Comme si les 800 pages du Livre des enfants de A. S. Byatt ne me suffisaient pas, j’ai également acheté ses Petits Contes Noirs.
Le format court me permet de rester dans l’univers de cette auteure que je découvre et que j’adore déjà, tout en m’offrant des respirations à la densité de son roman fleuve.
Je n’en ai lu qu’un (je les savoure, comme des gourmandises précieuses), Une femme de pierre, et je l’ai trouvé très beau. On retrouve dans sa narration l’étrangeté limpide des contes de Grimm ou d’Andersen, mais à la manière moderne des contes de Joyce Carol Oates, et dans un style qui m’a fait penser, par sa précision, sa pureté et son érudition à celui de Karen Blixen. Avouez que c’est un cocktail pour le moins prestigieux.
Une jeune femme, suite à un deuil insupportable et à une opération chirurgicale, se métamorphose lentement et en toute conscience en pierre. Elle accepte cette mutation par désespoir et par curiosité, observant ses membres et sa chair se transformer, changer de couleur, de texture et de densité.
Cela l’amène à rencontrer un sculpteur islandais, qui, de par sa culture nourrie de contes de son pays et d’une autre vision des éléments, accueille cette pétrification avec facilité et admiration, ébloui par la beauté du phénomène, habitué à accepter l’irrationnel. C’est en effet grâce aux contes islandais et à la nature même de son pays plein de lichens, de glace et de lave que le destin de cette femme devenant minérale sera scellé.
A. S. Byatt est décidément une conteuse hors pair, à l’imaginaire poétique et à la langue étincelante, pleine de rubis, de pépites et de nuances.
Chronique de ce recueil chez Chronicart ici.
Photographie du dessus sous le copyright de VictoryPix.