Ce projet, lié à une volonté de la coopérative de faire transiter ses légumes par train pour mieux alimenter le marché européen, continue de diviser en provoquant des tensions.
Dimanche 22 janvier, à Saint-Pol-de-Léon, des personnes se revendiquant de la FNSEA ont empêché l’accès des comédiens et du public à la salle de spectacle dans laquelle devaient se jouer la pièce Alanig al louarn.
La raison invoquée par les manifestants pour justifier ce blocus: les recettes de la représentation devaient être reversées aux profits de l’association Kermorus-Vilar Gren. Celle-ci se bat depuis plusieurs mois contre le projet de construction de plateforme logistique et de conditionnement de légumes de la SICA, à St-Po-de-Lon.
Un projet ambitieux…
Cette entrave à la liberté d’expression n’est en fait que le dernier symptôme de tensions entre partisans et opposants à la plateforme, traversant le territoire saint-politain depuis plusieurs mois. Petit retour en arrière : mi-2011, la SICA obtient un permis de construire pour un vaste bâtiment de 7 ha destiné à conditionner les légumes. Le chantier débute au mois d’octobre dernier.
Le but ? Remplacer les cinq autres stations du bassin légumier. Et recouvrer une nouvelle et « nécessaire » compétitivité sur le marché européen. En effet, davantage de légumes pourraient être conditionnés, pour ensuite être acheminés par voie ferroviaire. Et ainsi mieux alimenter l’international.
…Et controversé
Si ce projet de ferroutage, au premier abord, apparait comme une bonne idée puisque moins de camions seraient sur les routes, celui de la plateforme parait, par contre, plus contestable. Suite à un recours récent déposé par une association de riverains au tribunal administratif de Rennes, le projet est désormais gelé depuis novembre 2011.
Le tribunal a observé que le chantier a été entamé alors que le Plan Local d’Urbanisme (PLU), en révision, n’avait pas encore été entériné par la municipalité. Aussi, les opposants à ce projet de plateforme s’interrogent sur le respect de la loi littoral.
Plusieurs opposants au projet, dénoncent même un désastre « social et environnemental ». Pour René Louail, d’EELV, le projet va opérer un « transfert de charge sur les agriculteurs ». Ces derniers devront, selon lui, effectuer paradoxalement plus de transports pour acheminer leurs productions jusqu’à la nouvelle plateforme. De plus, il pointe le fait que chantier est établi sur des terres agricoles à forte valeur.
En plus de ces aspects, Saig Jestin, l'un des deux président de l'association de défense de Kermorus-Vilagren, argue le fait que le futur bâtiment devrait s’élever au pied du manoir de Kermorus, « monument datant du XVIe siècle en cours d’inscription au titre des monuments historiques par la Direction Régionale des Affaires Culturelles ».
Si aujourd’hui Saig Jestin peut se réjouir de la suspension du chantier, rien n’est encore joué. En effet, une décision définitive sera prise dans les mois qui viennent, l’audience sur le fond du tribunal administratif n’ayant pas encore eu lieu.
Un article réalisé par François Delotte pour notre partenaire Bretagne Durable, www.bretagne-durable.info