Le candidat Sarkozy a raison de considérer que notre pays a un problème avec la démocratie. L’oligarchie qui tient les rênes de la France ne représente pas le pays réel. Mais il se trompe de solution.
Annonçant hier mercredi 16 février sa candidature à l’élection présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy a notamment déclaré :
«Je me suis dit qu’il y avait une idée centrale dans les engagements pour mon deuxième quinquennat, c’est redonner la parole au peuple français, par le référendum ».
Et, à la fin de son intervention, il a ajouté:
«Chaque fois qu’il y aura blocage, je ferai trancher le peuple français».
Le chef de l’Etat ne peut ignorer que le référendum, dont le principe a été inscrit dans la Constitution de la Vème République par le général De Gaulle, est considéré avec méfiance, non seulement par les corps intermédiaires, mais par les Français eux-mêmes.
Trop souvent, dans notre histoire, le référendum s’est transformé en plébiscite. Et on a vu en 2007 le président de la République lui-même confier au Parlement le soin de contredire l’expression populaire de 2005 sur le Traité de Constitution européenne…
On rappellera enfin que certaines consultations référendaires enregistrèrent plus de 63% d’abstentions (1988, sur le statut de la Nouvelle-Calédonie).
Le prochain Président voudrait-il modifier le statut des chômeurs, leurs conditions d’indemnisation, les règles de la formation professionnelle ? On ne voit pas pourquoi une majorité parlementaire issue des élections générales ne serait pas qualifiée pour légiférer sur ces questions.
Pourtant le candidat Sarkozy a raison de considérer que la France a un problème avec la démocratie. L’oligarchie qui tient les rênes du Pays, dominée par des mandataires de la sphère publique, ne représente pas le pays réel.
Mais il se trompe de solution. Celle-ci ne se trouve pas dans la multiplication de consultations organisées par le pouvoir exécutif pour contourner sa propre majorité, ou pour secouer la bureaucratie qui le paralyse.
Elle se trouve dans un véritable retour aux sources de la souveraineté du peuple, avec la possibilité, pour le peuple, de censurer une décision votée par le Parlement (c’est ce que nos voisins Suisses appellent le référendum «facultatif»).
Et aussi de soumettre au peuple un projet qui, autrement, n’aurait jamais été examiné et mis en débat (le référendum d’«initiative populaire»).
Encore un effort, Monsieur le Président ! Et votre proposition sera alors vraiment de nature à «rendre» au peuple non seulement sa parole, mais aussi son pouvoir. Celui de sa souveraineté naturelle.
Alain Dumait, directeur de la publication du Cri du Contribuable
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