"Dans un futur sombre, sur les ruines des États-Unis, un jeu télévisé est créé pour contrôler le peuple par la terreur. Douze garçons et douze filles tirés au sort participent à cette sinistre téléréalité, que tout le monde est forcé de regarder en direct. Une seule règle dans l'arène : survivre, à tout prix. Quand sa petite sœur est appelée pour participer aux Hunger Games, Katniss n'hésite pas une seconde. Elle prend sa place, consciente du danger. À seize ans, Katniss a déjà été confrontée plusieurs fois à la mort. Chez elle, survivre est comme une seconde nature..." (Note Editeur)
Il est fort peu probable que vous ne connaissiez pas encore Hunger Games, best-seller mondial et dont la sortie prochaine du film est très attendue. Nouvel étendard de la littérature pour ado, Hunger Games est le phénomène littéraire jeunesse à ne surtout pas rater. Et plutôt à juste titre d’ailleurs. Car si le style n’est pas vraiment l’élément moteur de ce roman, la narratrice étant une jeune fille de 16 ans un brin naïve, l’intrigue quant à elle vous embarque dès les premières pages, s’agrippe à vous et ne vous lâche plus.
Issu du mouvement dystopique, ce roman nous plonge dans un univers futur très noir où les Etats-Unis n’existent plus. Le pays devenu Panem, est un territoire délabré divisé en 12 districts confinés ayant chacun leur spécialité, tous rigoureusement contrôlés par le Capitole. Chaque année, les habitants voient arriver avec un mélange de terreur et de fascination les jeux de la faim, « hunger games », où vingt-quatre adolescents – deux par districts – vont devoir s’affronter jusqu’à la mort, le dernier survivant étant alors désigné vainqueur. L’idée du jeu télévisé n’est pas sans rappeler la nouvelle de Robert Sheckley Le prix du danger parue en 1958 puis le film éponyme sorti en 1983 avec Gérard Lanvin dans le rôle de l’homme à abattre et la regrettée Marie-France Pisier. Je pense également à Running man avec Arnold Schwarzenegger, inspiré d’un roman de Stephen King ou encore dans un registre assez proche le roman Acide sulfurique d’Amélie Nothomb.
Tout ceci pourrait donc avoir des allures de resucée bêtifiante, mais il n’en est rien notamment grâce à l’atmosphère créée par l’auteur qui développe l’organisation de cette tuerie de jeunes adolescents comme un spectacle de télé réalité. C’est d’ailleurs le réalisme des scènes de massacre qui glace le sang. La réussite d’Hunger Games émane aussi énormément de son héroïne Katniss Everdeen, jeune fille simple mais attachante, pleine de ressources ignorées d’elle-même, capable d’un tel courage qu’elle suscite rapidement l’admiration de tous. Orpheline de père, elle a dû très tôt apprendre à chasser et vendre ses proies pour faire vivre sa mère et sa jeune sœur. Mais cette capacité à la survie l’a également rendue asociale et sauvage, ce qui va l’amener à s’étonner de nombreuses facettes de la personnalité des autres candidats. Elle découvre alors que son aptitude pour la chasse ne suffit pas si elle veut gagner le jeu, elle va devoir aussi travailler sur son côté franc-tireur et apprendre à faire confiance.
La mise en scène, non dénuée d’intérêt dans le rapport de force instauré entre le spectateur et la télévision, est fort bien traitée. Elle montre également le poids que peut prendre l’emballage marketing d’une telle émission, aussi tordue et abominable soit-elle. L’enjeu n’est plus seulement de vivre ou de mourir, il est de survivre et de tuer, contraignant les adolescents devenus acteurs de ce jeu ignoble, à prendre une part active à cette monstruosité télévisuelle. L’obscénité d’un tel programme porte le sacrifice humain au rang de spectacle, jouant avec les codes du sensationnalisme pour mieux en dénoncer l’ignominie.
Conclusion : Une bonne surprise dans la catégorie roman jeunesse, quelques scènes sont très marquantes, attention aux âmes sensibles. Ma note : 16/20.
Pour en savoir plus :
Paru chez Pocket Jeunesse / Octobre 2009
399 pages