Depuis le 8 février et jusqu’au 25, le festival des Nuits de l’Alligator arpente les salles françaises pour balancer son rock-folk-blues. Le concept est simple: une sélection d’artistes se partagent les villes chaque soir (deux ou trois artistes pour deux ou trois villes). Parmi les guests cette année on retrouve Kitty Daisy & Lewis, Possessed by Paul James, Sallie Ford, Two Gallants ou encore le très attendu Hanni El-Khatib.
Hier, c’était au tour d’Orléans, de Laval et de Clermont-Ferrand de recevoir cette soirée rock et, bien évidemment, WTFRU était présent chez nos copains de La Coopérative de mai à Clermont Féfé pour une affiche séduisante sur le papier: Coming Soon, Sallie Ford et Hanni El Khatib
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.SALLIE FORD & THE SOUND OUTSIDE (Portland, Oregon, USA)
Comme toujours en retard (pas trop non plus), on prend le train en marche. Par chance, on arrive sur Against the Law, le meilleur morceau de l’album Radio, sorti l’an dernier.
La première bonne surprise c’est qu’il y a foule et que le show se déroule dans la grande salle, chose non prévue à la base.
La seconde c’est que cette nana, Sallie Ford, ne paie peut être pas vraiment de mine avec sa tenue de soirée sponsorisée par Zara et son allure un peu paumée, mais envoie vocalement comme peu. Une voix braillarde sortie tout droit des sixties, exactement comme la musique qui l’accompagne.Mais là encore, l’allure des musiciens ne tire pourtant pas non plus sur la corde rockabilly. Un guitariste sorti de la série Earl, un bassiste en chemise de bûcheron, rien que du grand classique de nos jours.
Une dégaine cool qui se fait ressentir sur scène, que ce soit dans les morceaux ou l’interaction avec le public. Le métier est fait et très bien fait même (sacré bassiste), c’est carré, propre, sympathique, blues à souhait et donc parfait pour commencer la soirée et ce malgré un départ un peu timidounet.
Les titres de fin un peu plus péchu comme Write me a Letter, Danger ou Cage ont permis de faire monter la température d’un cran et de conquérir totalement le public.
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.COMING SOON (Annecy, France)
L’OVNI de la soirée. Tout d’abord, le groupe se présente de manière assez particulière. Cinq teens tout ce qu’il y a de plus nerd accompagnés par un géant plus âgé qui affiche aisément le double mètre. Ou comment passer pour le pion avec ses lycéens à la kermesse de fin d’année. Mais stop la moquerie parce que musicalement on a affaire à des déjà pros. Oui car les mecs, ou plutôt certains d’entre eux, ont réussi à s’immiscer sur la bande son du film Juno, et tout ça à l’âge de 15 ans. S’il vous plait.
Point surprenant donc que de se retrouver à dodeliner sur les mélodies pop du groupe. Les premiers morceaux sont des tubes en puissance entre les très bonnes productions et le style si particulier du chanteur. Un mec folk à la limite du suicide mais qui sait très bien groover. Rare pour être souligné et salué.
Quelque part entre MGMT, Naïve New Beaters et Bob Dylan, on peut vite avoir le tournis au vu des différents angles abordés (jusqu’au rap…) et le groupe gagnerait certainement en consistance à moins s’éparpiller dans les styles. Et en empêchant le batteur de chanter.
Il y a tout de même eu de très bons moments, comme le morceau d’entrée, un autre titre rock parfaitement réalisé ou encore l’a-capella cowboy de Howard Hughes (le chanteur) au milieu de la foule.
Si ce n’était pas désagréable, on est quand même en droit de se demander s’il était bien judicieux de placer le groupe dans cette affiche…
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.HANNI EL-KHATIB (Los Angeles, Californie, USA)
Surtout quand vient ensuite Hanni El-Khatib pour clore la soirée. Hype des derniers mois, le rockeur d’origine palestinienne passe en ce moment le test du live en multipliant les scènes à travers le monde, après avoir convaincu sur album avec le très bon Will the Guns Come Out. Et c’est vraiment peu dire que la déclinaison live est peut être encore meilleure.
Sans artifice, avec seulement un batteur, El-Khatib réussit un incroyable tour de force, tout en muscle, tout en nerf. Du rock de routier qui pue l’essence. La guitare prend cher mais c’est pour la bonne cause, le mec est un gratteur de très haut niveau. Alors on perd peut être le côté vintage qui faisait aussi son effet mais on en prend tellement dans la tronche qu’il est impossible de se sentir lésé.
L’énorme point positif c’est le talent de réinterprétation du californien gominé. Sur les reprises bien entendu (l’énorme I Got a Thing des Funkadelic ou You Rascal You qui n’est autre que Vieille Canaille à la sauce blues) où l’on a même eu le droit à un petit bout des Black Keys mais surtout sur ses propres morceaux. L’entrée énervé sur Garbage City, le tubesque Fuck It You Win en long rappel et une belle mention pour Loved One qui s’est transformé en un excellent exercice de style.
Et même en bonus un nouveau morceau tout frais tout beau. Et ça promet d’avance pour le prochain album.
Rien à redire, le set est ultra-rôdé et même les aléas du son n’ont pas empêché Hanni et son copain batteur de se faire plaisir autant qu’à nous. Du bon vieux rock de papa même apprécié par le guitariste de Sallie Ford, bière à la main dans la foule.
La route vers la gloire semble être toute tracée.
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3h de blues (ou presque…) pour une très belle soirée où le public clermontois en aura eu pour son argent. Et nul doute que ce fût aussi le cas dans les autres villes hier soir. Alors vivement l’édition 2013, si les mayas le veulent bien.