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Il existe une longue tradition de comiques juifs.
Aux Etats-Unis bien sûr, avec Woody Allen, Jerry Seinfeld ou Lenny Bruce, symboles de l'humour juif ashkénaze mais aussi de ce type si particulier qu'est le stand-up: un homme capable d'amuser pendant près de deux heures dans une sorte de conversation avec son public.
En France, les spectacles comiques juifs ont (malgré Popeck) été souvent attachés à l'imaginaire séfarade: Michel Boujenah évidemment, mais aussi dans une moindre mesure Elie Semoun ou Elie Kakou, sans compter ce monument d'euphémisation du judaïsme d'Afrique du Nord qu'est La Vérité Si je Mens.
Gad Elmaleh est un cas à part: il rentre bien sûr aussi dans ce schéma du juif séfarade un peu désorienté lorsqu'il arrive dans une contrée froide et (apparemment) peu accueillante et il a joué dans la deuxième version de la "Vérité" ("C'est la porte ouverte à toutes les fenêtres" est devenue culte...).
Mais Gad Elmaleh a évolué dans ses derniers spectacles vers un mode comique plus proche du stand-up américain. Plus éloigné de ses origines dont il ne fait plus un fond de commerce ressassé à longueur de spectacle. Bref, un véritable artiste qui sait se renouveler.
Mais ce qui est aussi paradoxal, c'est que Gad Elmaleh est peut-être le comique juif (toutes catégories confondues) qui a la connaissance la plus approfondie de ce qu'est le judaïsme en tant que mode de vie et pratique religieuse.
La preuve ? Ce spectacle inédit (à mon avis donné au Zénith pour Méir Panim) dans lequel le sketch de la comptine prend un tour très particulier: qui eut cru que la Guemara, Rachi ou Rabbi Elazar ferait un jour une incursion explicite (et non plus implicite comme dans tout humour véritablement juif) dans un one-man show comique ?