Le directeur général de Ferrari, Stefano Domenicali, s’est dit attristé par la situation dans laquelle vient de tomber l’Italie en Formule 1, après l’éviction de Jarno Trulli par Caterham au profit de Vitaly Petrov. L’éviction de Trulli signifie qu’il n’y aura donc aucun pilote italien sur la grille de départ du premier Grand Prix de la saison en Australie le 18 mars prochain, une première depuis 1970. Mais cette éviction d'un des pilotes les plus reconnus de la F1 met aussi en lumière la faiblesse de l'argent face à laquelle la compétition fait face.
Selon les récentes dires de Trulli lui-même, l'Italie n'a de son côté jamais réellement soutenu ses pilotes pour qu'ils atteignent la F1, et actuellement la crise motive encore moins le pays à permettre à de jeunes pilotes de rejoindre la F1. Au final, le dernier pilote italien, Jarno Trulli, est donc quasi-logiquement remplacé par un des pilotes accompagné d'une des plus importantes valises de sponsors, le russe Vitaly Petrov.
"Je suis très triste qu’après tant d’années il n’y aura pas un seul pilote italien dans le championnat du monde de Formule 1," a confié Stefano Domenicali. "Je dis cela sur le plan sportif et d’un point de vue personnel quand il s’agit de Jarno, qui n’a eu qu’à de très rares occasions une voiture lui permettant de montrer tout son talent. Je lui souhaite donc tout le meilleur pour le futur, tant sur la piste qu’en dehors. C’est un moment difficile pour notre sport, en partie à cause de raisons extérieures."
Rubens Barrichello, symbole du sport automobile dans le monde entier car reconnu comme le pilote le plus expérimenté de la Formule 1 avec 323 participations, a également perdu son volant chez Williams cet hiver, face à son coéquipier Pastor Maldonado et à l'ex-pilote Lotus Renault, Bruno Senna, tous deux très soutenus par des sponsors. Avec lui et Trulli, la Formule 1 a donc perdu deux de ses pilotes les plus emblématiques de cette dernière décennie. Barrichello a ainsi rapidement réagi, regrettant que l'argent prenne tant d'importance dans la catégorie reine du sport automobile : "C'est triste de voir que Trulli ne sera pas sur la grille en 2012... L’argent domine tout."
Romain Grosjean, Pastor Maldonado, Bruno Senna, Vitaly Petrov, Pedro de la Rosa, Narain Karthikeyan, Charles Pic... Tant de noms qui accèdent à la Formule 1 quasiment uniquement grâce à des partenaires et leurs valises bourrées à craquer de dizaines de millions, alors que si peu d'entre eux se sont réellement illustrés comme de véritables compétiteurs dans les catégories inférieures. C'est un tiers du plateau de la F1 qui atteint aujourd'hui ce niveau ultime du sport automobile grâce à l'argent (alors que tous les pilotes n'y arrivaient qu'au mérite et aux résultats il y a encore quelques années), mais aux yeux des fans et des journalistes experts, très peu de ceux-ci ces dernières années ont été convaincants et ont marqué des points - au contraire, ils ont commis des erreurs et ont parfois piloté plus dangereusement, mais ils gardent leur volant un certain temps malgré tout.
Au final, ne serait-il pas en fait plus avantageux de recruter de jeunes pilotes prometteurs pour créer plus de spectacle au public et surtout signer de meilleurs résultats pour les équipes, plutôt que de miser sur l'argent de certains pilotes qui ont tant à apprendre ? Cet argent doit en effet être destiné au développement de la monoplace mais on se demande alors quel pilote aurait l'expérience suffisante pour mener ce développement dans la bonne direction... À ce rythme, il semble tout simplement inévitable que la multiplication des pilotes riches effacera presque tous les pilotes talentueux des grilles de départ de Formule 1. Car au jeu de l'argent, ce ne sont pas nécessairement les plus rapides en piste qui sont les mieux servis par les sponsors.