Pétillon © Albin Michel 2006
Clara Pèlerin, sans nouvelle de sa fille Lucie depuis un mois, demande à Jack Palmer de la retrouver. Ce dernier, en faisant du porte à porte chez les commerçants de Belleville, apprend que la jeune femme s’est convertie à l’islam le plus radical et fait désormais partie d’une école coranique de Mantes-la-Jolie. Le choc est rude pour ses parents. Sa mère ne comprend pas : « Elle avait des préoccupations de son âge… Les petits amis, les études, les fringues, sortir, la techno, un pétard de temps en temps… Elle lisait Houellebecq… ». Aidée d’une amie et du flegmatique détective, Mme Pèlerin imagine un stratagème pour kidnapper sa fille…J’aime beaucoup Jack Palmer, ce privé maladroit attifé comme Colombo et vivant sous les toits dans une chambre de bonne. Un personnage minable dont chaque enquête vire à la catastrophe et dont la criante incompétence déclenche chez le lecteur de nombreux fou-rire. Alors que les premiers albums donnaient plutôt dans l’absurde et le pastiche, les suivants ont peu à peu glissé vers le traitement des faits de société. Chaque nouvelle aventure a permis à Pétillon de passer à la moulinette un milieu social. C’est ainsi qu’il s’est successivement penché sur le cas des écrivains (Les disparus d’Apostrophes), des musiciens (Le chanteur de Mexico), du microcosme de la bande dessinée (Le prince de la BD), de la bourgeoisie (Le pékinois) ou encore de la mode (L’affaire du Top Model). Avec L’enquête Corse, L’affaire du voile et Enquête au paradis, le dessinateur a changé de registre pour plonger son héros en pleine actualité.
Dans L’affaire du voile, Pétillon aborde un sujet ultra-sensible. Mais parce que son regard un rien décalé ne donne pas dans la surenchère ou la dénonciation gratuite, l’album fait mouche. Sans méchanceté, sans cynisme, loin des poncifs, il renvoie dos à dos l’extrémisme et les clichés sur l’islam, usant avec délice de cette tendre ironie qui caractérise son oeuvre. Le sujet n’est pas simple et ne se prête pas à l’éclat rire mais l'humour est néanmoins bien présent. Seul petit regret, Palmer semble totalement effacé de sa propre enquête et ne sert finalement que de faire valoir aux autres personnages. Il n'empêche, voila un album construit avec une rare intelligence et qui m'a fait passer un excellent moment de lecture.
Un grand merci à Valérie qui m’a offert cet album dans le cadre du loto BD organisé par Mo’.
Jack Palmer T13 : l’affaire du voile, de Pétillon, Éditions Albin Michel, 2006. 48 pages. 12.50 euros.
Pétillon © Albin Michel 2006