CRETEIL (AFP) – Un pasteur évangélique de 36 ans, surnommé le “prophète”, a été condamné vendredi à 18 années de réclusion par la cour d’assises du Val-de-Marne pour l’assassinat en 2006 d’une adepte de 19 ans qui souhaitait mettre un terme à leur liaison sentimentale.
Au terme de sept heures de délibéré, Odilon Nseka Mangani a été reconnu coupable d’avoir prémédité ce meurtre pour lequel l’avocate générale avait requis 25 années de réclusion.
Le 17 août 2006, Nanou Kapinga, étudiante en médecine, avait été retrouvée morte dans une ruelle de Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne) après avoir été atteinte dans le dos, à “bout touchant”, par un tir de fusil. Dans ses bras, un dossier médical attestait d’un récent avortement.
Les soupçons s’étaient rapidement portés sur cet évangélique de la République démocratique du Congo (RDC) qui se faisait surnommer “le prophète” dans une cité où il comptait la victime, sa mère et ses deux soeurs parmi ses fidèles. Ensemble ils avaient fondé “L’Eglise des gagnants de la bonne nouvelle”.
Mis hors de cause avant d’être interpellé en 2008 en Belgique, M. Nseka a toujours clamé son innocence, affirmant pour ses derniers mots à la cour vendredi après-midi qu’il n’avait pas “le sang de Nanou sur (ses) mains”. “
Dans son réquisitoire, l’avocate générale Martine Maze-Barthot avait brossé le portrait d’un “imposteur” qui s’est imposé dans la famille de la victime “sous couvert de prières” et dans le but de se marier pour obtenir des papiers et régulariser sa situation en France.
“Il lui a tiré une balle dans le dos parce qu’il n’acceptait pas qu’elle lui échappe, lui le prophète, il ne supportait pas qu’on lui résiste”, avait-elle affirmé.
D’après l’avocate générale, M. Nseka usait de son statut d’homme d’Eglise pour séduire certaines de ses jeunes fidèles et collecter auprès de ses adeptes une “dîme” correspondant à 10% de leurs revenus. La propre mère de la victime lui versait ainsi 120 euros par mois.
Plaidant l’acquittement, ses avocats ont dénoncé le poids des rumeurs qui ont, selon eux, fait de M. Nseka “le coupable tout désigné” de la communauté congolaise locale, en dépit de son casier judiciaire vierge.
Ils ont également mis l’accent sur certaines pistes qui auraient été négligées par l’enquête et sur la faiblesse des preuves matérielles dans un dossier où l’arme du crime n’a jamais été retrouvée.
“On ne peut pas le déclarer coupable parce qu’il avait plusieurs petites amies, parce qu’il avait une religion particulière ou parce qu’il était peut-être un charlatan”, avait plaidé Me Amrani.
Au cours de son procès, M. Nseka avait plusieurs fois vacillé face aux mises en cause de sa qualité d’homme d’Eglise, dans une cour d’assises qui s’est longuement attardée sur les différences entre pentecôtistes, protestants et évangéliques.
Relatant son itinéraire de prédicateur depuis sa RDC natale jusqu’à la France, l’accusé a affirmé être titulaire d’un diplôme de théologie et revendiqué son rang de prophète, chargé “de consulter la révélation de Dieu et de la transmettre au peuple”.
“Il avait dit à (la victime, ndlr) +ta vie sera courte. Je vais faire un truc qui va me faire aller en prison+. C’est peut-être la seule de ses prophéties qui s’est révélée vraie”, selon les propos rapportés à la Cour par un des policiers chargés de l’enquête qui les avait recueillis auprès de la famille de la victime.
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