Il y a quelque chose d’agaçant dans le micro-drame Orangina; à chaque fois qu’un micro bad buzz émerge, on ressort (en France) les marronniers autour du code d’éthique du “community manager”, sa vie et son œuvre. Ou plus exactement on ressort la guéguerre entre l’agence de pub qui donne des leçons à la terre entière (Fred & Farid, et ils ont bien raison : qu’attendent les autres pour exprimer une vision ?) vs les agences “Social Media” qui voient d’un très mauvais œil l’arrivée dans un business autrefois proche du pré carré de monstres qui puissent contrôler toute la chaine, de la production à la propulsion.
Mais là n’est pas le vrai sujet à mon sens. Je le répète à l’envie : le métier même de “community manager” est une aberration puisqu’il s’agit à terme d’une fonction d’entreprise intégrée. Voir à ce propos la page 18 du rapport du Community Roundtable.
Imaginez un monde sans Facebook et sans Twitter (si si , 5 minutes pour voir) : que ferait le “community manager” de ses journées ?
- il n’écrirait pas sur le blog corporate de l’annonceur puisque les équipes éditoriales le feraient
- il ne modèrerait pas non plus les commentaires puisqu’a priori des technologies Anti-Spam sont en place et que pour tout autre sujet appelant une réponse, ou l’auteur du post répondrait ou
- il n’orchestrerait pas non plus la stratégie de contacts de la marque dans d’autres réseaux sociaux puisqu’il existerait un marketing digital et qu’il serait simplement chef de projet (ce n’est pas un mal d’être chef de projet, je vous assure)
- il ne remonterait pas les insights des conversations en ligne, tâche donnée à un analyste ou à un planner digital
- il n’inviterait pas ses nombreux amis à venir à des événements, car un service RP travaillerait à identifier les meilleurs influenceurs / individus à venir assister à l’event
- il ne participerait pas au développement de nouveaux produits puisque les product managers sont en train de s’équiper de nouveaux moyens d’idéations
La liste pourrait s’étendre à l’infini : le “community management” est un pan du social media qui s’injecte dans des pratiques pré-existantes.
Je suis très remonté contre les écoles de communication (notamment) qui se mettent à proposer des formations de community managers alors que trouver de bons chefs de produits est encore trop rare.
Je trouve ça hallucinant de faire croire notamment aux profils nouveaux entrants que les profils de community managers sont voués à être les décideurs de demain : c’est faux, les community managers sont en termes de rémunération tout en bas de l’échelle, car ils n’ont ni un job stratégique, ni ne participent aux développements de leurs entités, ni n’ont de quoi exercer une quelconque autorité sur l’entreprise. Les community managers ont été pendant un temps le pansement d’une non remise en cause des chaines de valeur des entreprises. Ils ont été des jobs opportunistes côté agences pour se faire de l’argent là où les marques ne comprenaient plus grand chose.
Je trouve ça irresponsable ; un exemple tangible, là où les médias sociaux sont juste quelques années devant nous, aux US. Cherchez sur Indeed le nombre d’offres de community managers. Comparez avec les autres types de jobs gravitant autour du digital. Le terme même est en train de dépérir, parce qu’absorbé par les autres métiers. C’est un fait.