Corps et âme nullipare, jamais je n'ai accouché, jamais je n'enfanterai. ... l'embryon est un cancer.(ICI)Mon matériau n'est pas fictif. Voir le sang et l'intérieur du crâne de papa et de maman, et tout ça... Je ne raconte pas vraiment d'histoire, il s'agit de transmettre un ressenti. Donc, mon lecteur doit s'en prendre plein la gueule, c'est nécessaire.
Autrefois, j'achetais des rôtis que je saccageais au couteau de cuisine: ma psychiatre pense que ses médicaments magiques sont efficaces, mais je sais que c'est allé beaucoup mieux quand je me suis mise à torturer des gens dans mes bouquins. Je l'ai fait pour que ça se passe bien, parce que j'ai quand même un surmoi efficace.Je ne crois pas que je passerai à l'acte: me taper l'hôpital psychiatrique à vie, ça ne serait pas très rigolo. J'ai quand même autre chose à faire. Il y a chez moi la défense des pyjamas bleus, et j'ai parfois tendance à exagérer dans l'exhibition de mes symptômes, mais je tiens à expliquer de l'intérieur ce qu'est la bipolarité à tendance psychotique. Je suis diagnostiquée très clairement même si le diagnostic évolue, bien sûr.(ICI)
Or on est dans une société où ce qui touche à la dépression est très intégré, mais où le dédoublement et la psychose semblent tout de suite dangereux. Sans être une porte-parole, j'essaie de donner mon témoignage: pas au sens de tranche de vie dégueulasse, mais avec une sensibilité qui s'exprimerait de façon littéraire, afin de transmettre ce ressenti particulier à ceux qui ont un moi monolithique, aux névrosés de base qui ne comprennent pas bien.
Car contrairement à ce qu'on croit parfois, je ne suis pas schizophrène, mais j'ai un véritable problème de dissociation, très net, oui.
L'écriture n'est pas thérapeutique: je crois qu'on ne guérit pas. Comme on ne fait pas une analyse pour guérir, mais pour être au plus près de sa parole et de soi-même.(ICI)
Enfin la journaliste Alexandra Galakof s'indigne (ICI) que Chloé Delaume persiste et signe dans son dogme de ne pas être divertie par la littérature : On n’a pas le droit, quand on veut faire quelque chose d’inscrit dans l’époque, d’être dans le divertissement, divertir étant détourner de ce qui occupe. Des romanciers qui font des aventures, il y en aura toujours mais ceux qui savent faire ne peuvent pas se contenter d’utiliser l’esthétisme pour être ce miroir au long du chemin. Il faudrait leur couper la tête.
Nombreux sont les journalistes qui en parlent, mais je n'ai pas encore trouvé de blogs de lecteurs, du moins parmi ceux que je connais, qui présentent son dernier livre. (Voir ICI cependant et ICI où les commentaires sont intéressants, là et là.)
Il ne me reste plus qu'à me lancer dans cette lecture mais en ai-je vraiment envie, moi pour qui lire est avant tout un loisir, un divertissement soit l'occupation qui m'ôte le mieux le poids des soucis quotidiens et m'empêche de trop penser au temps dévoreur, ce qui ne veut pas dire non plus lire n'importe quoi.