Les codes oubliés de l’élégance

color socks blue suit tote men style1 Les codes oubliés de lélégance

« L’effet le plus essentiel de l’élégance est de cacher les moyens.
Tout ce qui révèle une économie est inélégant. » Honoré de Balzac

Parfois des réminiscences de règles vestimentaires viennent s’immiscer dans un esprit indécis quant au choix cornélien de la tenue pour une occasion particulière. Ainsi, les codes de l’élégance ou plutôt l’idée que l’on s’en fait, font office de références auxquels il semble utile de se fier afin de ne pas commettre le faux pas de débutant. Puristes, néophytes ou réfractaires à la norme nul n’est censé ignorer la loi, du moins les grandes lignes.

Grandes lignes que voici :

Mauvais combo : carreaux/rayures ; bleu marine/noir ; marron/bleu ; chemise/cravate ton sur ton
Après 18h les chaussures doivent être noires. En aucun cas brunes (oui, car il semblerait que « a men never wear maroons »).
La pochette ne doit pas être assortie à la cravate
La chaussette doit être de la même couleur que la chaussure ou le pantalon.

L’étiquette…

L’esprit de ces codes nous vient notamment de l’Ancien Régime où l’étiquette aka la bienséance régissait la vie à la cour de François Ier et de ses successeurs. Le protocole monarchique et les usages explicités dans des manuels de savoir-vivre étaient destinés à parfaire l’éducation des jeunes gens ainsi qu’aux courtisans désireux de se démarquer. Rétablie sous Napoléon Ier, l’étiquette s’adapte à la nouvelle élite bourgeoise née de la Révolution de 1789.

Aujourd’hui, bien que relativement obsolète, quelques guides de « bonnes manières » paraissent de temps à autre, perpétuant ainsi la tradition. Ils théorisent le comportement à adopter dans nos sociétés modernes aliénées par les gadgets numériques et l’individualisme. Du buffet dinatoire au lit d’hôpital, le manuel de savoir-vivre se veut véritable notice de la courtoisie et du raffinement en toutes circonstances. Le paraître et le style vestimentaire sont des éléments cruciaux dépeints précisément dans ce genre d’ouvrages. Les conseils de base relèvent des premiers soins prodigués aux personnes qui reviennent de loin. Ainsi vous saurez que « une gourmette, quel qu’en soit le métal, n’est pas souhaitable, car elle évoque plus les bars de Toulon, qu’une mise de ville classique ».
L’ensemble des principes recommandent chaudement d’adopter une allure classique et de ne pas se retourner sur les élucubrations stylistiques des designers : « une variation de la mode, n’aura pour un homme, de répercussions que dans le centimètre de plus ou de moins dans la largeur du bas de pantalon ». La palette de couleurs pour la tenue de ville est restreinte : noir, brun, tons de gris ou bleus et éventuellement bordeaux. Les envies fantaisistes peuvent néanmoins se fixer sur la chemise, la cravate ou le nœud papillon où pratiquement toutes les nuances sont tolérées.

… et son détournement

Ces codes autrefois garants d’une certaine idée de l’élégance sont aujourd’hui contournés allégrement au 20^e degré par la rue et les podiums.
La sacro-sainte règle de la chaussette est récemment en passe d’être abrogée à coup de chaussettes roses, vertes et autres couleurs criardes qui rehaussent le plus austère des mocassins. En revanche, il est préférable de ne pas déroger à la règle avec des chaussures patinées. Quoi qu’il en soit une couleur unie est de mise.
Pour ce qui est des motifs, ils se mélangent depuis belle lurette.
Les normes sont une source d’inspiration. L’essentiel lorsque l’on veut les outrepasser est de le faire avec goût et de les adapter en fonction des circonstances.
Gare à ne pas trop jouer l’intrépide de l’étiquette car c’est l’étiquette qui risque de se jouer de vous.

Référence : Patricia de Prelle, Marlène de Wouters, Robert A. Remy, Le guide de l’étiquette et du savoir-vivre, Ed. Racine, Paris, 2001.