Il y avait dans la littérature « l’homme au masque de fer », il y a désormais « la femme au masque de chair ». Un roman plus encore psychologique que policier, avec, comme il est d’usage dans les histoires de Donna Leon, les inévitables trafics de déchets toxiques en relation avec la Camorra.
Nous revoici donc à Venise, sous la neige. Un carabinier enquête sur la mort de son informateur, un entrepreneur de transports en déconfiture. Il vient demander l’assistance du Commissaire Guido Brunetti car l’un des contacts de cet entrepreneur semble habiter à Venise. Peu après, ce gendarme auprès de l’administration de la sauvegarde de l’environnement est retrouvé assassiné dans la zone industrielle de Marghera. La routine.
Dans le même temps, Brunetti fait la connaissance d’une jeune femme étrange, Franca, une proche amie de sa belle-mère Donatella Falier. Elle est très cultivée et il passe avec elle une délicieuse soirée à discuter littérature antique : Virgile, Cicéron …. Ce qui paraît difficilement compréhensible, c’est pourquoi cette jeune femme, qui semble porter à son mari de plus de trente ans plus âgé qu’elle un amour sincère, porte les stigmates de multiples interventions chirurgicales esthétiques qui l’ont totalement transformée, alors qu’au naturel, elle était si jolie ….
Un roman dense, entièrement fondé sur la discussion à demi-mots, qui traite de la solitude des personnes intelligentes et cultivées obligées la plupart du temps de travailler auprès de personnes qui ne le sont pas. Et aussi des personnes qui éprouvent le désir profond de découvrir l’envers des choses, de mettre au jour leur cheminement complet, pour les comprendre. C’est le cas de Guido Brunetti, de son épouse Paola ….et de son père le comte Falier, qui tient aussi un rôle important dans cette nouvelle affaire.
La femme au masque de chair, roman de Donna Leon, traduit de l’américain par William Olivier Desmond , Edité chez Calmann-Lévy, 287 p., 21,50€