Le bio made in US à la conquête de l’Europe…

Publié le 18 février 2012 par Carocahors

Les Etats-Unis sont le premier pays producteur mondial de produits bio. Si jusqu’à présent, ils peinaient à pénétrer le marché européen en raison d’une législation qui les réfrénait, depuis le 15 février dernier, la donne vient de changer. En effet, alors qu’ils devaient se doter d’une double certification, celle de leur pays et celle de l’Europe, la commission européenne vient d’annoncer qu’elle les jugeait toutes deux équivalentes. Résultat, à partir du 1er Juin 2012, les produits bio américains vont pouvoir désormais débarquer en masse sur le vieux continent. L’Europe doit-elle se sentir menacée par cette invasion ? Quels sont les avantages et inconvénients de cette nouvelle conquête ?

Avantages

L’Europe va pouvoir, à son tour, bénéficier des mêmes facilités pour développer ses exportations bio sur le territoire américain et ainsi gonfler ses chiffres. Par suite, l’offre bio va s’élargir en Europe et contraindre les industriels à ajuster leur tarif pour faire face à cette nouvelle concurrence. On peut donc s’attendre à une baisse des prix qui devrait être bien accueillie par des consommateurs de plus en plus friands de ce type de produits.

Corollaires, le bio, à qui l’on reprochait hier d’être une offre marginale et l’apanage des foyers aisés, va pouvoir davantage s’émanciper et se démocratiser en Europe. Autre effet positif, notamment en France, où le pourcentage de terres cultivables en bio atteint tout juste 3% (contre les 6% prévus par le Grenelle de l’Environnement pour 2012), cette concurrence devrait avoir pour effet d’inciter à accélérer la conversion des sols.

Inconvénients

La nouvelle venue du bio made in US va entraîner une rude concurrence sur un marché qui, malgré une croissance constante, peine à décoller, le bio étant loin de faire l’unanimité chez les consommateurs. S’en suit un autre risque et de taille : la pression des grandes surfaces sur les industriels pour bénéficier d’une production bio à grande échelle (sans parler des prix qu’elles vont inciter à tirer vers le bas, qui vont encore léser les agriculteurs). Le bio qualitatif d’hier pourrait devenir industrialisé demain, une décrédibilisation qui serait mal reçue pour des consommateurs de plus en plus exigeants quant au contenu de leur assiette.

Autre point négatif, quid du bilan carbone des exportations qui va encore s’alourdir ? En effet, aujourd’hui consommer bio, c’est s’inscrire dans une démarche responsable globale, qui consiste à choisir des produits (supposés) plus sains pour sa santé et plus respectueux de l’environnement, dont on privilégiera une provenance locale. Alors, il va falloir encore peser le pour et le contre de notre consommation en prenant en compte que des milliers de kilomètres ont été parcourus par les produits avant d’atterrir dans nos rayons.

Et pour finir, l’arrivée du bio américain augure la venue d’un nouveau petit logo supplémentaire que les européens vont devoir apprendre à identifier…Quand on sait que le label bio est décliné en 3 versions en cosmétique bio, selon le pourcentage d’ingrédients bio contenus, on peut commencer, dès à présent, à plancher sur le sujet !