La vague de grand froid s’est retirée, peut-être définitivement l’avenir nous le dira, mais alors que je pensais retrouver avec plaisir mes activités extérieures c’est tout le contraire qui se produit.
Moi qui aime bien faire chaque jour une longue promenade jusque et dans le parc de Marly, voilà que je me complais à rester chez moi. Quand le froid nous est tombé sur le râble, je trouvais vivifiant de sortir. Un pull supplémentaire et une paire de gants, l’air vif et frisquet picotant le visage fouettait le sang et même si la balade était raccourcie, j’en revenais gonflé de vigueur et d’entrain.
Puis la neige est tombée, réfrénant mes ardeurs car la marche sur les trottoirs gelés de gadoue durcie et coupante m’est insupportable depuis une glissade mémorable et invalidante il y a deux ou trois ans. Alors quand la météo nous a annoncé des températures positives, ce qui a entraîné la disparition rapide des bébés congères dans les caniveaux, je me suis réjoui à l’idée de repartir en virée pédestre.
Et puis non. Depuis plusieurs jours, sans que je sache pourquoi, je préfère rester chez moi à rêvasser, lire et écrire les âneries que vous lisez en ce moment. Je ressens le temps qui s’écoule, presque physiquement parlant, comme quelque chose de palpable qui – à tort – donne l’illusion que je peux le retenir. J’ai ressorti tous les plans et clichés du Hobbit qui sommeille en moi, cocooning, thé et musique douce, fauteuil confortable et bon gros bouquin. Quand je mets le nez dehors, c’est presque contraint et forcé ou bien par un effort de volonté, afin de remuer ma carcasse dans un but hygiénique plutôt que de plaisir.
Le ciel gris et triste n’est certainement pas étranger à ce phénomène, mais il m’incite à glisser sur ma pente naturelle consistant à m’enterrer dans mon chez-moi, or je sais aussi que je ne dois pas entretenir ce penchant quasi inné, il est trop tôt, je ne suis pas encore assez âgé pour m’y abandonner définitivement.
Allez, je me secoue, je conclus ce billet et j’enfile mon manteau. Ou tout à l’heure peut-être. Et si j’attendais demain ?