Les subventions aux entreprises se multiplient au rythme des délocalisations au Québec. Il est temps de changer de méthode et de supprimer les aides pour réduire les taxes, seule méthode efficace pour maintenir l’activité économique.
Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec.
Pendant que Jean Charest et Sam Hamad font la tournée des cocktails party à Davos, en Suisse, Montréal perd encore 700 emplois. Cette fois c’est l’usine d’électroménagers Mabe Canada, dans l’Est de la ville.Au Québec, on parle beaucoup du Plan Nord. Mais faudrait aussi jeter un œil sur ce qui se passe au sud. À Montréal, le taux de chômage dépasse 10%. Les routes défoncent, les ponts craquent et les automobilistes ragent à travers les cônes orange. Et surtout, le secteur manufacturier agonise. Rappelons que Montréal, à elle seule, traîne l’économie québécoise plus que tout le vaste espace qui l’entoure.
Et au rythme où les annonces de fermeture se succèdent, gageons que la saignée va se poursuivre.
Acharnement étatique
Mais ne comptez pas sur nos génies de politiciens pour régler le problème. Encore moins pour proposer de nouvelles solutions.
À l’annonce de la fermeture prochaine de l’usine Mabe, Pauline Marois, en politicienne prévisible, a déchiré son chemisier (façon de parler). C’est la faute aux libéraux! Le gouvernement Charest n’est pas assez « proactif », a-t-elle dit. Les Américains eux, n’hésitent pas à donner aux entreprises des « avantages » (lire : subventions). Il faudrait en faire plus!
Comme si on n’en donnait pas assez ! Mme Marois devrait lire mon collègue Pierre Duhamel. Il rapportait récemment que Québec, Ottawa et les municipalités ont versé 7,7 milliards $ en subventions et transferts aux entreprises québécoises en 2009. Les subventions ont presque doublé depuis 2000 ! Nous en donnons presque trois fois plus qu’en Ontario.
Nous donnons aussi des centaines de millions en crédits d’impôt au Fonds de solidarité de la FTQ, à celui de la CSN, et au fond coopératif Desjardins, pour ne nommer que ceux-là. Des fonds qui doivent, théoriquement, aider les entreprises d’ici.
Tout ça pour quoi ? Les entreprises plient bagage l’une après l’autre, et notre taux de chômage dépasse celui du reste du pays ! Bien sûr, ça crée des emplois… pour les fonctionnaires qui gèrent tous ces programmes.
Et Mme Marois voudrait qu’on verse encore plus de nos impôts dans cette stratégie ?
Place aux entrepreneurs !
La chef du Parti québécois n’a-t-elle pas entendu son porte-parole des Finances, Nicolas Marceau, qui propose d’éliminer les subventions aux entreprises pour les remplacer par des baisses d’impôts ? Ce serait le meilleur moyen d’attirer les investissements, dit ce professeur d’économie.
Car rien ne sert de se casser le coco pour essayer de garder ici des emplois que les Mexicains ou Chinois peuvent concurrencer. Ce qu’il faut se demander, c’est comment en créer de nouveau. Comment créer des produits novateurs (autant dans les secteurs « manuels » que du savoir) pour les consommateurs de demain. Et avec lesquels les pays émergents ne pourront rivaliser. Miser sur nos ressources, aussi.
Pour ça, le gouvernement doit mettre en place les conditions pour permettre aux entrepreneurs de ce qu’ils font de mieux : créer, innover. Sans avoir à nager des heures dans la paperasse, ou craindre de voir débarquer les matamores de Revenu Québec. Ça veut aussi dire pour le gouvernement de dépenser moins, et mieux. Maintenir des infrastructures de qualité, faire le ménage dans l’éducation, réglementer de façon souple et intelligente. Et arrêter d’asphyxier les consommateurs et les entreprises avec de nouvelles taxes.
Bref, qu’il se tasse du chemin. Au lieu de faire plus de ce qui ne marche pas.
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