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A peine entré, il était déjà sortant.
Chers amis, bientôt arrive l’heure du choix. La France doit déterminer son avenir. Entre la continuité et le changement, je lui propose le changement. Pas seulement un changement de président - c’est la condition -, mais un changement de politique, de méthodes, de perspectives, de destin. Vous connaissez la nouvelle du jour. Peut-être n’est-elle pas venue jusqu’à vous ?… Le président-candidat est désormais candidat-président. Quelle nouvelle! Quel bouleversement! Quelle sensation! Mais je vais vous faire une confidence : moi, je m’en doutais. Cette nouvelle, nous la connaissions depuis des semaines, depuis toujours. La vérité, c’est que le président-candidat est candidat depuis cinq ans. A peine élu, il était déjà en campagne. A peine entré, il était déjà sortant.
Il ne s’est pas passé une semaine depuis 2007 sans qu’il n’agisse dans ce but. Pas une semaine sans calcul politique, sans mesure catégorielle, sans promesse. Pas une semaine sans que les moyens de l’Etat, ceux de l’audiovisuel, ne soient au service d’un homme, d’une carrière, au service d’une Droite qui n’a qu’une seule idée, une seule : rester au pouvoir.
Remettre tout à l’endroit …
Chers amis, je sais ce qui nous attend. Le scénario est écrit. Le candidat sortant nous promettra du neuf, il tentera de faire de ses faiblesses une force. Le président s’est trompé pendant cinq ans, mais justement, ce sera son expérience… On nous dira : « il a gouverné pendant cinq ans, il sait donc ce qu’il ne faut pas faire. Il connaît les erreurs à éviter ». La preuve c’est qu’il les a toutes commises ! Il prétendra que les vieilles recettes de l’austérité sont des remèdes du XXIe siècle. Il assènera que les Français vivent au-dessus de leurs moyens et qu’il faut les mettre à la diète. Il confessera que le passé ne compte pas, qu’il faut oublier le bilan, que la crise est passée par là, que tout s’efface et que seul l’avenir compte. Il nous dira qui si l’on a fait les choses à l’envers — et c’est vrai — il suffira de les remettre à l’endroit. Certains beaux esprits, il en existe, nous conseillerons de faire confiance au président, pour la simple et bonne raison qu’il est le président. Encore faudrait-il qu’il se soit comporté en président et qu’il ait inspiré confiance ! Mais c’est sa politique qu’il faut changer. Elle a été dure pour les faibles et douce pour les puissants.
Rappel de la phrase de François Mitterrand “Il aurait mieux fait de présenter ses excuses …”
Il vient sans doute — ou il va le faire — d’annoncer sa candidature. J’ai repensé à une phrase que François Mitterrand avait lui-même prononcée il y a trente ans lorsque le président sortant, Valéry Giscard d’Estaing, s’était lui-même déclaré. Il avait dit que plutôt que de présenter sa candidature, il aurait mieux fait de présenter ses excuses… Je ne sais pas si la formule vaut encore, mais c’est vrai qu’il y aurait des excuses à formuler pour le bilan, pour une politique qui a échoué, pour des promesses non tenues, pour une politique qui a systématiquement enrichi les riches, favorisé les favorisés et privilégié les privilégiés.
Qui va mieux depuis 5 ans ?
Car qui va mieux depuis cinq ans : les ouvriers, les employés, les agriculteurs qui peinent, les chercheurs qui vont mal, les professeurs dont on a supprimé les emplois, les commerçants, les artisans ? Qui va mieux en France ? Eh bien oui, je vais vous le dire, c’est un peuple très spécial, un peuple particulier, un peuple à part, un peuple qui vit en fait au-dessus du peuple, c’est le peuple des importants, le peuple des possédants, le peuple des dirigeants. Celui-là va mieux depuis cinq ans !
Un quequennat commencé par un bouclier, qui se termine par un coup de massue !
La politique actuelle, je sais où elle nous a menés. Le chômage est au plus haut, la croissance au plus bas, les profits sont à la hausse, le pouvoir d’achat est à la traîne, la compétitivité est affaiblie, la précarité renforcée, le déficit commercial se situe à un niveau exceptionnel, la dette atteint un record historique, les droits essentiels ont reculé — le travail, la santé, la retraite, le logement -, les inégalités se sont creusées, des cadeaux fiscaux ont été accordés aux plus favorisés, et les prélèvements se sont abattus — pas moins de quarante depuis 2007 sur tous les Français !
Ce quinquennat avait commencé par un bouclier pour protéger les plus riches. Il s’achève par une massue, celle de la TVA sur la tête des Français. Ce n’est pas un bilan, c’est un fiasco. Et je suis aussi sévère à l’égard de la politique qui a été menée au nom de l’Europe. Depuis deux ans, seize « sommets de la dernière chance » se sont tenus, et la Grèce en est toujours au même point, affaiblie, soumise, incapable de se redresser. Le pays est désespéré, la rue s’embrase, et les fonds n’ont toujours pas été libérés.