À la suite d’un voyage dans le Transsibérien aux côtés de quinze autres écrivains, Maylis de Kerangal a publié un petit roman aux éditions Verticales en janvier, Tangeante vers l’est. L’histoire d’une rencontre entre une Française et un Russe de presque vingt ans son cadet, tous deux en fuite, dans ce train dont on peut craindre qu’il ne s’arrête jamais. Ils ne se comprennent pas, pourtant elle le cache, et cela la révèle. La Russie défile par la fenêtre, la vodka, la neige, des clichés qu’Hélène la Française vérifie sans le faire exprès. Maylis de Kerangal, elle, les évite tous. D’une écriture précise, picturale et observatrice, elle décrit ce qu’on devine être son propre voyage en train : la troisième, la seconde, la première classe, le restaurant, les provodnistas (les hôtesses), l’enthousiasme devant le lac Baïkal, les arrêts en pleine nuit dans des villes inconnues… Et à l’arrivée, la photo sur le quai de Vladivostok.