Créer une maison d’édition n’est pas seulement vendre l’écrit au goût du jour pour un profit suffisant. Le produit marchand porté par l’appareil médiatique est souvent convenu et éphémère. Il suffit de relire nos anciens auteurs au sein de la masse des « nouveautés » bien présentées, nommées et opportunes, pour savoir que le talent n‘est pas nécessairement en vitrine. Bien des ouvrages s’effaceront dans ce sort actuel de l’objet « jetable ».
Editer autrement c’est prendre le risque de partager l’envie d’écrire de romanciers, essayistes et poètes méconnus dont la passion est aujourd’hui vouée à rester lettre morte faute d’accéder à nos nouvelles et fugaces amplifications médiatiques. Il fallut jadis du courage pour éditer Montesquieu, Voltaire et Diderot et des ouvrages plus légers.
C’est par le livre que naissent et meurent les civilisations. Les bibliothèques furent toujours ce lieu de culture humaniste, sans frontières ni ostracismes, où la pensée fédératrice et créatrice commune se donne son foyer. Si nous connaissons aussi bien Aristote et la culture Grecque antique, c’est grâce aux musulmans qui la mirent sur papier dont ils tenaient l’usage des Chinois. Avicenne nous transmit ainsi la pensée Grecque qui nous fait encore sens. Dès l’époque Romaine on brûla les livres – patiemment recopiés – contraires à l’ordre établi. L’écrit porte toujours ce souci de progrès spirituel, éthique et esthétique fait de découvertes et de partages incessants d’émotions et de connaissances.
L’aventure s’est ensuite amplifiée autour de ces éditeurs – libraires – distributeurs courageux qui savaient reconnaître et diffuser les œuvres d’art de toute nature qui condensent et conservent le talent humain toujours quelque peu transgressif des normes du temps.
Nous avons encore des éditeurs qui sont les gardiens des nouvelles déclinaisons de l’invention romanesque, de la vision sociale, de l’émotion poétique. Nos temps matérialistes ne manquent pas d’objets, mais parfois le sens y fait défaut.
Avec la numérisation chaque écran devient bibliothèque. Ce n’est pas nécessairement culture. Chacun doit découvrir là son identité et son appartenance. De nouveaux réseaux se créent. L’éditeur se rapproche de ses auteurs et un nouvel espace d’écriture et de lecture se constitue et appelle ses lecteurs. Si la qualité est invitée on saura y faire Société en bonne intelligence.
Le lecteur des Editions Dédicaces vient à point pour cette jeune entreprise, il est le signe d’une volonté d’exister en toute liberté et indépendance dans un temps où la parole est prisonnière de la norme, des statistiques et de l’épouvantable loi du choix du plus grand nombre. Socrate voyait là se profiler le déclin de la dimension humaine qui s’accomplit dans l’unique et l’original pour peu qu’on lui prête attention.
Une liseuse numérique propre aux Editions Dédicaces ? C’est une volonté de partage intelligent d’une passion. Il est des naissances prometteuses.
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GEORGES BOTET PRADEILLES, Docteur en Psychologie
Directeur honoraire d’institutions sociales
Président de l’Institut Psychanalyse et Management
Ecrivain et Actionnaire aux Éditions Dédicaces
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