Leur parfum donne de suite la note, il est assez différent du parfum automnal des kama-iri (merci à celui à qui j'emprunte ce terme pour évoquer les senteurs de châtaigne et patate douce grillées des bons kama-iri cha classique de Kyûshû), mais plutôt printanier, vert, ça hume bon le potager, la fève, bref, 100% Asatsuyu.
Et puis le parfum : confirmation pas ou peu de yaki-imo (patate douce grillée au feu de bois, que l'on déguste à l'automne et en hiver au Japon) mais du haricot bien vert, l'odeur typique de Asatsuyu.
Et puis on déguste.
Les bons kama-iri cha classiques sont des thés dans la légèreté, surtout comparés aux thés vert japonais étuvés, pas astringent pour un sous, jamais douceâtre non plus, une douceur à la présence discrète, tout en arrière goût rappel du parfum, très rafraichissant.
Mais celui-ci est évidemment très différent. Bien sûr la liqueur reste légère, mais vraiment très douce, sucrée, elle est possédée par cette personnalité unique du cultivar Asatsuyu. On pourrait être finalement plus proche d'un mushi-guri (tamaryoku-cha étuvé), mais non, il y a aussi un je-ne-sais-quoi qui rappel le kama-iri cha, mais s'exprime différemment qu'a l’accoutumée peut être. C'est déstabilisant, mais très bon, sauf si à la base on déteste le goût de Asatsuyu.
2ème puis 3ème infusions. Ce thé reste définitivement doux et sucré, sur des dominantes vertes de fève, de haricot. Pourtant, les senteurs de kama-iri cha apparaitraient-elles comme de lointains souvenirs ?
C'est un thé étonnant, un délice même pour qui apprécié Asatsuyu dans son essence, c'est à dire pour sa personnalité, pas son goût très fort amené artificiellement dans nombre de sencha par un étuvage trop long. En fait, je serais même tenté de dire "et si Asatsuyu était orienté pour faire du kama-iri plutôt que de l’étuvée ?!", car finalement, ce thé est celui qui met le plus en avant les particularités de ce cultivar parmi tout ceux que j'ai eu l'occasion de boire, c'est à dire bien plus n'importe quel sencha. Oui, finalement, le kama-iri abime moins les feuilles que le processus d'étuvage, et il fait plus facilement (en principe) ressortir le parfum, n'est ce pas là parfait pour ce cultivar aux feuilles si petites et fragiles ? Bon, je ne pense néanmoins pas que l'on voit une "ruée vers le Asatusyu Kama-Iri", car le résultat n'est pas ce que l'on attends d'un kama-iri cha.
Et dire que le producteur l'aurait fait plus par jeu (asobi-kokoro 遊び心) que par expérimentation sérieuse !
Enfin, ce thé rappelle ce que devrait être Asatusyu, parfumé et très atypique (et non pas, fort, douceâtre à outrance, et gentiment atypique)