Grâce à Patricia Dorfmann, on peut voir, de temps à autre, le travail de Michel Journiac et c'est de nouveau le cas jusqu'au 25 février : si certains de ses thèmes ont surtout un intérêt historique aujourd’hui (en particulier ceux liés au tabou de l’homosexualité), son rapport au corps et à la famille reste très actuel, et la dimension religieuse de certaines des pièces de l’ancien séminariste retrouve une nouvelle pertinence.
Michel Journiac, Oedipus Rex, 1984
Oedipus Rex est bien sûr le nom de cette sculpture familiale de trois squelettes, père assis, mère couchée, fils pendu, tous figés dans un blanc purificateur qui les statufie. Mais seul le fils a une ombre… A côté, les compositions très connues de l’Hommage à Freud, où Journiac se déguise pour ressembler de manière troublante, ici à son père, là à sa mère.
Si cela semble un peu trop simplistement freudien, on peut aller plus loin avec le travestissement : Greta
Michel Journiac travesti en Dieu / Journiac / supplicié
Garbo et Rita Hayworth sont de merveilleux modèles pour franchir la ligne de l’ambiguïté (Piège pour un travesti) et aller ensuite vers les pénis greffés sur les Mariannes républicaines de Totem du pouvoir - La République, pièce déjà montrée ici.
Que Journiac se travestisse en Dieu ou, tautologiquement en lui-même, passe encore, mais quand il devient supplicié, hérissé de clous, un Saint Sébastien moderne, non plus icône gay,
mais témoin de la barbarie, on se sent davantage troublé. A côté, sur le bras d’un jeune homme dans une photo en noir et blanc, un triangle qu’on ne peut qu’imaginer rose… (mais, comme chacun sait, les homosexuels français n’ont jamais été déportés)Photos de l'auteur. Michel Journiac étant représenté par l'ADAGP, les reproductions de ses oeuvres seront ôtées du blog au bout d'un mois.