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Jamais de bon moment pour l’austérité

Publié le 17 février 2012 par Copeau @Contrepoints

Au Canada comme en France, les tenants du déficit public critiquent l’austérité en disant qu’elle va prolonger la crise. Mais y a-t-il jamais un bon moment pour corriger les excès de dépense publique ?

Par David Descôteaux, de Montréal (Québec).

Jamais de bon moment pour l’austérité
Stephen Harper va-t-il nous plonger en récession avec la cure minceur qu’il veut faire subir au gouvernement fédéral ?

C’est un peu la question que posait le professeur Stephen Gordon sur le site du Globe and Mail mardi. Est-ce le bon moment de couper les dépenses et le nombre de fonctionnaires (Harper parle de 10 %), bref, de s’imposer l’austérité ?

Quand l’État réduit ses dépenses, ça ralentit l’économie à court terme. Le danger : le Canada montre déjà des signes d’essoufflement. La situation en Europe peut exploser d’un moment à l’autre, et la banque du Canada écrase déjà les taux d’intérêt au plancher. En cas de récession, elle ne pourra stimuler la consommation davantage.

Les opposants à l’austérité montrent en exemple les pays d’Europe, notamment l’Angleterre. Selon eux, si l’économie de ces pays s’enlise, c’est justement à cause des plans d’austérité imposés par leurs gouvernements.

Jamais le bon moment

En effet, le timing est loin d’être idéal. Mais dites-moi : ce sera quand, le bon moment ?

C’est facile de dénoncer les coupures quand ça va mal. Mais j’entends rarement ces mêmes personnes suggérer de sortir la hache quand ça va bien. Pour les partisans de l’État obèse et de la dette infinie, ce n’est jamais le bon moment de couper.

Prenez le Québec. Même dans les années de forte croissance (quand la Caisse de dépôt générait des rendements de 14 %), la dette a continué de grossir. Pourquoi ? Parce que nous avons un problème d’endettement compulsif. L’État s’endette pour payer l’épicerie. Pour payer les programmes sociaux, les fonctionnaires et les fonds de pension qui viennent avec. Pour nourrir la machine, et notre troupeau de vaches sacrées. Nous sommes passés de près de 0 $ de dette au tournant des années 1970, à 240 milliards $ aujourd’hui.

L’austérité ? Ce n’est jamais pour nous.

Crier au loup

Ça fait plusieurs années que j’écris sur la dette. Mon point de vue a toujours été le même : la dette est gérable à court terme, mais le danger approche. C’est maintenant qu’il faut agir, avant qu’il ne soit trop tard.

Comme j’écrivais il y a deux ans, si on ne corrige pas tout de suite ce problème d’endettement compulsif, la dette deviendra ingérable. Plusieurs dangers nous guettent dans les années à venir : l’inévitable hausse des taux d’intérêt augmentera le service de la dette – qui nous coûte déjà près de 10 cents sur chaque dollar d’impôt. La crise économique va se poursuivre, peut-être empirer. Le vieillissement de la population frappera le Québec plus durement que les autres provinces. Nos systèmes de santé et de retraite vont craquer, au moment où nous aurons moins de travailleurs pour les financer.

Et que me répond-on habituellement ? Que je crie au loup.

Il y avait sûrement des gens qui criaient au loup en Grèce, en Italie ou au Portugal il y a quelques années. Au Canada aussi. Leur message était simple et aurait dû se faire entendre : c’est lorsque ça va bien qu’il faut s’attaquer à la dette et au budget. Afin de se donner une marge de manœuvre pour les jours de tempête. Parce que sinon, on se retrouve pris pour subir l’austérité au pire moment : quand ça va mal. Et on finit tous dans la rue, très en colère.

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