emmaüs). En 1891, l'abbaye de St Gabriel fut terminée, et l'église de l'annonciation encore humide attendait d'être décorée. Ce fut un appel que Dédé ne put refuser. Parenthèse: bien que tout le monde appelle notre église St Gabriel du nom de l'abbaye, c'est de "l'annonciation à la vierge Marie" qu'elle s'appelle officiellement ("zvěstování Panny Marie"). Vous trouverez d'ailleurs sur le mur gauche de la nef principale le texte "Ecce Ancilla Domini. Fiat mihi secundum Verbum tuum" (le curé: "voici la servante du seigneur", les bigots: "qu’il me soit fait selon ta parole") qui n'est autre que l'angélus ("nuntiavit Mariae"), prière de l'annonciation à Marie (le 25 Mars). Notez pour rigoler, que Marie eut une gestation de 9 mois exactement, jour pour jour avant la naissance de p'tit Jésus (du 25 mars au 25 décembre). Insémination spirituelle (grâce au St Esprit), grossesse aux p'tits oignons réglée comme du papier à musique suisse par dieutouppuissant, puis accouchement à terme et dans la rigolade d'une étable bien chauffée au gaz naturel de la bête domestique. Mois j'dis que ça sent le projet signé Accenfoutre :-)
Bon, mais ce n'est pas spécialement important, juste afin que vous le sachiez, le nom Gabriel versus la non-ciation. Et donc Desiderius s'en donna à coeur joie, et pris d'un élan suprême de créativité artistique, il réalisa ici un de ses chefs-d'oeuvre d'inspiration égyptienne, une pietà monumentale que les amateurs d'art beuronien nous envient à travers le monde entier. Touchées par la grâce de Ste Croûte, muse de la peinture (mais parfois aussi Polymnie, parfois Dondera), les frangines bénédictines de St Gabriel devinrent au fil des années les disciples de Desiderius, et ce sont elles qui terminèrent le barbouillage de notre édifice praguois. En effet, en 1899, Dédé retourna au mont Cassin, afin d'y décorer la crypte de St Benoît et de Ste Scholastique, autre chef-d'oeuvre beuronien, et d'agrémenter le monastère de sculptures et mosaïques de même style (Beuron) que les imbéciles étoilés d'outre-Atlantique n'eurent aucune honte à faire réduire en poussière lors de la seconde guerre mondiale. Ensuite, en 1913, Pierre Desiderius "Lenz" retourna en l'abbaye de Beuron. Il y vécut encore 15 ans, cependant compte tenu de son grand âge, sans réel débordement de création artistique. Le 28 janvier 1928, Desiderius s'éteignit dans la paix du seigneur à l'âge de presque 96 ans, laissant derrière lui un courant artistique original et unique: l'école des arts de Beuron.
Alors afin de rendre à ces Zards ce qui est assez zard, je me dois encore de vous préciser que parmi les fondateurs de l'école des arts de Beuron, se trouvaient en plus de Desiderius, 2 autres bougres: "Gabriel Wüger" (1829-1892) et "Lukas Steiner" (1849-1906). Mais je ne vous dirai rien sur ces 2 là, parce que la postérité n'a pas retenu grand chose d'eux, et qu'ensuite, parce que je souhaite faire une publie courte, contrairement à la dernière.
Ah oui, et aussi, en 1926 fut tourné un film intitulé "Der Meister von Beuron", dans lequel le maître en personne figura. Et encore ci-joint un dessin, une peinture et une photo du maître à différents stades de sa vie.
Le canon beuronien
Bon, mais c'est quoi les principes, les règles de l'école d'art de Beuron me demanderez-vous? Ben justement, j'y arrive. Déjà petit, "Peter Lenz" était fasciné par les mathématiques, et plus particulièrement par la géométrie qui, comme qui dirait, que c'est de la peinture aussi mais à la règle et au compas plutôt qu'au pinceau. En grandissant, notre gaillard s'embondieusardisa, voyant la preuve de l'existence de bondieu dans la nature et dans le simple. Et en combinant ces 2 éléments Dédé, redécouvrit le nombre d'or qui devint l'une des caractéristiques principales de son art. Alors le nombre d'or c'est quoi? Je vous laisse le lire sur Wikipédia parce que pour une fois, et c'est suffisamment remarquable pour être signalé, l'article est correctement complet, et proprement expliqué. Notez surtout les rapports des longueurs entres-elles, dans les triangles, dans les rectangles puis dans les cercles. C'est justement toute cette géométrie qui fut utilisée par "Peter". Ensuite notez que malgré la complétude de l'article, nulle part, mais pas une seule fois ne sont mentionnés ni Beuron, ni "Lenz". Et surtout notez, et c'est hyper important ici, une sorte de conclusion: "Il (le nombre d'or) est érigé en théorie esthétique et justifié par des arguments d'ordre scientifique ou mystique: omniprésence dans les sciences de la nature et de la vie, proportions du corps humain ou dans les arts comme la peinture, l'architecture ou la musique". Alors il est prouvé que le cerveau humain, par l'intermédiaire des yeux, est tout particulièrement attiré par certaines proportions, géométries, symétries, qui sont naturellement présentent dans la nature et qu'il (le cerveau) considère comme familières, spontanées, vraies, faisant partie de la vie. Genre l'arrangement des pétales des fleurs, l'écartement des feuilles des plantes, la spirale des coquilles des scargots (quand je vous dis que le romantisme c'est d'un chiant. Ouvrez un magazine pour homme, et vous saurez de quoi je parle en terme de proportion)... Ben tout ça, et encore plus, les hommes (scientifiques mais pas que) ont essayé de le comprendre, de l'expliquer et de la retranscrire. Le résultat en est le nombre d'or: un plus racine de cinq le tout divisé par deux. Et ce qu'il a de fabuleux avec celui-là, c'est la quantité de disciplines dans lesquelles il apparaît: science de la nature, chimie, corps humain, astronomie, physique, géométrie, peinture, sculpture, faisage de vaisselle, cuisine chinoise... Et justement, de par sa remarquable présence de partout d'à ce qui touche notre quotidien de tous les jours, le mathématicien et bon pote de Leonard De Vinci "Luca Pacioli" a appelé le nombre d'or "la divine proportion" (cf. son ouvrage du même nom). Maintenant que le monde soit mathématique, no surprise: sagesse 11:20 "car Dieu a tout créé avec mesure, nombre et poids". Et voilà.
"Peter Lenz" redécouvrit, ou plutôt remit au goût du jour le nombre d'or, donc. Selon ses principes, l'art doit se suffire du simple, et composer de formes élémentaires. Plus simple est le regard de l'artiste, plus se rapproche-t-il du créateur et d'autant plus de valeur possède son oeuvre. Hum, alors moi j'dis que ça se discute. Je sais que mon mentor professionnel n'avait également de cesse de me répéter "keep it simple", mais personnellement, je pense que parfois, pas toujours non plus bien évidemment, mais de temps à autre, surtout dans l'art, il est bon par moment épisodique de faire compliqué, très compliqué, histoire d'huiler le mou, remuer la pulpe, et purger les boyaux du plafonnard de toutes les imbécilités primitives et révolues qu'il contient. Mon mentor disait encore "qui n'avance recule", ben ouais, mais on ne peut pas avancer avec toujours la même chose, faut du changement, du neuf, du différent, non?
Bref, l'art Beuronien peut être considéré comme un art hiératique (style, perspective, symbolique) extrêmement coloré, inspiré des peintures antiques égyptiennes, babyloniennes, grecques et byzantines. Et cette particularité du retour aux sources ne s'appliquait pas spécifiquement qu'à la peinture, mais également à l'écriture, au chant, à l'architecture, à la sculpture, à la menuiserie, jusqu'à la bijouterie, lorsqu'en 1903 fut ouvert à Beuron un atelier d'orfèvrerie. Notez par exemple quelques lettres caractéristiques en écriture (cf. mes photos): le U s'écrit comme un V, comme en latin. Le E s'écrit comme un 3 retourné à l'envers de la tête aux pieds. Le G en forme de @, ou plutôt en forme de 6 non refermé. Les panses (courbures) ne collent pas aux fûts (barre vertical gauche) dans les lettres B et R. La traverse (barre horizontale) du A est coudée, et la lettre ressemble au symbole franc-maçon, le compas et l'équerre.
Alors maintenant les règles mathématiques. Pour info, je vous ai trouvé un fabuleux article sur les canons de l'art égyptien, pour vous montrer oh combien c'est compliqué (et pourtant on n'avait pas encore inventé bondieu à l'époque). Beuron s'inspire d'une certaine façon de ces complexités. Pour faire simple, et selon notre guide dans l'église, la taille de l'homme égyptien doit être égale à 19 fois la taille de son majeur (doigt). Selon Michel-Ange (oui, ok, c'est plus Egypte, mais renaissance), la taille de l'homme Michel-Angélique doit être 8 fois la taille de sa tête. Notez que Michel-Ange s'est inspiré de Polyclète (oui, ok, c'est plus renaissance, mais Grèce antique) dont la taille de l'homme idéal est de 7 fois la taille de sa tête (3 têtes = 1 torse = 1 jambe, soit 1 torse + 1 jambe + 1 tête = 7, QED). Puis vous avez encore Vitruve, Cesare Cesariano, Da Vinci, Albrecht Dürer (non seulement peintres pour les 2 derniers, mais mathématiciens également) et bien d'autres qui s'essayèrent à mathématiser tout l'art qu'ils pouvaient. Et maintenant donc Beuron, et le canon de Dédé "Lenz".
Tout commence par un cercle. Le cercle de la vie, la naissance puis la mort. Et le cercle est fermé. Sur ce cercle de la vie sont posés trois points, équidistants, les 3 stades de la vie: jeunesse, maturité et vieillesse. Ils sont représentés par un triangle équilatéral... alors je ne vais pas vous faire toute la philosophie du canon, sinon j'aurai jamais fini mon repassage à temps, mais je vais par contre vous montrer de comment que ça marche, le dessin à la Beuron-art. Vous pouvez suivre la démonstration sur cette page Internet, mais c'est en Tchèque, alors je vous l'explique en Français. Vous prenez un cercle de taille moyenne, ni trop grand, ni trop petit, fraîchement acheté au marché. Dans ce cercle vous inscrivez un triangle équilatéral la pointe vers le bas, la base horizontale vers le haut. Dans l'espace entre le côté horizontal du triangle et le cercle, vous inscrivez un autre cercle plus petit. C'est la tête (image 1). Vous inscrivez dans le premier cercle un autre triangle équilatéral, à l'envers du premier triangle, et vous obtenez une étoile des brasseurs (ou de David, i.e. sceau de Salomon). Dans le centre de cette étoile, vous inscrivez un autre cercle, et dans ce cercle un autre triangle équilatéral la pointe vers le bas. Vous avez le torse. Les intersections hautes entre ce dernier triangle et le cercle (point A sur la 3 ème image) représentent les articulations des bras. De même que vous avez fait la tête avec un petit cercle en haut du premier triangle, vous faites un autre petit cercle en bas du second triangle, dans lequel vous inscrivez un petit triangle équilatéral la pointe vers le haut. Les intersections basses entre ce petit triangle et le petit cercle (point O sur la 3 ème image) représentent les articulations des jambes avec la hanche. Et voilà, vous avez le début d'un squelette parfait selon le canon de Beuron. Alors je n'ai pas pu m'empêcher de faire l'expérience, du coup j'ai pris mon compas, ma règle et mon PowerPoint, et hop, ci-joint le résultat (cf. mes photos): sa vou plé, sé moa ki lé fé. Et encore mieux, je vous ai trouvé quelques essais d'adaptation du canon de Beuron sur des peintures célèbres (cf. mes photos, tirées de "l'idéal moderne selon Charles Baudelaire et Théodore Chassériau", par Xavier de Harlay). Alors ni Da Vinci ni Chassériau ne se sont inspirés de Dédé "Lenz", parce que décédés un peu auparavant quand même, mais ça donne cependant une bonne idée de ce que le canon de Beuron colle parfait en terme de proportion sur des toiles classiques (et c'est pas un hasard).
L'église de l'annonciation à la vierge, quae St Gabrieli vulgo appellant
Le 23 avril 1891, le complexe St Gabriel fut donc terminé, puis consacré au goupillon et au sac à main qui fume par le cardinal "František Schönborn", encore simple archevêque de Prague à l'époque. Ensuite l'on farcit le reliquaire de fondation des restes de 3 saints patrons tchèques: St Adalbert, St Jean Népomucène, et Sv Venceslas, et hop, restait plus qu'à cuire à feu doux. Composée de 2 nefs, l'église orientée d'Ouest en Est est longue de 26 m et large de 13 (comme ma belle-mère). La nef principale est plate de plafond, en bois, donnant l'illusion d'un espace immense, tandis que la nef secondaire moins haute, dite chapelle de St Benoit, est voûtée. D'extérieur, le visiteur ne peut manquer la tour carrée de 3 étages, haute de 43 m et terminée en flèche triangulaire (nettement moins élancée qu'une flèche gothique). Le tympan d'entrée dans l'église est décoré des statues de St Benoît et de Ste Scholastique.
En 1891, Desiderius "Lenz" débarqua à Prague avec son novice Jan Verkade (cf. plus loin), et en 1895 commença le peinturlurage de l'église. Sont représentés des saints, des scènes bibliques, des légendes de St Benoît, le tout richement rehaussé de frises ornementales comme de citations latines. Et parmi les nombreuses fresques dedans notre église, la pietà se distingue tout particulièrement. D'abord parce qu'il s'agit d'une oeuvre de longue haleine, que Desiderius souhaitait réaliser depuis longtemps, ensuite parce que l'histoire... enfin z'allez voir. La première ébauche de la pietà "lenzienne" date de 1864. En ces temps notre artiste en était à ses débuts, et sa créativité exubérante n'avait pas encore trouvé l'assise, la maîtrise nécessaire à l'élaboration d'un chef-d'oeuvre. Une première tentative de réalisation advint lors de son premier séjour en l'abbaye du Mocassin, mais la modernité de l'art à Dédé se heurta au conservatisme de l'abbé (nédictin) formalisé par un refus catégorique et sans appel. L'artiste revint donc à la charge d'avec son chef-d'oeuvre auprès des frangines de St Gabriel. Comme dit, non seulement celles-ci admiraient l'art du maître, non seulement elles lui accordaient leur entière confiance dans la réalisation des fresques, mais de plus et surtout, la mère supérieure "Adelgundis Berlinghoff"... enfin lisez, c'était à la une de Voici en 1894. Ce fut donc un oui, catégorique et sans appel aussi. Desiderius se mit donc à la tâche, et réalisa entre 1895 et 1896 ce que vous pouvez voir sur mes photos. Alors elles (mes photos) sont vraiment pas top, je vous l'accorde, mais la visite eut lieu après la messe, et l'église était encore noyée dans un brouillard d'encens du tonnerre de d'là, délire total qu'on n'y voyait keud dans l'appareil. Bref, l'oeuvre terminée, les frangines (et tout particulièrement "Adelgundis") furent subjuguées, et le Champomy coula à flot.
Puis tomba la douche froide... glacée. Fin 1896, les bulles du Champomy parvinrent aux oreilles de l'archevêque de Prague "František Schönborn", lequel s'invita à la partie des frangines, histoire de tâter de la cacahuète, du bretzel et de l'amuse bouche (bien qu'à la dernière nouba, il trouva fort épicée la bête au curry). Tu parles, quand on est archevêque, on ne se gondole pas tous les jours comme un bossu. Alors lorsque les frangines font péter du bouchon de liège, faut manquer l'éclate pour rien au monde. Lorsqu'il vit la pietà à Dédé, il en échappa sa flute par terre, s'étouffa des cacahuètes en travers de la gorge, puis remis de ses convulsions, prononça quelques paroles dont la postérité a préféré oublier la teneur. Ce qui est cependant avéré, c'est que le soir même, l'abbé d'Emmaüs "Benedikt Sauter" (l'abbaye de St Gabriel était vassale -sous supervision- de l'abbaye d'Emmaüs) rampait à plat vendre sur le lino de l'archevêché en robe de pénitent qui gratte dru, se flagellant le dos d'une main et couinant le mea maxima culpa de l'autre. "Sacré nom d'un foutre céleste" hurlait l'archevêque "c'est quoi cette monstruosité apocryphe dans l'église St Gabriel?" Le lendemain, la tempête calmée, Bénédict se rendit chez les frangines, et suggéra d'occulter l'oeuvre d'un drap, en attendant que l'art beuronien devienne à la mode, ou que l'archevêque ne décède (ce qui du reste advint 3 ans plus tard). Et pour l'anecdote, lorsque les fidèles se rendaient aux offices, ils rigolaient en voyant le linge: le bout de la tresse est caché par un pieux voile.
Mais en Juin 1897, l'architecte constructeur de l'abbaye, devenu abbé-primat de la confédération bénédictines, "Hildebrand de Hemptinne", rendit visite à St Gabriel, et invité par la mère "Adelgundis" à se prononcer sur l'oeuvre controversé, s'exclama "j'ai vu mieux, mais ça ne mange pas d'hostie". Confortée par cette réponse de Normand, la frangine supérieure considéra l'appréciation comme positive et fit péter le linge. Il fallut plus d'un an afin que l'affaire n'arrive aux oreilles décrépites de l'archevêque, qui en novembre 1898, se fit à nouveau convoquer le pauv' Ben, se traînant depuis l'abbaye d'Emmaüs jusqu'à l'archevêché, à genoux sur des tessons de bouteilles une croix expiatoire sur le dos (3,5 Km, plus la côte dans la rue "Nerudova"). Ce fut à nouveau une volée d'avoine pour l'abbé d'Emmaüs.
Après ce nouveau ramdam, "František Schönborn" se dit hourra, l'abbesse flanche. Mais bien au contraire, en fine guêpe, icelle informa le pauv' Ben que l'occultation ou non de la pietà d'à Dédé n'était point de son ressort, et qu'afin de résoudre ce différent, l'on irait demander son opinion à l'abbé-primat de la confédération bénédictine ("Hildebrand de Hemptinne"). L'affaire prenait une tournure malsaine et démesurée. Bénédict joua alors la carte du temps, laissa passer Noël et la St Sylvestre. Puis l'archevêque attrapa les oreillons en Janvier, et finalement, fin Juin 1899, foutut la paix pour toujours avec l'affaire de la pietà de Desiderius "Lenz" en décédant de mort naturelle.
Rapide parenthèse. Petr "Lenz", comme pas mal d'autres, avant comme après, ont fait une analogie entre la vierge Marie chrétienne et la déesse Isis égyptienne. Sans entrer dans les détails, parce qu'il y a autant de pour que de contre (googlez le), il est indéniable qu'Isis eut sur notre beuronien une influence considérable dans ses représentations de Marie. Il sculpta en particulier une Isis-Madonna pour l'abbaye bénédictine de "Reichenau" sur le lac de Constance, qui devait servir de mascotte lors des processions. Elle fut tellement adulée par certains (en particulier par "Jože Plečnik", cf. plus loin), qu'on en fit plusieurs copies en bronze dont 3 dernières en 2006. Je vous en ai trouvé une photo dans la revue des amis de l'abbaye de Beuron, page 18. Fin de parenthèse.
L'autel principal consacré à la vierge Marie représente également une oeuvre majeure de notre église. La madone à nouveau d'inspiration égyptienne (Isis) son Jésus assis sur les genoux trône dans un cercle d'or incrusté dans un carré indigo plein d'étoiles célestes. Tout autour l'on peut lire "Qui me invenerit, inveniet vitam, et hauriet salutem a Domino" (Celui qui m'aura trouvé, trouvera la vie, et puisera son salut de la bonté du seigneur, proverbes 8:35). De 2 doigts de la main gauche, Marie tient sa toge. De 2 doigts de la main droite, elle tient un werkschlürpbrecheistigköcht, sorte de coton-tige ancestral (aujourd'hui handelsüblicheswattestäbchen) utilisé à l'époque de Jésus aux mêmes fins qu'actuellement. En haut se trouve un Christ pantocrator, avec la mention "Ego sum qui sum" ("je suis qui je suis, et qu'est-ce que ça peut t' fout' d'abord" répondit bondieu, lorsque Moïse lui demanda "et t'es qui toi?", cf. Exodus 3:14). Notez que normalement, c'est bondieu qui dit ça, alors que le Christ, lui, il ne dit rien à ce moment parce qu'il n'existe pas encore (Moïse est né quelques 1500 ans avant Jésus). Mais comme bondieu, Christ et monsieur St esprit, tout ça c'est dieutouppuissant sous des formes différentes, on va faire comme si Christ aurait pu dire "je suis qui je suis, et viens pas m'encombrer la tête avec tes questions idiotes". Et enfin le mur gauche de la nef principale, en haut, représente des saintes de l'ordre bénédictin: entres-autres Ste Cunégonde (de Luxembourg), Ste Adelaïde (de Bourgogne, un autre, pas le bois de...), Ste Hildegarde (de Bingen), Ste Ida (de Boulogne), ou encore Ste Erentrude (de Salzbourg), la premier abbesse de l'abbaye de "Nonnberg", d'où provenaient nos premières nonnes d'à Prague. Notez que la plupart de ces moniales fondirent des abbayes, ce qui, en ces temps, était nettement plus remarquable que de tricoter des chaussettes en laine pour les pingouins de l'arctique.
Maintenant une autre anecdote. Lorsque les frangines vendirent l'abbaye en 1919, elles emportèrent avec elles la plupart des objets de valeur, en particulier le mobilier de l'église, afin de fournir leur nouveau nid d'amour, en l'occurrence le château de "Bertholdstein" en Autriche du Sud aux frontières de la Slovénie et de la Hongrie. Et hop, de suite une parenthèse qui s'impose. Les bénédictines partirent de leur plein gré, et ne furent aucunement expulsées comme le clame l'article de Wikipédia. Seul un parfait imbécile d'envergure cosmique eut pu écrire une couillonnerie aussi monstrueuse. J'ignore d'ailleurs où l'imbécile trouva sa source, car ni dans la version Wiki allemande ("Nach dem Ersten Weltkrieg zog die überwiegend deutschsprachige Schwesterngemeinschaft auf die Burg Bertholdstein in der Nähe von Fehring", "zog" prétérit de "ziehen", tirer dans le sens premier, mais également déménager, partir vers, migrer) ni dans la version anglaise ("After World War I, the predominantly German-speaking community relocated to the castle at Bertholdstein in Styria", "relocated" prétérit de "to relocate", déménager, s'installer ailleurs) l'expulsion n'est aucunement mentionnée. Après la défaite de la première guerre mondiale et la naissance de la Tchécoslovaquie en 1918, nombreux citoyens de langue allemande décidèrent de partir pour la nouvelle Autriche (enfin ce qu'il en restait), considérant que les nouveaux pays nés du démantèlement de l'empire austro-hongrois n'étaient pas les leurs. Mais c'était leur choix, aucunement une expulsion. Et j'en veux pour preuve le fait que les frangines vendirent leur abbaye et emportèrent leurs biens. Dans le cadre d'une expulsion (cf. les Sudètes à la fin de la seconde guerre mondiale), les choses se seraient passées totalement différemment. Alors me direz-vous pourquoi ne corrige-je pas directement l'article dans Wikipédia? Laissez-moi justement vous narrer une histoire.
Lorsqu'il y a déjà quelques années, je découvris que l'article traitant de St Venceslas avait pour titre "Venceslas 1er de Bohême", je me sentis dans l'obligation d'apporter un nécessaire complément dont la teneur à mon sens justifiée sonnait ainsi: "Attention à ne pas confondre Saint Venceslas (907-935) et Venceslas 1er (dit le borgne, 1205-1253). Le premier était prince/duc de Bohême et saint, l'autre était roi de Bohême et borgne (mais pas saint). Quelques 250 ans les séparent." Cette information est restée moins d'une semaine, avant qu'un autre imbécile hautement qualifié et mandaté du statut d'administrateur du site ne considère cette ligne comme totalement inutile et non avenue. Âne bâté, sache que notre Saint Venceslas n'a jamais été considéré comme premier (contrairement à Louis n'oeuf), mais comme saint tout court (comme lui, Louis). Il fut d'ailleurs considéré saint dès le début de ses légendes puisqu'il fut canonisé seulement quelques années après sa mort. Cependant il ne fut jamais considéré comme premier, même pas un millénaire plus tard. Jamais, mais alors vraiment jamais je n'ai entendu parler de "sanctus Wenceslaus primus". C'est une totale ineptie qu'il me semblait important de signaler au lecteur francophone. Ben non. Inutile et non avenue ma ligne. Depuis, je refuse de perdre mon temps et d'apporter ma contribution à Wikipédia.
Bref, lorsque les frangines quittèrent Prague en 1919 de leur plein gré, elles emportèrent avec elles la grille dorée dite PAX (mot présent sur toute la longueur de la grille) entourant la chapelle St Benoît. Elle fut installée à "Bertholdstein" autour de la cabane à coeur au fond du jardin afin que les frangines noctambules n'aillent pas se croûter de la falaise par nuit sombre sans lune. Pis en 2008, les bénédictines furent expulsées de "Bertholdstein" avec défense d'emporter leurs biens (vous voyez comme c'est facile d'écrire des couillonneries sans fondement), aussi elles renvoyèrent vers son lieu d'origine la fameuse grille (PAX), qui, une fois restaurée, retrouva sa place en l'église St Gabriel de Prague (cf. mes photos). Et pas que la grille PAX qu'elles renvoyèrent, elles renvoyèrent également d'autres artefacts beuroniens particulièrement précieux de par leur rareté, et qui sont également visibles aujourd'hui (en l'église).
Alors dans la chapelle St Benoît est représentée une fresque de...? Eh ouais, de St Benoît et de sa frangine Scholastique. La scène s'intitule la dernière rencontre, qui selon la légende... Scholastique, comme son frère Benoît, sombra dans la bigoterie monumentale, et entra au couvent, à quelques arrêts de tram seulement du mont Cassin où vivait sont frère. Ils s'aimaient beaucoup (platoniquement), se comprenaient, regardaient les mêmes séries à la télé et partageaient les mêmes opinions politiques sur l'avenir de l'Europe. Mais vachement occupés par les prières, ils ne se voyaient qu'une fois par an (à la Ste Gudule selon ma femme de ménage). Leurs rencontres étaient passionnées, pleines de discussions hautement philosophiques, et Scholastique appréciait tout particulièrement les points de vue de son frangibus sur le quinquennat de Sarkozy. Pis un jour, à la Ste Gudule, après avoir débattu longuement de la prestation de François Hollande à la téloche sur les 60 propositions pour changer la France, St Benoît dit: "bon, ben c'est pas tout, hein, faut que j'aille me coucher avant que les poules muent". "Ah ben non alors" dit Scholastique vachement déçue, "reste encore un peu, quoi. Tu sais quand c'est la prochaine Ste Gudule?" "Dans un an?" répondit Benoît. "Non non, sans dec j'peux pas, demain j'suis de corvée d'oignon au p'tit-déj, faut vraiment que j'y aille". Alors sa soeur se mit en prière et bientôt un orage éclata, empêchant tout départ, même avec un parapluie ou un ciré. Benoît lui dit alors: "ben flûte, qu'as-tu fait?" Elle lui répondit: "je t'ai prié de rester et tu as refusé. Alors, je me suis adressée à bondieu et il m'a exaucé". Ils prolongèrent toute la nuit leur entretien spirituel, ponctué d'engueulades parce que quand même, des trucs pareils, ça ne se fait pas entre frère et soeur presque jumeaux. Puis ils se quittèrent à l'aube, pratiquement aux aurores, lorsque Scholastique pria à nouveau bondieu afin qu'il fasse beau temps, 25C° minimum, et que des perdrix farcies grillées tombent du ciel dans la bouche des croyants. Scholastique mourut trois jours après cette ultime rencontre, et fut inhumée dans le tombeau que Benoît avait prévu pour lui-même. Quatre ans plus tard, il la rejoignit, cette fois-ci revêtu d'un ciré, et d'un parapluie à la main.
Eh bien c'est cette scène qui est illustrée dans la chapelle St Benoît de l'abbaye St Gabriel de Prague. Y a juste que je ne me souviens plus si cette fresque et de Desiderius, ou de "Gabriel Wüger". En fait, pendant que la guide expliquait le qui de quoi, je faisais des photos, et j'avoue humblement ne pas avoir écouté assidument les explications, andouille que je suis. En plus je ne vous ai pas photographié la scène complète, parce qu'un troupeau de visiteurs encombrait l'espace. Vous n'avez donc que la fin de la scène en photo, lorsque St Benoît couche Ste Scholastique morte dans le trou qu'il avait prévu pour lui-même. Sinon dans cette chapelle se trouvent encore un flambeau, un crucifix, un agenouilloir (pour s'agenouilloirer) et un agenouilloir de confession (pour s'agenouilloirer et se confesser en même temps, pour gagner du temps). Tous ces artefacts sont d'origine, de style beuronien, et confèrent ainsi à la chapelle un aspect originel, unique, et typique de l'art de Beuron. En dehors de la chapelle St Benoît, mais dans l'église toujours, se trouvent aussi d'autres pièces d'art beuronien. Par exemple les statues de part et d'autre de l'autel, une Ste vierge et un St Gabriel, en marbre blanc. Elles sont attribuées directement à Desiderius. Ou encore les chaises d'origine, tatouées "Sct Gabriel 1895", ou encore et toujours un pupitre en bois en forme de faucon (vous connaissez l'histoire du faucon et de l'abbesse?).
Maintenant en marge du scientifique et mathématique, un peu d'ésotérique quand même. L'abbaye, et tout particulièrement l'église de l'annonciation à la vierge, seraient soumises à une forte radiation psychotronique (non maman, ce n'est pas cancérigène... encore que...). Lorsque les frangines quittèrent l'abbaye en 1919 pour l'Autriche, elle desénergétisèrent (dévitaliser en énergie) le complexe à l'aide de... enfin je ne peux pas vous le dire, c'est un secret, lisez (googlez) les énergies de la terre, les secrets des templiers et dieu versus les extraterrestres. Et il semblerait que les personnes physiquement sensibles à la négation énergétique ou à la réclusion des forces psychotroniques ressentiraient des douleurs, enfin de fortes pressions au niveau du plexus solaire ("plexus solaris"). Il est donc fortement recommandé à ces personnes sensibles de ne pas prolonger leur séjour dans l'église au-delà d'une demi-heure, au maximum 30 minutes. Personnellement j'y suis resté plus d'une heure, et j'avais juste envie de faire caca (mais je pense que c'était lié à mon goulasch du midi plutôt qu'aux énergies négatives).
Moins ésotérique mais curieux toujours, les galeries souterraines. Alors vous n'êtes pas sans savoir que Prague est trouée comme le ministère Grec des finances? Mais ce n'est pas spécifique à Prague. Rome, Paris, Londres, toutes les villes "anciennes" possèdent leurs propres catacombes, égouts, caves, passages secrets creusés à travers les siècles afin de créer une véritable ville sous la ville. Ben sous notre abbaye St Gabriel, il passe une galerie depuis le monastère de Strahov, en passant par Petřín, par les jardins Kinský, sous l'ancienne abbaye du sacré coeur d'à Jésus, vers la rue des chartreux, puis sous l'ancienne abbaye (des chartreux) disparue depuis les guerres hussites, se trouvant avant sur l'actuelle place "Arbesovo náměstí" jusqu'au fleuve, qu'elle passe la galerie. A quoi servait-elle? Ou plutôt à quoi servaient-elles, parce qu'au début, y en avait une, de galerie, puis 2, puis encore plus, puis elles se rejoignirent, puis elles formèrent une seule galerie... Au début ces galeries servaient d'approvisionnement en eau. L'eau s'écoulait de la colline (Petřín) jusqu'à "Malá Strana", dans les puits ou les fontaines. Ensuite elles servaient aussi à l'exploitation du charbon, ce que l'on nomme ici le charbon de craie ("křídové uhlí"), sorte de houille locale peu combustible et concentrée en sulfure. Il s'agissait soit de galeries principales (pour l'exploitation), de galeries d'écoulements (afin que la galerie principale ne soit pas inondée), de galerie de test (regarde-voir s'il n'y a pas du charbon là). Certaines servaient au stockage des biens (cave à viande, cave à bière...). Certaines avaient un caractère stratégique (se planquer pendant les invasions, ou carrément fiche le camp en dehors de la ville en passant sous les murailles). Bon, et selon les légendes, et je dis légendes parce que comme l'abbesse "Adelgundis", personnellement j'y crois pas aux galeries toutes reliées, c'est un mythe (et on ne parle pas de mythe à l'abbesse), donc selon les légendes, ces galeries sous St Gabriel arrivaient en d'autres édifices appartenant à l'ordre (ou à l'église), d'où qu'on pouvait encore emprunter d'autres galeries, etcétéra et ainsi d'suite, jusqu'à passer sous le fleuve Vltava et rejoindre l'abbaye d'Emmaüs, alors bénédictine de Beuron. T'imagines, la plupart des abbayes de Prague reliées entres-elles par des galeries souterraines? Délire. Je me pencherai sur ce sujet des galeries un jour, quand j'aurai le temps.
Géniture, contagion et éclaboussement
Alors parmi les contaminés par l'art beuronien, il est indispensable de mentionner tout d'abord Jan Verkade (i.e. Willibrod Verkade). Je ne vais vous en parler que dans le cadre de l'abbaye St Gabriel, car pour le reste, je vous laisse lire l'article sur Wikipédia. Et notez comment Jan voyageait en Tchécoslovaquie vers 1902, avant la première guerre mondiale. Mais à nouveau, ce n'est pas moi qui vais corriger cette couillonnerie d'envergure. Jan Verkade débarqua à Prague avec Desiderius "Lenz", et participa à la décoration de notre église. Il est en particulier l'auteur de St Adalbert, de Ste Ludmila, de St Venceslas ou de Jésus en bon pasteur, une brebis sur les épaules (c'était avant qu'il ne devienne livreur de charbon).
Bref, à l'âge de 22 ans, Jan partit pour Paris, où il devint pote avec Paul Gauguin et Paul Sérusier (en particulier). Là, il découvrit le mouvement des Nabis, et fit pote avec d'autres potes comme Paul-Élie Ranson, Pierre Bonnard, Mogens Ballin, Maurice Denis, et d'autres. Mais ce qui est important, c'est que lorsque les beuroniens vinrent décorer l'église St Gabriel, Verkade en était. Il vécu quelques années à Prague. Entretenant d'importantes relations épistolaires avec son pote Paul Sérusier, celui-ci vint le rejoindre en 1896 pour quelques jours. Je vous ai retrouvé une liste de correspondances entre Verkade, Sérusier et Denis, où les bougres évoquent Prague, Beuron et la peinture beuronien. Je vous laisse lire. Ce qui est sûr, c'est que l'art beuronien ne laissa pas Sérusier indifférent, parce qu'en 1905 parut à la Bibliothèque de l'Occident la traduction de "Zur Ästhetik der Beuroner Schule" sous l'intitulé "l'Esthétique de Beuron", traduit de l'Allemand par Paul Sérusier avec une préface de Maurice Denis. Signalons toutefois que l'art de Beuron ne fut qu'une étape de la vie de Jan Verkade, et que cet aspect "mathématique" de la peinture n'est absolument pas révélateur de son style. Signalons également que Desiderius "Lenz" impressionna encore Maurice Denis qui en fit un portrait en 1904. "Un moine de vitrail, grand, majestueux, à la barbe de fleuve, fou de géométrie, et qui passait sa vie à tracer des épures d'architecture, d'art décoratif, de sculpture, de peinture, avec un compas de proportion" disait de lui Denis. Mais lui non plus ne fut pas un adepte de l'art beuronien. En fait, parmi les Nabis, seul Paul Sérusier s'enthousiasme en toute fin du XIX ème siècle pour cette esthétique, qui lui permit d'atteindre un art plus grand, plus sévère, et sacré. L'expérience de l'abbaye de Beuron, où il retrouva Verkade en 1897 et en 1899, renforça sa foi dans les saintes mesures et la logique du nombre d'or. Soucieux de répandre en France les idées du père Dédé, il abandonna en partie (après 1900), les sujets bretons pour des peintures allégoriques et religieuses, grises nostalgies des sincérités médiévales (Dictionnaire de la peinture, Larousse).
Le second personnage impressionné par l'art de Beuron et très attaché à Prague n'est autre que "Jože Plečnik", fabuleux architecte souvent mentionné dans mes publies et dont notre capitale va fêter cette années les 140 de sa naissance. En 1905, la société des sécessionnistes viennois offrit aux moines de Beuron de présenter leur art dans les locaux de Vienne. Parenthèse, je rappelle que ce que l'on nomme ici en République Tchèque comme en Autriche le style sécession ("Sezessionstil"), n'est autre que l'art nouveau pour les francophones. Prague possède plusieurs immeubles "art nouveau" d'envergure mondiale, dont la seule mention évoque chez moi un délire de superlatifs tellement j'en suis dingue. Bref, en cette époque, les sécessionnistes viennois qui avaient alors à leur tête un certain "Gustav Klimt", n'étaient pas des gens particulièrement fréquentables, aussi avant d'accepter l'invitation, l'abbé de Beuron "Placidus Wolter" envoya Jan Verkade en mission à Vienne, afin de s'assurer qu'une telle exposition n'irait pas ternir l'image des moines. Eh bien c'est à "Jože Plečnik" que revint l'honneur de convaincre les tondus d'exposer. Afin de comprendre leur art, il invita personnellement en cette époque les abbayes de Beuron ou du mont Cassin. Et une fois tout compris, il organisagença lui-même l'exposition finalement acceptée par les beuroniens. Ce fut un réel succès. Plus de 10 mille personnes virent le mélange sécession-Beuron, énorme. Et la critique ne fut pas en reste, mais cette admiration serait plutôt à mettre au compte de madame "Plečnik" qui eut la responsabilité de préparer les canapés. Ainsi le fameux critique "Ludwig Hervesi" s'exclama: "Lenz devrait être considéré comme le premier sécessionniste. Si l'on ne connaissait la datation de ses peintures, l'on aurait du mal à croire que l'on a devant ses yeux des oeuvres du début de ce siècle". Puis se tournant vers Madame, de rajouter: "c'est quoi ces petites perles noires à la saveur si particulière et dont l'odeur originale et prononcée me rappellent une amie d'enfance que j'ai bien aimée?" L'exposition de Beuron se poursuivit ensuite à Aix la Chapelle en 1907, à Düsseldorf en 1909, à Ratisbonne en 1910, puis à l'exposition internationale d'art religieux moderne à Bruxelles en 1912.
Alfons Mucha aurait lui aussi été fortement inspiré par les peintures de Beuron. L'on raconte qu'étant petit, il cherchait son inspiration en l'abbaye d'Emmaüs, où Desiderius "Lenz" laissa plusieurs de ses oeuvres majeures. Il est vrai qu'en regardant certaines de ses oeuvres art-nouveau, la géométrie pète aux yeux. Maintenant est-ce du Beuron? Je n'ai pas trouvé de preuve directe, sinon les affirmations de mes sources d'information.
Au fur et à mesure du décès des maîtres de Beuron, leur art s'essoufflait, et ne trouvait plus le moindre écho auprès des moines, ni de la population. Nul ne souhaitait poursuivre dans cette voie, et le style Beuron fut officiellement enterré à la mort du maître Desiderius "Lenz", en 1928. En 2005, l'abbaye de Beuron raviva la flamme de l'exposions viennoise de 1905, en exposant certains des artefacts qui firent alors la gloire de l'école dans le monde (cf. "Beuroner Kunst in der Wiener Secession, 1905-2005, Hubert Krins, Published 2005 by Beuroner Kunstverlag in Beuron"). Personnellement, je n'en eus pas entendu parler, aussi je ne m'y suis point rendu, et ne puis donc vous en dire d'avantage. Et pour l'anecdote, à seulement 3 km de l'abbaye de Beuron se trouve la chapelle St Maur, oeuvre de jeunesse de Desiderius construite entre 1868 et 1871. C'est la seule et unique construction de style Beuron jamais construite dans le monde. Là, tout est beuronien, de l'architecture, à la peinture, en passant par les poignées de portes, la graisse sur les gonds et le mobilier (cf. "Maurusfelsen" ou "die Kapelle St. Maurus", 48°3'15.7525''N 8°59'29.2052''E).
Et puis logue
La page de l'art de Beuron est aujourd'hui définitivement tournée. Il vécut à peine un quart de siècle, et n'eut jamais un réel écho auprès du grand public. De prime abord simpliste, plat, naïf-cucul, voire niais, sans mouvement et presque sans vie, il repoussait l'oeil du profane plus qu'il ne l'attirait. Mais à l'instar des icônes slaves ou des peintures gothiques, c'est la symbolique en arrière plan qui en faisait l'importance et la beauté. Ici c'était le nombre d'or, la proportion, et la rationalisation du trait qui comptaient. Art secondaire, style momentané, discipline spécifique, et pourtant, combien en furent influencés? Et Desiderius "Lenz", génie méconnu ou phénomène original? Sans doute un peu de tout. Il consacra sa vie à ce en quoi il croyait, c'est à dire en son canon artistique et il n'eut de cesse à le promouvoir, contre vents et marées comme contre critique et contre sarcasme. Quoi qu'on puisse penser de l'art beuronien, il fait aujourd'hui partie de l'histoire des arts, une partie certes infime mais indissociable de cette richesse de l'humanité. Et une partie remarquable de cette infime partie exceptionnelle se trouve à Prague, exactement là: 50.0751469N, 14.3964189E.
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