Du domaine des Murmures, Carole Martinez

Vous allez me dire "enfin" ! Oui pour quelqu'un qui a participé au Prix Goncourt des Lycéens avec sa classe, qui vous a dit que  son roman préféré de la sélection était le dernier roman de Carole Martinez, c'est quasi inadmissible de ne pas avoir encore rédigé son billet sur Du domaine des Murmures !

Pourquoi avoir attendu si longtemps ? J'avais sans doute besoin de temps pour que l'enthousiasme que j'ai eu lors de cette lecture retombe afin de trouver les éléments vrais qui ont fait que j'ai aimé ce roman ! 

Quid ?

   En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire "oui" : elle veut faire respecter son voeu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtealain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais ellene se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...

   Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre Sainte.

   Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante.

Mon bavardage...

   Comme je vous le disais, difficile pour moi de parler de ce roman. Je n'arrive pas à savoir pourquoi. C'est paradoxal car j'ai véritablement été conquise par ce roman. Tout d'abord, j'ai découvert l'écriture de Carole Martinez. Elle a vraiment une grande habileté pour tisser son histoire avec beaucoup de précisions et de poésie. Oui, véritablement, elle a une écriture poétique.

J'ai ensuite été portée par le personnage d'Esclarmonde. Cette femme forte parvient à suivre ce qu'elle veut. Elle ne se laisse pas dicter ses gestes et c'est assez admirable quand on sait que cette histoire se déroule au Moyen-Age. J'ai aussi aimé la fragilité d'Esclarmonde ! Oui c'est cette complexité entre force et fragilité qui fait d'elle une héroïne touchante, émouvante. Je me suis vraiment projetée dans sa vie, ses doutes, ses angoisses, ses souffrances.

*** Attention spoiler ***

J'ai été émue par la figure maternelle, par son accouchement, par ses choix  ! J'ai vraiment eu les larmes aux yeux lorsqu'elle prend la décision de laisser partir son enfant. C'est sans doute parce que je suis moi-même la maman d'une petite fille de moins d'un an mais j'étais vraiment avec elle lorsqu'elle a accouché seule dans sa cellule... Que d'émotions !

*** Fin du spoiler ***

Comme je le disais, j'ai apprécié que ce roman se déroule au Moyen-Age. Trop peu de romans contemporains se passent à cette époque. Et c'est véritablement un conte médiéval que nous livre Carole Martinez.

La force de ce roman tient aussi, selon moi, à la liberté qu'il nous procure. C'est étrange puisque cette histoire se déroule dans une cellule de moins de 10 m2 ! Pourtant ce livre nous fait voyager !!! Et c'est là tout l'art de Carole Martinez !

Enfin, ce roman est aussi propice à la réflexion. Lorsque je l'ai refermé, de nombreuses questions m'ont envahie : Qu'aurais-je fait à la place d'Esclarmonde devant l'autel ? Comment accepter de se séparer de son enfant ? Bref autant de questions sur la condition féminine, la religion, la maternité... Et ce qui est vraiment génial c'est qu'il s'agit de sujets très modernes.

Je ne peux donc qu vous conseiller de lire ce roman si vous ne l'avez pas déjà fait. En plus, pour avoir rencontré Carole Martinez à deux reprises, elle est vraiment géniale. Quand elle parle d'elle, de sa manière d'écrire, de ses émotions, de ses livres, on a l'impression d'écouter un conteur. A chaque fois, elle a réussi à séduire son auditoire mêlant sincérité, émotion, évasion... Bref elle est à elle seule un personnage romanesque ! Je vais donc très bientôt me plonger dans Le coeur cousu en attendant la sortie du prochain roman de Carole Martinez, qui, comme elle nous l'a dit, parlera d'eau ! 

Rendez-vous tout à l'heure, je vous transmettrai la magnifique lettre qu'elle a écrite aux élèves participants au Goncourt des Lycéens.

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