Où y a-t-il de l'ambiance dans la cité du Poro ? Revue non exhaustive de quelques-uns de ses nombreux clubs, restaurants, bars et "grins" de quartier.
Poro Night-Club. C'est l'endroit « tendance » à Korhogo. Située dans l'enceinte de l'hôtel Mont Korhogo, la boîte ivoirienne est l'une des plus anciennes de la région. Des filles en tenue de soirée dansent sur la piste au rythme des paroles hilarantes du Magnific. Le comédien s'est découvert des talents de chanteur à la faveur de la crise postélectorale. Depuis, son succès ne faiblit pas. Après FRCI, que tout le monde écoute en boucle sans se lasser depuis l'été, c'est au tour de son titre sur l'équipe nationale de football, les Éléphants - qui auraient été bien inspirés de gagner la CAN 2012 -, de faire rire et danser le pays tout entier et Korhogo en particulier.
Meilleurs clients
Dans un salon du bar, un homme en galante compagnie et son groupe alignent des bouteilles de vin mousseux. Il est le frère d'une personnalité de la commune, élue député lors des législatives du 11 décembre. En revanche, pas un seul élément des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) en vue. Il y en a peut-être, mais en civil.
Les temps ont changé ; l'ostentation change elle aussi de camp. « Avant, c'étaient les rebelles les meilleurs clients, explique l'une des filles du bar, à la fois serveuse et danseuse. Maintenant, soit ils n'ont plus d'argent, soit ils économisent le peu qu'ils ont. » Depuis qu'ils ne sont plus autorisés à dresser des barrages sur les routes pour racketter les camionneurs et les voyageurs, les ex-rebelles rentrent en effet progressivement dans le rang, au propre comme au figuré. Et les « petites amies » qu'ils avaient commencent, elles, à lorgner du côté des fonctionnaires nouvellement affectés dans la ville.
Ces derniers préfèrent les restaurants, moins bruyants, comme Le Vénus ou La Bonne Cuisine. Attiéké, poisson braisé, aloco, kédjénou de poulet... Les mets les plus prisés de la gastronomie ivoirienne y sont servis, à des prix plus bas que ceux pratiqués à Abidjan. Ici, le poulet venant du Mali est deux fois moins cher que dans la capitale économique.
Thé nocturne
Soba est, de loin, le quartier le plus fréquenté par les jeunes autochtones sénoufos. Ceux qui ont un peu d'argent s'offrent une bière au bar, climatisé, du Dollar. Les autres se rassemblent autour d'un thé et discutent généralement politique. Le « grin » ainsi formé débat cette nuit-là des nominations dans l'administration. Quelques-uns pensent qu'il y a un peu trop de Nordistes, au détriment des cadres des autres régions du pays. La majorité estime que « le président travaille avec ceux qu'il connaît. Ce n'est pas la faute des gens du Nord si ce sont eux qui ont largement épousé la cause d'Alassane Ouattara ».
Les grins du Nord sont à l'image des anciennes agoras du Sud ; ils sont le plus souvent fréquentés par des jeunes sans emploi. Et, depuis quelque temps, d'anciens combattants démobilisés prennent le thé nocturne à Soba avec leurs camarades d'hier qui n'ont pas pris les armes.
À Korhogo, le conflit a aussi créé une petite classe moyenne dont les jeunes aiment à se retrouver au Bolamba Night-Club, à la Plage des stars ou au bar du Biato, un investissement du commandant Martin Kouakou Fofié, l'ex-comzone devenu mythique dans la région et aujourd'hui à la tête de la Compagnie territoriale de Korhogo (CTK). Dans ces bars, de nombreux soldats des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) fument, boivent et dansent en reprenant des morceaux à succès de DJ en vogue (Arafat, Bonano, Alex Funk...), d'artistes de zouglou comme Magic System ou de reggaemen tel Tiken Jah Fakoly. Souvent, quand ils lèvent le verre à la santé de l'un des leurs, on distingue nettement le colt qu'ils portent à la h anche.