22 FEVRIER – 8AVRIL 2012
Vernissage en présence de l’artiste mercredi 29 février à 19h30
Mettre en dialogue l’art et la foi est un nécessaire et profitable échange. La foi reçoit du monde contemporain un langage nouveau pour exprimer ce qu’elle annonce et célèbre. L’art revisite des thèmes universels où son génie peut donner sa pleine mesure.
Une large part de l’oeuvre de Rémi Trotereau est une réflexion sur le corps et la souffrance. Lui proposer de créer un Chemin de Croix, c’était le rejoindre dans sa recherche et lui offrir tout le développement de ce thème, en 14 stations, tel que l’Église le reçoit et le propose. La synthèse qu’il en donne l’inscrit dans la longue suite de ceux qui ont enrichi le regard des hommes sur le Mystère de l’amour souffrant du Christ.
Cette exposition est présentée en la Basilique Saint-Sernin, église emblématique de Toulouse et chef-d’œuvre d’art roman, du 22 février, Mercredi des Cendres,
L’exposition des 14 toiles devient oeuvre vivante quand, chaque vendredi de Carême, elle est intégrée à la célébration liturgique du Chemin de Croix. Un livretcatalogue réunit le Chemin de Croix de Rémi Trotereau et les textes du « Chemin de la Croix » de Paul Claudel qui serviront à celle-ci. Les toiles seront ensuite disponibles aux collectionneurs.
Pour parachever la rencontre des Arts, un concert d’orgue sera offert le Dimanche des Rameaux 1er avril, à 16h. Les étudiants des classes d’orgue du Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse (CRR) et du Centre d’Études Supérieurs Musique et Danse (CESMD), donneront à entendre le Chemin de la Croix, de Marcel Dupré sur le texte de Paul Claudel.
Basilique ST-SERNIN | Toulouse de 8H30 -18H00 ENTREE LIBRE
A LA RECHERCHE DE LA BÊTE ORIGINELLE
[…] Rémi Trotereau se donne volontiers des postures d’artiste maudit. Anxieux, rongé par le doute, (tour à tour bourru et chaleureux. grognon el disert, fêtard ou profondément solitaire, iI cultive les paradoxes mieux que quiconque. Pas facile de démêler les fils d’une vie pour cet artiste attachant, construisant contre vents et marées une oeuvre Expressionniste particulièrement impressionnante, d’une rare puissance. Sculpteur, il a créé un univers fantastique et troublant : « On pourrait dans son oeuvre établir un petit répertoire du musée des tortures en comptabilisant tout ce qui coupe, qui déchire, ce qui entrave et bâillonne ce qui dépèce ou écartèle, ce qui brûle et racornit. Les matières, les textures, les couleurs servent à dessein ce propos : l’important pour lui est ce qu’on ne
montre pas, ce qui est occulté, la tripe, le trivial, le corps périssable », écrit Michèle Heng.
Il y a dans ce travail toute l’accumulation des siècles, les souffrances. L’histoire fantasmée, les cris et les douleurs du passé. À partir de la résine de synthèse il récrée des formes qui disent le mystère de la trace, cette recherche qui nous conduit dans les plis de nos mémoires vers Ies grands mythes fondateurs. Loin de notre époque matérialiste, il fouille, il creuse au plus profond, pour rechercher la bête originale. Cette quête sans fin d’absolu, le conduit quelquefois dans des impasses douloureuses, aux confins du tragique. Toujours, il repart au combat avec l’obstination du guerrier. Fatigué, mais heureux de faire naître ces formes hybrides, ces assemblages étranges et monstrueux. J’ai toujours envie de chercher ce qui nous met mal à l’aise, ce que nous refoulons par peur ou par dégoût. Tu sais, entre l’homme et l’animal, la frontière est ténue. Une bête originelle est toujours là, prête à surgir des profondeurs de notre inconscient. C’est ce que j’essaie de dire sans pudeur, sans hypocrisie, sans aucune recherche d’élégance, c’est un travail brut, violent, évidemment. Entre la carcasse de l’animal et la nôtre je ne vois aucune différence.., » nous explique-t-il.
[…]L’emploi du tissu dans son oeuvre n’est pas indifférent, qui lui permet des allusions à la momification, à la guenille. Le vocabulaire religieux et mystique assimile souvent le corps à une guenille dont il faudrait se dépouiller, et ce mot de dépouille, une fois la mort survenue, est univoque pour l’animal et pour l’humain », note encore Michèle Heng. Mais, si Rémi est un sculpteur puissant, il est aussi un peintre hors norme. Une délectation insistante sur les liens qui pénètrent la chair.
Gérard Gamand © AZART