Claude Cattelain, Armature variable, performance, novembre 2010, Nevers, photo Mélanie Berger
Jeudi passé, défiant le vent glacial, le gel et le froid sibérien qui s’est installé jusque dans le sud-ouest, je me suis rendue au vernissage de l’exposition “Strategies des espaces” au centre d’art BBB. Mon courage a été récompensé, l’exposition est excellente (et composée de très peu d’oeuvres, comme j’aime) et j’ai pu en profiter pour assister à la performance de Claude Cattelain.
Quand je me rends aux expositions sans avoir été présente au vernissage, j’ai toujours l’impression d’avoir raté quelque chose. Les objets ayant servi à la performance et l’éventuelle vidéo tournée ne suffisent pas, malheureusement, à remplacer les sensations que l’on éprouve au moment où l’action se fait.
La performance au BBB se déroulait tout au long de la soirée et le protagoniste était l’artiste lui-même, au milieu des poutres en bois et lattes en métal, ainsi qu’à quelques néons. Le titre de la performance, Armature Variable, explique très bien le concept à la base de l’oeuvre: il s’agit d’une véritable charpente de bois et de métal que l’artiste bâtit au hasard au milieu de l’espace d’exposition. Les éléments forment une architecture éphémère, tenant les uns sur les autres en équilibre instable. Parfois la structure s’écroule, comme au jeu des dominos, mais l’artiste recommence, opiniâtre, son œuvre.
Le public était ravi par cette performance et parfois intervenait en attirant l’attention de l’artiste sur un élément qui basculait et qui était sur le point de tomber. Je me suis retrouvée, moi-même, à marcher tout doucement pour éviter d’émettre une vibration dangereuse sur le sol!
Ce qui m’a aussi fascinée était l’attitude de l’artiste, qui, au milieu des éléments de construction, paraîssait petit, fatigué, obstiné. En effet, le coeur de cette performance est là, l’effort physique de l’artiste et son imperturbabilité. Comme dans “From sand to dust”, vidéo également présente dans l’exposition, Claude Cattelain se retrouve à accomplir une action fatigante et inutile, en attirant l’attention sur le processus et non pas sur l’oeuvre accomplie.
Tout comme un Sisyphe moderne qui réalise sa vaine entreprise et, chaque fois, réitère la punition divine qu’il a reçu pour son arrogance vis-à-vis des dieux.
Stratégies des espaces
Séquence #1
jusqu'au 7 avril 2012
bbb, centre d'art | centre régional d'initiatives pour l'art contemporain
96 rue Michel-Ange 31200 Toulouse
05 61 13 37 14 [email protected]