Magazine France
Ce matin à 7h30, en posant mon blouson sur le portemanteau du bureau de vote, j’y déposerai en même temps mon statut d’élu. Ce soir, je ne reprendrai que mon seul blouson. 13 ans de mandat avec la chance d’avoir commencé jeune… à 25 ans dans une ville de 60.000 habitants et maintenant ? Et quel bilan personnel ? Ivresse, illusions, désillusions, déceptions et aujourd’hui une certaine indifférence narquoise vis-à-vis à de ce petit monde. De l’amertume, les regrets d’une «carrière ratée »… rien de tout de cela… mon itinéraire personnel, une certain radicalité dans la vision de la Politique où il y a peu de place pour le consensus mou sur les comportements individuel, tous ces éléments m’inclinent à penser que cela devait se passer de cette façon… et j’aime trop ma liberté pour me laisser inféoder à je ne sais quel potentat local. Et pourtant la politique reste une drogue dure, le combat des idées, l’affrontement demeure malgré tout une part de moi-même… ce blog en témoigne et au fond correspond bien à cela… Repas, serrage de mains, assemblées en tout genre, réunions sans intérêt mais parce qu’on est élu, on se doit d’y être… même pour faire plante verte dans un coin… et surtout pour « exister »… s’exprimer le moins possible si on veut faire son trou. Alors oui… j’y « perds » une forme de « respectabilité », cette infime parcelle d’un pouvoir supposé… bien peu de choses en fait si ce n’est qu’à trop en attendre, on s’y perd soi-même… et c’est pour ça que je suis un militant intransigeant sur le cumul des mandats et des fonctions… dans le temps. La politique n’est en aucun cas un métier, elle exige des compétences… le premier ne garantit en aucun la deuxième exigence… loin s’en faut. Voilà en quelques lignes… mon sentiment de ce matin à quelques heures de la fin de mon deuxième mandat… au final… je reste convaincu que c’est triste non pour moi… mais pour le jeune idéaliste de 20 ans qui quelques années plus tard se retourne un bref instant sur le chemin parcouru. Bah certains comprendront probablement ce court papier comme celui d’un gars aigri… je ne veux pas les en dissuader… Curieusement, j’ai eu beaucoup de mal à pondre ces quelques lignes comme si au fond… il n’y avait rien d’autre à dire que ce simple constat : la politique se perd. Bon vote malgré tout.