- La crise actuelle réinscrit une fois de plus le pays dans ce démon politique qui caractérise sa sortie avortée de la dictature. D’un côté, les tenants d’un passé plus glorieux (en apparence du moins) qui avaient été forcés de faire le dos rond depuis des années, les deux tentatives pour sortir de force Aristide leur ayant glissé entre les doigts. Leur retour au pouvoir est plutôt compliqué, il leur manque trop d’outils pour œuvrer en paix, et reprendre le temps perdu. Ils ont perdu l’expérience du jeu politique et sont impatients, ils accumulent donc les erreurs. De l’autre, ceux qui ont profité des années lavalassiennes (le duo politique Aristide-Préval) pour s’approprier du gros bout du pouvoir législatif (on n’a qu’à l’impact du CEP) et contrôler la constitution, ou du moins ce qu’il en reste. Ceux là ont ce qu’il faut de munitions pour maintenir encore longtemps un rapport de force à leur avantage. Imagine qu’actuellement, ils sont les seuls à pouvoir offrir au président la tête du premier ministre … On appelle ça tenir quelqu’un par les couilles !!
- Et comment on se sortira de la crise ?
- On ne s’en sortira pas, ceux qui détiennent le pouvoir actuellement, qui contrôlent les deux chambres et qui ont la constitution pour eux, n’en n’ont aucun intérêt. Ils sortiront toujours vainqueurs de cette tension et leur nouvel adversaire est idéal. Son impulsivité et son peu d’égard face aux prescrits d’une démocratie moderne (tu n’as qu’à penser à la notion de séparation des pouvoirs) en font une proie trop facile. Ce sont ceux qui l’ont installé à la présidence afin de reprendre le temps perdu depuis le départ de Duvalier qui devront trouver une solution.