Lundi 13:
Ce matin, je suis douloureusement réveillée par un SMS à 7h50 ! Bloody SMS ! je vais tuer la personne qui a osé...
Bon, c'est Hassina, ma prof de Pilates qui annule le cours de ce matin. Je vais pas la tuer... ses séances de pilates me font un bien fou. J'ai moins mal au dos depuis que j'en fais.
Elle dit qu'il n'y a pas école car il faut trop froid.
Mince ! c'est vrai qu'il avait été annoncé des températures allant jusqu'à -30 °C pour cette semaine. Je me lève et regarde dans le couloir, je vois mes enfants en train de s'habiller pour l'école. Quentin et Chloé sont à peine reconnaissables sous la tonne de vêtements ( bonnet, écharpe, 2 paires de gants, doudounes, pulls, chapka...) qu'ils sont en train d'enfiler péniblement. Visiblement ils ont école eux.
Je regarde mon termomètre -30°C, c'est inhumain de sortir avec un tel froid et c'est pourquoi l'école des petits est fermée aujourd'hui.
Je décide d'hiberner dans mon lit, je mets une couverture supplémentaire, c'est psychologique, j'ai l'impression qu'il fait froid dans l'appartement soudain.
Le soir j'apprends curieusement que toutes les écoles seront fermées demain ( décision de la ville ) alors qu'il est prévu qu'il fasse des températures moins basses, de l'ordre de -15 °C.
ça tombe plutot bien, car je dois partir pour la journée à Moscou avec un groupe de jeunes qui vont passer leur JAPD à Moscou.
Mardi 14 :
Il fait beaucoup moins froid : -15°C ce matin à 8h30.
Mon fils est de la fête. On part ensemble, on a RDV au théâtre avec le reste du groupe. Une fois arrivés, on se rend compte qu'on a oublié tous les 2 notre téléphone dans l'appart. Quentin optimiste dit que c'est pas grave, moi pessimiste dit que c'est hyper grave, qu'on ne sait jamais. Quentin se sacrifie pour y retourner les chercher. Il est brave....
C'est sous un soleil radieux que nous faisons le trajet jusqu'à Moscou.
A l'ambassade, mon fils retrouve un ami d'enfance. Il ne l'a pas revu depuis 10 ans. Nicolas P. était son meilleur ami en Argentine. Le monde est petit comme un mouchoir de poche. Les deux gamins n'en reviennent pas de se retrouver à Moscou.
Nicolas habite Moscou depuis 1 an et demi et ignore où se trouve Kaluga. Il est effaré d'apprendre qu'il existe une école PSA française à Kaluga ( son père travaille aussi pour PSA ) et visiblement qu'on y puisse y faire une scolarité normale avec des enseignants français et francophones.
Avec Lolo, ma compagne de la journée, nous allons visiter le " jardin des statues " créée en 1992 qui entoure la galerie Trétiakov, rue de Krymskiy Val. Ces statues de hiérarques communistes ont été déboulonnées à la chute du régime. Pas moins de 700 statues de toutes tailles et de différents matériaux offrent un étonnant spectacle aux visiteurs. Des congères de neige sculptées sur place complètent ce vaste cimetière.
Certaines oeuvres sont symboliques, chargées de douleurs...comme celles de E. Tchoubarov sur les déportations staliniennes.
Lolo discute avec Sverdlov, le cerveau de l'insurection de novembre 1917. Ils ont des tas de trucs à se dire...
Lui, c'est Felix Dzerjinski, une grosse pourriture, déboulonnée de la place de la Loubianka où il demeura de 1958 à 1991. Emblème de la répression, il dirigea le Tcheka ( ancien KGB) police
politique pour la lutte conte la contre-révolution et le sabotage.
Une chappe de glace emprisonne la Moskva.
Ensuite, nous prenons le métro pour aller sur la mythique place Rouge que Lolo ne connait pas encore. ça glisse sur le pavé. La basilique est fermée, on est dégouté.
Un vent glacial nous fait fuir et c'est au Goum que nous nous réfugions pour faire une pose et boire un chocolat chaud.
Le soir, nous mettons 3h 30 pour regagner Kaluga.
Dans le mini-van, les ados mangent des chips et fredonnent des chansons de Grand corps malade, Fatal Bazouka... Je demande à Laurence si elle n'a pas envie d'une petite bière là maintenant dans ce bus surchauffé à 29° C. Même pas...
Mercredi 15 :
Il fait presque chaud, -2 °C au thermomètre, il neige. On dirait qu'il vole des confettis, c'est beau !
Olga repasse et fait ses sketches en me parlant, persuadée que je ne comprends toujours pas un mot de russe. Elle est drôle et je fais comme si.
Olga, ma prof de piano ( ne pas confondre ) arrive à midi. En ce moment, j'apprends plein de morceaux chouettes. Après l'apprentissage des bases et de nombreuses comptines enfantines en russes ( genre mon beau sapin...) :
"Маленькой елочке
Холодно зимой.
Из лесу елочку
Взяли мы домой.
Из лесу елочку
Взяли мы домой.."
Oui ça je peux le jouer et aussi ... le chanter mais c'est une misère !.
Nous passons maintenant à des compositeurs célèbres que j'adore mais toujours à mon niveau afin de ne pas me décourager :
- Début de la Symphonie n° 40 de Mozart ( version facile ),
- Fin de l' Ode à la joie de Beethoven,
- Fin de la symphonie n°5 de Beethoven.
Puis cours de russe à 13h30.
Je propose à Larissa qu'on étudie des vers en russe du célèbre poète Vladimir Maïakovski, elle est emballée, moi aussi. D'ailleurs c'est sur lui qu'elle est tombée au bac en russe. Sur le pas de porte, on discute encore de Lili Brick...
ça y est j'ai réservé mes 4 billets pour aller au Bolshoï au mois d'avril (Roméo et Juliette ).
La vie est belle et l'hiver en Russie avec ce froid et ce soleil ressemble à un poème de Pouchkine selon mon mari, érudit en la matière ( il n'est pas rare qu'il récite des vers de Pouchkine en russe, héritage de ses cours de russe, je suis ébahie).
La poésie, c'est comme le radium; pour en obtenir un gramme, il faut des années d'effort a dit Maïakovski. A méditer.