Editeurs numériques… les bons et les mauvais.

Publié le 17 février 2012 par Paumadou

Ne vous attendez pas à avoir des noms, ils circuleront bien assez tôt (d’ailleurs, ils ont déjà commencé à circuler autour de moi, et mes oreilles bourdonnent régulièrement de « nouveaux » noms, chuchotés hors place publique…)

Il y a, depuis quelques temps, une facilité à publier en numérique en tant qu’auteur autopublié ou qu’éditeur. C’est assez simple, on prend le fichier word, on le convertit en epub puis en mobi. Pas besoin d’être un as de l’HTML et de la CSS, pour obtenir un fichier « potable » (potable ne voulant pas dire excellent… mais à peine buvable sans avoir la diarhée)

D’ailleurs depuis octobre et l’arrivée du kindle, la place du numérique dans les médias commencent à être visible. Du coup, il y a un marché à prendre. Les premiers arrivés, les premiers servis.

Sauf que ça fait des années qu’il y a des éditeurs numériques (qui galèrent, certes, mais qui font un bon boulot, qui ont déjà essuyé les plâtres techniques, si on peut dire). Toutes les nouvelles maisons d’éditions qui se montent en ce moment, sont bien souvent le fait de gens qui ne connaissent pas grand chose à l’édition, qui ont l’impression qu’un nouveau marché se crée et qu’il est possible d’en obtenir une part.

Je ne plaisante pas en disant qu’il y a une part très « opportuniste » dans beaucoup de ces maisons d’éditions. Le métier d’éditeur n’est pas un métier qui exige officiellement l’obtention d’un diplôme. N’importe qui peut se dire éditeur (moi par exemple : je suis capable de bêta-lire un texte, je peux encoder le texte et le diffuser… BAM ! Je suis éditrice ! voyez, c’est pas très compliqué), comme n’importe qui peut se dire auteur, artiste, écrivain. La légitimité n’est pas dans le titre, loin de là, elle est dans le travail fourni.

J’ai, en tête, des exemples de 2-3 maisons d’éditions très récentes qui sont en réalité la création d’auteurs auto-édités (oui, auto-édités, et non simplement « auto-publiés », ce qui veut dire beaucoup) qui en quelques sortes, parce qu’ils considèrent qu’ils ont des connaissances dans le domaine de l’auto-édition, on acquit les connaissances dans le domaine de l’édition pure. Se permettant parfois de juger des manuscrits reçus en place publique (ce qui est éthiquement très discutable, un auteur qui envoie un manuscrit a souvent très peur de la réponse… alors s’il se fait descendre en place publique, c’est un mépris évident de la part de l’éditeur), d’autres publient les textes tels quels sans les retoucher pour un peu qu’ils soient lisibles et sans trop de fautes apparentes.
On ne peut pas se dire auteur parce qu’on sait aligner 3 mots, on ne peut pas se dire éditeur parce qu’on sait lire, apprécier et sélectionner un texte.

Je peux comprendre du coup que les éditeurs numériques consciencieux l’aient mauvaise qu’on les assimile à cette production particulièrement médiocre, et je peux comprendre pas mal de lecteurs qui assimilent édition numérique et auto-édition quand ils tombent sur ces daubes.

C’est comme pour tout : il y a les pros qui cherchent à faire de la qualité et les opportunistes qui ne voient que la partie « commerciale ».
Parfois ça part d’un bon sentiment, celui de ne pas exclure les auteurs un peu différents, ceux qui voient leurs textes refusés partout ailleurs. Mais, je dois dire que c’est aussi la faute des auteurs eux-même : combien de fois je suis tombée sur des auteurs qui voulaient absolument être édité par une maison d’éditions pour avoir une légitimité… mais ne comprenaient pas pourquoi ils étaient rejetés de partout ! Ont-ils remi le texte une seule fois en cause ? La plupart du temps, non.

Le paradoxe est là : l’auteur veut être édité parce que ça lui assurera un « label qualité » que l’auto-édition ne lui donnera jamais. Mais comme on le refuse partout, il se rabat sur des maisons d’éditions médiocres au « label qualité » plus que douteux (je devrais plutôt les appeler des « diffuseurs » que des éditeurs).

Le problème n’est pas dans l’éditeur, mais dans la prise de conscience de l’auteur : son texte n’est sans doute pas aussi bon qu’il le pense, il doit bosser, bosser, bosser encore. Prendre conscience que si le texte est bon, même en auto-édition, il sera lu ! S’il est médiocre, ce n’est pas en étant publié par des diffuseurs qu’il gagnera en qualité !

Un ami qui participe à la sélection de textes chez un éditeur numérique, et dont je tairais le nom vu que c’était un propos « off », m’a dit que quelques « éditeurs » peu scrupuleux publiaient des textes refusés par la maison d’éditions pour laquelle il bosse… sans même retoucher les-dits textes.

Je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’agit là d’opportunisme primaire, sans aucune conscience artistique ni éthique vis à vis du lecteur, ni même de l’auteur. Ils proposent aux lecteurs des textes nuls, parfois excessivement chers pour le contenu et la qualité médiocre du fichier final, ce qui est prendre le lecteur pour un con. Et de l’autre côté, ils laissent croire à l’auteur qu’il est « bon », qu’il n’a pas à s’améliorer. Parce que bien souvent, ces diffuseurs prennent le texte comme ça, sans retravail.

Un éditeur de qualité vous demandera toujours des retouches, parce que votre texte n’est JAMAIS excellent du premier coup (même en étant allé jusqu’au processus d’auto-publication, le texte n’est pas parfait et contient de nombreux défauts). Si l’éditeur se jette sur vous, vous propose direct de publier tel quel, vous avez intérêt à vous méfiez.

Certaines maisons d’éditions vous rétribueront en « redevances » et non en « droits d’auteur », ce qui est à mon avis, une usurpation du titre de « maison d’éditions » et d’ « éditeurs ». Parce qu’un éditeur doit payer des charges sociales sur les droits d’auteur qu’il vous reverse. C’est important : l’auteur payé en droits d’auteur est assimilé à un salarié (tant niveau sécu, que retraite), un auteur payé en redevances (et donc en bénéfices) devra lui-même payé ses charges (autour de 28-30% des revenus), sera un travailleur indépendant… avec le régime qui va avec (qui n’est pas le plus idéal, ni le plus sûre). De plus les droits d’auteurs possèdent des avantages fiscaux que n’ont pas les bénéfices…

Bref, auteur : tu cherches une maison d’éditions (numérique ou non), choisis-la bien !

Un éditeur te payera en droits d’auteur et reversera les charges à l’AGESSA (il te demandera ton numéro de sécu)
Un éditeur te fera retravailler ton texte même un minimum (parce qu’il est pro et sait voir les infimes défauts que tu ne vois pas)
Un éditeur ne publie pas n’importe quoi, lis ses autres livres pour savoir s’il exige de la qualité. Parce que si ton texte est vraiment bon, tu perdrais à être publié chez un éditeur médiocre car tu serais assimilé au reste de son catalogue, alors que lui y gagnerai par la qualité littéraire de ton texte. Si ton texte est juste moyen, tu ne le sauras pas et ne pourras pas t’améliorer.

Il doit y avoir beaucoup d’autres points à prendre en compte avant de penser « pourcentage de reversement » et « contrat d’éditeur » (ça fait briller les yeux, mais c’est pour mieux t’éblouir, jeune auteur) : taille du catalogue, qualité des retours, niveau de « publicité », implication de l’éditeur dans cette même publicité, date de création de l’entreprise – plus elle est ancienne, mieux c’est – site internet, visuel des couvertures, qualité des fichiers – réponses précises sur des questions techniques concernant ces même fichiers, un moyen de coincer ceux qui ne font que convertir les textes automatiquement avec des convertisseurs gratuits, droits annexes (papier et autres)…

Bref, avant, il y avait le compte d’auteur, celui-ci n’a pas disparu, il s’est juste transformé… faites donc attention !