En tant que grand fan de Keira Knightley (et de Cronenberg d’une certaine façon), je dois dire que j’attendais beaucoup de ce film et globalement, je n’ai vraiment pas été déçu. Certes la mise en scène est des plus classique mais le propos du film est tellement intéressant qu’on fait volontiers abstraction de la forme pour se concentrer pleinement sur le fond. Et à ce niveau-là, le moins que l’on puisse dire est qu’on est servi. Effectivement, le film relate la naissance de ce qu’on appelle aujourd’hui la psychanalyse par l’intermédiaire de deux experts de l’esprit et d’une patiente assez dérangée mais non moins brillante. Et il le fait au moyen d’expériences psychologiques et de dialogues tous plus intéressants les uns que les autres. C’est un aspect qui peut paraître ennuyeux dit comme ça mais qui ne l’est pas si on décide de s’impliquer un minimum dans l’histoire et de faire un petit travail de réflexion. Car si les trois personnages se rejoignent sur un certain nombre de point, ils ont quand même chacun leur propre façon de voir les choses et c’est lors de leurs échanges qu’on peut réellement prendre conscience de leurs différences et de leurs contradictions. Chacun apportant sa pierre à l’édifice et contribuant à créer une atmosphère à la fois troublante et excitante. Mais selon moi, le grand intérêt du film est également de montrer que les docteurs sont tout aussi névrosés que leurs patients. Et la relation entre Jung et Sabina en est un bel exemple puisque le thérapeute succombe à son attirance physique pour la jeune femme et s’engage dans une liaison charnelle aussi ambiguë que dangereuse.
Mais si le film est aussi intéressant, au-delà de son contenu évidemment, c’est sans aucun doute grâce à la qualité de jeu des trois acteurs principaux. En effet, je les ai tous trouvé très bon, bien que se distinguant dans des registres parfois fort différents. Keira Knightley tout d’abord est absolument remarquable dans le rôle de cette patiente un peu folle souffrant de pulsions masochistes. J’avoue que sa prestation au début du film m’a complètement bluffée car ce n’est jamais évident de jouer à l’écran ce type de trouble qui nécessite de trouver l’équilibre idéal entre ne pas en faire assez et en faire trop. Et personnellement, je trouve qu’elle y est parvenue avec beaucoup de maîtrise. Je ne rejoins donc pas les critiques qui s’obstinent à lui reprocher de surjouer ses personnages. Ensuite, face à elle, Michael Fassbender et Viggo Mortensen ne sont pas en reste et livrent eux aussi une prestation impeccable. Le premier confirme avec ce rôle de Carl Jung tout son talent et s’affirme encore davantage comme une star en devenir. Quant au second, il incarne parfaitement ce rôle de Sigmund Freud et donne, comme à son habitude, beaucoup de charisme à son personnage. Mais plus que leurs performances individuelles, j’ai surtout apprécié les échanges entre les différents personnages, surtout entre Jung et Freud. Si le premier n’hésite pas à se remettre en question, le second en revanche campe sur ses positions et tente d’imposer, avec une élégance verbale non négligeable, ses idées.En définitive, il est vrai que A Dangerous Method est un film on ne peut plus classique sur la forme mais au combien intéressant sur le fond, et cela en grande partie grâce à la richesse des dialogues. Qui plus est, les acteurs sont vraiment à la hauteur et donnent au film un intérêt particulier. Bref, même si ce n’est certainement pas le meilleur film de Cronenberg, il a au moins le mérite de porter à l’écran un thème pas forcément évidemment à traiter. Une belle expérience pour ma part !