Une année en Terre Sainte !
Après avoir raconté ses séjours en Chine (“Shenzhen”), en Corée (“Pyongyang”) et au Myanmar (“Chroniques Birmanes”), Guy Delisle offre un aperçu de l’année qu’il a passé à Jérusalem. À l’instar de Chroniques Birmanes, le lecteur suit donc les pas de ce père de famille qui accompagne son épouse en mission sur place pour MSF. On est donc bien loin du travail d’investigation de Joe Sacco dans l’excellent Gaza 1956, mais plutôt dans un récit de voyage. Certains pourront d’ailleurs s’étonner du manque de connaissance préalable de cet homme qui débarque comme un touriste dans cet endroit où il va pourtant passer toute une année. L’auteur d’origine québécoise rappellera d’ailleurs avec humour qu’il n’est pas Joe Sacco.
Si ce côté “Jérusalem pour les nuls” peut décevoir les fans de véritables BD reportages, l’accumulation d’anecdotes partagés par cet expatrié a cependant tout pour plaire. Même si, par rapport aux “Chroniques Birmanes”, il se concentre un peu moins sur ses (més)aventures en tant que père au foyer, Guy Delisle se “contente” tout de même de donner un aperçu de sa vie quotidienne en tant que simple accompagnateur et homme au foyer. La curiosité de l’artiste aidant, l’ouvrage distille certes des informations intéressantes sur Jérusalem et sur ses habitants, mais d’un point de vue souvent très ‘touristique’. Malgré ce côté ‘spectateur distant’ un peu frustrant, la lecture s’avère néanmoins très agréable, emplie d’humour et d’autodérision. Le dessin décalé est d’une grande lisibilité et malgré son apparence ‘simpliste’, il parvient à distiller énormément d’informations, d’émotions et de non-dits.
Le dessinateur de BD divise son long séjour familial en douze chapitres, un par mois passé en Terre Sainte. De son arrivée en Israël à son départ, en passant par la découverte des richesses historiques de la ville et des communautés juives, musulmanes, orthodoxes et chrétiennes, l’auteur partage ses découvertes avec humour. S’il met un peu de temps à trouver ses marques, il finit par appréhender la complexité et l’absurdité des lois qui régissent le pays. Au fil des balades et des rencontres dans les différents quartiers de la cité millénaire, l’ouvrage devient un peu plus engagé et beaucoup plus intéressant. Chaque passage de l’autre côté du mur de séparation, chaque franchissement de check-point, chaque interdiction renforce son point de vue sur le conflit israélo-palestinien et rend ce partage plus captivant.
Mais, à l‘inverse des œuvres de Joe Sacco, celle-ci donne envie d’y aller…