Du Kärcher au Casse toi pauv'con Nicolas Sarkozy nous a montré qu'il savait manier la violence pour se faire entendre. Il semble avoir choisi de renouer cette manière de se battre qui consiste, au fond, à se choisir un adversaire sur lequel on tape, tape, tape en espérant que le public applaudira cela qui l'emporte parce que plus agressif et déterminé.
Cette stratégie qui rappelle celle des caïds des cours de récréation, comme le rappelait hier Edwy Plenel sur Canal Plus, va bien avec cette politique de coups de menton auxquels il nous a habitués : on crie haut et fort que l'on va faire quelque chose quand on ne fait en fait rien, et pour cause : il y a ces corps intermédiaires qui resistent et se mettent en travers. Parce qu'ils défendent des intérêts catégoriels, sans doute, mais aussi parce qu'ils maîtrisent mieux qu'un Président la complexité des choses et les dangers d'une politique qui, sous couvert d'urgence et de réactivité, va dans tous les sens. Faut-il le rappeler au nouveau converti aux vertus du référendum (mais surtout pas sur sujets qui fâchent l'opinion, qu'il s'agisse de la TVA social ou de la règle d'or!) sans corps intermédiaires il n'y a pas de démocratie, juste des régimes autoritaires qui peuvent, à l'occasion d'un plébiscite, se réclamer du peuple.
Bien loin de corriger sa pratique politique, une pratique qui tient autant à sa personnalité qu'à son expérience d'avocat (métier où l'exercice de la violence est monnaie courante), Nicolas Sarkozy semble avoir choisi d'en faire le meilleur argument de sa campagne. Cela ne peut fonctionner qu'en opposant, en clivant, en désignant des adversaires à la vindicte, en traitant Hollande de menteur, en envoyant ses snippers parler de nazisme (oui de nazisme!) lorsque François Hollande a, dans le même paragraphe consacré aux Roms, utilisé les mots camps et solution. Est-ce ce dont la France a besoin en ces temps de crise?