L'introuvable trinité politique

C'est un mystère complexe. Trois personnes en une seule. Bizarre, cette histoire. Mahomet, qui venait du désert mais n'était pas né de la dernière pluie, n'a rien voulu y comprendre. Père, Fils, Esprit, ça ne tient pas la route. Ces chrétiens sont des fous. Y a quand-même Saint Augustin qui s'est acharné à expliquer le concept mais c'est comme s'il pissait dans une cithare. 

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Trois est un nombre qui nous transporte. Il y a la Trinité chrétienne bien-sûr mais aussi les trois âges de la vie, les trois parties de la dissertation, les trois rois mages, le triangle, les trois mousquetaires alors qu'ils étaient quatre, le troisième homme...

Marine Le Pen et François Bayrou aimeraient bien jouer le troisième homme. L'invité surprise qui donne la cohérence au tout. François Bayrou considère que Nicolas Sarkozy est parti à droite, que François Hollande s'est enfoui à gauche et qu'il y a donc une place présidentielle pour lui au centre. Marine Le Pen arrive à la même conclusion mais en plaçant Nicolas Sarkozy au centre. Evidemment, le problème de cette trinité est que ses orientations sont subjectives ou relatives...

Il y a une chose qui est certaine, c'est que chacun des candidats devrait relire Saint Augustin pour repositionner sa trinité personnelle. 

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Dans la Trinité chrétienne, Trinité d'amour, il y a un père. Créateur, fort, sage. Il y a un fils. Chemin, doux, vivant. Il y a un esprit. Souffle, brûlant, salé. Trois personnes. Un seul Dieu. Mais un Dieu entier dans chacune des trois.

Cette étrange et merveilleuse croyance nous donne quelques clefs d'analyse politique. Nous pouvons ainsi remarquer que dans le débat qui commence à se réveiller, il manque toujours une personne de la trinité politique. Quand l'un se dit doux, l'autre se dit fort. Quand l'un veut montrer le chemin par l'action, tout le monde le crucifie. Quand l'autre se veut humble et humain, il passe pour un mou. Ainsi, si nos hommes politiques sont des pères plus ou moins bons et des fils plus ou moins sincères, il me semble qu'il leur manque l'esprit.

Depuis quelques mois, les français pâtinent. Aucun vote d'adhésion pour l'un, de l'antipathie pour l'autre, un peu différence pour le reste. Avec des hauts et des bas. Où est le hic? Il leur manque l'esprit. Pour faire marcher l'ordinateur, il faut le hard, le soft et notre intelligence. Pour faire avancer l'homme, Dieu lui a donné gratuitement Sa sagesse, Son amour et du discernement. 

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

La politique a du mal à trouver un souffle, son inspiration. Dans la Trinité chrétienne, l'amour se vit entre les trois personnes qui la compose. Dans la Trinité chrétienne, l'Esprit-Saint est ce feu qui brûle le coeur des hommes, qui les porte dans leurs faiblesses, qui les pousse dans leurs élans, qui discerne leurs doutes. Si la politique ne laisse plus de place à l'esprit, l'amour s'échappe. Or la vocation de l'homme, c'est l'amour. La solution à la crise, c'est l'amour. La réponse aux évènements qui nous éprouvent, c'est l'amour. Tout cela a un côté Saint Valentin et pourtant c'est très sérieux. Nous avons besoin d'amour mais sans inspiration et sans esprit, nous ne pouvons pas le trouver. 

Bien-sûr, il faut être pragmatique, proposer des solutions concrètes, répondre aux attentes des gens. Le Dieu de la Trinité s'est incarné, est mort sur une croix en souffrant comme une bête. Il a été jusqu'au bout des réalités. Mais Il a accompagné les hommes avec le souffle de l'Esprit-Saint afin qu'eux-aussi puissent Le rejoindre. Si le Christ était mort et puis basta, l'histoire n'aurait pas de sens. Si on prend une mesure sans esprit, la croissance n'a pas de sens.

Pourquoi la famille est-elle importante? Parce qu'elle est un socle d'amour, une éducation morale, un ascenseur spirituel. Pourquoi réformer l'économie? Parce que l'homme est co-créateur du monde et ne peut pas être ignoré, oublié ou entâché d'une adoration d'un veau d'or destructeur. Pourquoi prendre des mesures, faire des réformes, promettre des lois? Par pragmatisme? Peut-être. Mais aussi et plus sûrement par la volonté inspirée de faire grandir l'homme qui seule garantit que le chef ne déviera pas.