[blu-ray] Ciné-Club Sensation, séance n° 16 : Appaloosa

Publié le 16 février 2012 par Vance @Great_Wenceslas

 

3,8/5

Afin de rattraper le retard dû à la mise en place du nouveau  planning de 2012 du Cinéclub Sensation , nous avons décidé de visionner ensemble les films de janvier et février.


Donc, après Dark City, dans les mêmes conditions de visionnage, ce fut Appaloosa.

Autres lieux, autres temps.

Voilà un western moderne (en ce sens qu’il fait partie de la vague de reprise du genre initiée à l’époque de Silverado) qui troque le souffle épique et les grands espaces pour les rapports délicats entre des individus animés avant tout par certaines valeurs : la loyauté, l’honneur et un certain sens du devoir. Chez Virgil Cole et Everett Hitch, la morale s’efface nécessairement devant l’Ordre, nécessaire au maintien de la quiétude des citoyens qu’ils se sont chargés de protéger. Malgré la manière cavalière – et radicale – avec laquelle ils exigent les pleins pouvoirs auprès de la communauté d’Appaloosa (cela passe par la signature d’un accord officiel accordant à Cole le statut de shérif – ou plus probablement de Town Marshall puisque sa juridiction s’arrête aux frontières de la ville, et qu’il n’est pas lié à un comté), leur abnégation à accomplir ce pour quoi ils sont venus est totale : ils y consacrent l’essentiel de leur temps et ne paraissent pas abuser de leurs prérogatives.

Mais voilà qu’une femme arrive en ville.


Ce dernier élément, s'il était nécessaire au script (il constitue une première rupture), lui nuit également à cause d'un personnage pour lequel on n'a jamais d'empathie - et aussi d'une interprétation de Renée Zellweger assez peu convaincante : son visage bouffi et ses sourires figés agacent et la mettent souvent en porte-à-faux. Dommage car il s’agissait d’un des seuls éléments féminins d’un film d’hommes, et qu’il permettait à Ed Harris et Viggo Mortensen d’exprimer autre chose qu’une détermination sans faille.

Le reste, avec son refus systématique du spectaculaire et de la dramatisation à outrance, presque théâtrale, des westerns classiques (les duels, ici, se règlent à la vitesse de l'éclair, sans discussion ni tergiversation ; les coups de feu claquent sèchement, sans écho ni profondeur ; les balles, lorsqu’elles atteignent leur cible, blessent mais rarement mortellement) permet de construire une vision intéressante d'un Far West à l'aube du XXe siècle, au confluent de générations antagonistes, alternant entre clichés savamment disséminés et punchlines percutantes (on sourit souvent des répliques du duo initial, de leurs airs entendus), et orné d'éléments qui recherchent l'authenticité (très beaux accessoires et costumes, dont on retrouvera un magnifique catalogue tout au long du générique final).


Ed Harris et Jeremy Irons sont égaux à eux-mêmes, profondément charismatiques, posés, élégants dans leurs statuts contradictoires, mais il faut avouer qu’ils sont presque mis sous l'éteignoir d'un Viggo Mortensen d'une classe folle. Le blu-ray offre une image spectaculaire, très contrastée, qui permet de bien profiter des paysages pourtant peu mis en valeur par la mise en scène. La piste son fait son office mais il ne faut pas s’attendre à la tonitruance d’un Open Range.


Une forme de western néo-classique, un genre qui refuse décidément, et c'est heureux, de mourir..


Appaloosa

Un western d’Ed Harris (2008) avec lui-même, Viggo Mortensen, Lance Henriksen, Jeremy Irons & Renée Zellweger.

Un blu-ray Metropolitan (2010) Region B :

2.40 : 1 en 16/9 ; VF Dolby True HD ; 115 minutes.

Résumé : Deux justiciers liés par une amitié indéfectible entreprennent de ramener l'ordre dans la petite ville d'Appaloosa, sous la coupe réglée de Bragg, accusé de viols et autres exactions et soupçonné d'avoir trucidé l'ancien shérif. Rapides et sûrs d'eux, ils parviendront dans un premier temps à se faire respecter jusqu'à ce qu'une femme débarque en ville et bouleverse leur quotidien…