Nous eûmes peur, pourtant, le rideau à peine levé, d'assister une heure trente durant à une aimable mais pas très théâtrale conversation de l'intelligentsia à propos des sciences cognitives. Il n'en fut rien, fort heureusement.
Avec "Pensées Secrètes", David Lodge nous offre une comédie intello-romantique haut de gamme, subtile, dense, drôle, efficace, pleine d'humanité, mettant en scène un spécialiste des sciences évoquées plus haut, et une jeune romancière, veuve depuis peu, tous deux enseignant au sein d'une université anglaise. Dès leur première rencontre, leurs échanges, leurs affrontements passionnés et passionnants autour de la pensée, de la conscience et du cerveau vont donner naissance à une attirance physique mutuelle de plus en plus irrépréssible...
Ici, la chair et l'esprit, la science et l'imaginaire ou encore la futilité et la raison cohabitent, luttent, et font des étincelles.
Habilement construite, la pièce alterne, avec une admirable fluidité et un art de l'ellipse appréciable, dialogues et monologues parfois croisés ( fameuses "pensées secrètes"...). Fluidité appuyée par la mise en scène de Christophe Lidon et par une scénographie en mouvement permanent, légère et raffinée, mêlant éléments en dur et projections vidéos.
En scientifique quelque peu suffisant, séducteur invétéré, macho à souhait, Samuel Labarthe est épatant. Son numéro de charme fonctionne à merveille sur sa partenaire comme sur le spectateur. De son côté, Isabelle Carré excelle dans un registre qu'on lui connaît bien mais qui lui sied formidablement. Sensible, fragile et lumineuse. Ces deux là nous apportent à nouveau la preuve de la très belle maîtrise de leur art.
Du très très bon théâtre.
Allez-y.
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