Consommer du curry une à 2 fois par semaine, ou plutôt l'un de ses composés, la curcumine, pourrait-il contribuer à écarter la démence ? Cette étude menée sur la mouche drosophile, montre, en effet, que la curcumine prolonge la durée de vie et l'activité sur des modèles génétiquement modifiés de la maladie d'Alzheimer. Des conclusions –sur la mouche- publiées dans l'édition du 13 février de la revue PLoS ONE qui ne peuvent néanmoins laisser croire –à ce stade des données- qu'un curry de temps à autre permettra de retarder la maladie d'Alzheimer.
La curcumine ou diféruloylméthane est le pigment principal du curcuma dont les effets protecteurs dans l'inflammation et dans la dégénérescence cellulaire ont déjà été évoqués, tout comme son efficacité à ralentir la croissance tumorale dans le cancer de la prostate chez les patients résistants à la prostatectomie.
Si elle a été menée sur la mouche, cette étude est une bonne première analyse de ce composé, présent dans notre alimentation -et comme elle le serait pour d'autres composés- pour identifier ses bénéfices sur la santé humaine. Réalisée par des chercheurs de l'Université de Linköping (Suède), elle vient confirmer les données de précédentes études ayant suggéré que la curcumine peut contribuer à réduire l'accumulation de bêta-amyloïde toxique dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
Les chercheurs ont utilisé 5 types de mouches génétiquement modifiées pour reproduire (dans une certaine mesure) ce qui se passe dans le cerveau de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et ont mené différentes expériences avec différentes quantités de curcumine, pour étudier l'effet du composé sur l'activité et la durée de vie des mouches et sur l'accumulation de bêta-amyloïde dans le cerveau des mouches.
· L'effet de la curcumine sur la durée de vie s'avère dose-dépendant de concentration de la curcumine utilisée,
· Alors que des concentrations croissantes de curcumine réduisent la durée de vie de mouches saines, 3 modèles mouches de la maladie d'Alzheimer ont pu vivre plus longtemps avec les doses faibles et intermédiaires de curcumine.
· L'effet maximum observé est une augmentation de 75% de la durée de vie avec une dose intermédiaire de curcumine sur l'un des modèles de la maladie d'Alzheimer.
· Alors que la curcumine réduit légèrement l'activité des mouches normales, elle montre, sur 4 modèles mouches de la MA une certaine augmentation, variable, de l'activité.
· Mais la curcumine ne diminue pas l'accumulation de dépôts de bêta-amyloïde dans le cerveau des mouches au contraire, la curcumine accélère la constitution de blocs de bêta-amyloïde soluble.
Les chercheurs ont conclu que la curcumine réduit les effets toxiques de la bêta amyloïde ou la protéine tau dans le cerveau de modèles génétiquement modifiés de mouches, mais sans effet direct sur l'accumulation de dépôts de protéine bêta-amyloïde. A ce jour, il serait bien entendu très prématuré de consommer des currys avec l'espoir de retarder la Maladie d'Alzheimer.
Source: PLoS ONE 7(2): e31424. doi:10.1371/journal.pone.0031424 Published online February 13 2012Curcumin Promotes A-beta Fibrillation and Reduces Neurotoxicity in Transgenic Drosophila. Published online February 13 2012
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