De notre présentation graphique de l'évaluation d'un vin en 8 notes possibles (plaisir/émotion) aux différents articles relativisant de plus en plus le système particulièrement réducteur des notes sur 100 ou sur 20, on sait ici à quel point la notation d'un vin dépend tout autant des qualités du dégustateur que des circonstances de sa dégustation.
Donc deux facteurs particulièrement difficiles à reproduire.
Dans le Figaro du jour, page 33, une petite interview de JP Kauffmann, le créateur de l'Amateur de Bordeaux et de l'Amateur du Cigare, que je me permets de reproduire partiellement, tant je suis en totale phase avec son approche de la chose.
© Le Figaro :
"… je défends passionnément la notion d'amateur : celui qui aime et qui veut faire partager sa délectation. Par opposition à l'expert qui ne veut rien partager du tout. Nous mourons de la culture du spécialiste, de l'initié.
Du haut d'un savoir souvent relatif, ces derniers instaurent un rapport d'hégémonie. L'amateur ne boit pas pour exhiber sa science et son habilité de dégustateur mais pour mieux comprendre ce qu'il aime en se fiant à son propre jugement.
Sa seule règle : j'aime, je n'aime pas. Il peut expliquer ses préférences, mais a-t-on besoin de justifier des goûts et des couleurs ? "
Bon, surtout ne pas prendre cette formulation sensée comme une condamnation sans nuances de ce que peut nous apporter le critique ou l'écrivain du vin. Comme en musique, comme pour tous les arts, en savoir plus grâce à des maîtres reste un atout dans l'expérience primaire. Il est hors de question de jeter le bébé avec l'eau du bain. Dire "je n'ai besoin de personne" est d'un primaire redoutable. Mais en même temps, le professionnel se doit de comprendre les approches de l'amateur sans exiger de lui un mode de fonctionnement rébarbatif basé sur des techniques qui lui seront toujours d'abscons concepts.
Or, bien des "pro" (?) ont besoin d'utiliser des notions soit disant techniques pour justifier une supériorité qu'ils n'ont simplement pas. Un comportement qu'on trouve parfois auprès de sommeliers sûrs de leur supériorité… qu'ils n'ont pas !
Il faut rétablir un langage plus simple, plus cohérent, plus fusionnel entre l'expert et l'amateur. Chacun doit faire un pas vers l'autre, mais si c'est sans modestie, c'est voué à l'échec.
Ma marotte :